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Mise en bouche de quelques tendances en gastronomie.

Mise en bouche de quelques tendances en gastronomie.

 

Les mutations autour du Food sont de plus en plus présentes et on observe des phénomènes étranges qui font leur apparition sur les réseaux sociaux ou sites internet. Si l’envie de manger mieux et sain est au cœur des préoccupations du grand nombre, c’est parce que la sensibilisation autour des effets de la nourriture sur notre bien-être a bien fonctionné. La promotion des cinq fruits et légumes à consommer quotidiennement ou du lait parfait pour la santé des années 2000 laissent place au manger sain. Et dans ce domaine, la France est perçue comme un bon exemple tant dans sa consommation que dans sa production de produits bio.

Les nutritionnistes et autres diététiciens courent les plateaux télé. Les émissions culinaires envahissent nos écrans avec succès. Un réseau social américain nommé Tasty, consacré à la cuisine et dédié à la diffusion de vidéos culinaires essaie de s’implanter en France [1]. Plusieurs applications nous proposent de bien décortiquer les composants de nos assiettes afin d’ingurgiter en paix.

Les livres de cuisines se déclinent à foison autour de thématiques diverses. Du manger pour ne pas vieillir, manger pour ne pas avoir le cancer, manger pour pratiquer le sport ou manger pour maigrir…. les éditeurs ont trouvé le bon filon pour nous pousser à nous préoccuper de la recette la mieux adaptée à notre estomac.

L’argument Santé est donc largement mis en avant pour nous faire prendre conscience que tout ce qu’on fait passe par le prisme de ce qu’on mange.

Food et science.

Mais manger bien rime avec manger cher. Et puisque l’agriculture telle qu’elle est produite aujourd’hui ne suffira pas à satisfaire les milliards que nous serons demain sur terre, la science aussi se penche sérieusement sur la question de comment réduire la faim dans le monde. C’est avec beaucoup d’intérêt que nous avons assisté au décryptage du menu du réveillon concocté par le Chef Thierry Marx pour Thomas Pesquet dans son récent périple dans l’espace.

Un peu plus proche que l’espace, au Pérou, le Centre International de la Pomme de terre (CIP) a conduit un projet ayant pour but de cultiver des pommes de terre dans des conditions similaires à celles de Mars. Et cela a porté ces fruits. Les résultats préliminaires sont suffisamment positifs pour en déduire qu’une telle initiative sur Mars ne serait plus du seul domaine de la science-fiction.

Toujours dans le domaine scientifique existe une nouvelle tendance nommée la Gastrophysique : Ce néologisme créé par un psychologue nommé Charles Spence décrit tout ce qui va contribuer à la valorisation d’un aliment, qui va le rendre attirant et décupler un genre de sensorialité jusque-là inexploité. « La gastrophysique finalement cherche à montrer scientifiquement ce que nous dictent l’intuition et l’instinct. »

Valoriser la gastronomie, loin d’être un phénomène nouveau est devenu l’affaire de tous. L’art de bien recevoir fait partie des caractéristiques importantes des français et les plaisirs de la table restent ancrés dans leurs pratiques festives. Selon une étude récente de l’IFOP , 94% des français aiment découvrir de nouvelles expériences culinaires, 75% accordent de l’importance à l’esthétique et 70% l’associent à un moment de partage et fédérateur.

Joyfood.

C’est dans ce contexte que le chef Thierry Marx et Badoit ont lancé le concept de la Joyfood : l’objectif est de promouvoir la notion de partage et bonheur autour des aliments qu’on consomme. Il y a l’envie de créer toujours du lien social et de ramener à la portée de tous la grande gastronomie. (Chez Badoit nous pensons que la nourriture peut être une véritable source de joie. Que si l’on s’attache à mettre du bon, du beau et un peu de surprise dans son assiette et dans le cadre qui nous entoure, on offre à soi et à ceux qu’on aime, un petit supplément d’âme et de joie) . Cela n’est pas sans rappeler l’idée du réseau social Tasty qui se veut un lieu où la gastronomie est associée à un mouvement de Loisirs créatifs.

Ainsi on voit déferler toute cette mouvance chez des personnes qui veulent faire de la bonne et aussi belle « bouffe ». Ceci dit, la notion de partage du « moment de repas » peut parfois prendre une tournure un peu plus extravagante sur des plateformes digitales à travers le MukBang (meokbang en coréen), phénomène qui vient de la Corée du Sud.

Mukbang.

Oeuvre "la divine comédie" par l'artiste JBC - LE GRAND 8 DE L'ART URBAIN 2017- ©No Fake In My News

Ce terme vient de la contraction de Muk (en coréen meokneun qui veut dire manger) et Bang (en coréen bangsong qui veut dire diffusion) [2] . Il s’agit de la diffusion en ligne de personnes entrain de manger de grandes quantités de nourriture tout en interagissant avec un public via des espaces de discussions. Le phénomène est devenu complètement sociétal. Il y a des spécialisations dans la dégustation : manger épicé, manger vite et de manière bruyante, répondre à des challenges posés par des fans esseulés etc… Ces performeurs de la nourriture peuvent être rémunérés sous forme d’une monnaie virtuelle convertible ensuite en dollars, en acceptant des dons ou en s’associant à des réseaux publicitaires (C’est par exemple le cas de Park Seo-Yeon qui gagne grâce à cela environ 9 000 $ par mois).

Mais le plus drôle, ce sont les nombreux internautes qui assistent à ces scènes: une tendance voyeuriste qui traduit d’une part une obsession littérale pour les aliments, de l’autre part, l’expression d’un fléau qui affecte la société sud-coréenne : la solitude si dévorante qu’elle pousse à être accompagné virtuellement pendant les moments du repas.

Le « social eating ».

C’est pour répondre à ce besoin de visionnage que le site de streaming en ligne Twitch s’est mis à la page avec le lancement d’un espace dédié appelé « social eating », même principe que le Mukbang Coréen, la transaction financière en moins.

A la question « Qu’est-ce que le social-eating » ? On peut lire sur le site de Twitch : c’est l’art de partager un repas avec votre communauté… L’esprit de l’alimentation sociale est donc moins concentré sur l’acte de manger et plus sur un sentiment de camaraderie et d’inclusive. Son but principal est de profiter de la nourriture dans un cadre social, tout comme aller dans un restaurant avec des amis, en offrant des divertissements interactifs autour des repas pour tous ceux qui regardent.

Mais pour l’instant en France, « la sauce » social eating ne prend que légèrement en terme d’audiences. Le phénomène MukBang ne fait pas encore trop d’adeptes et espérons qu’il ne prospère pas plus. Ce serait peu appétissant d’assister en direct à la dégustation bruyante d’une tête de veau ou d’un bœuf bourguignon, aussi goutteux qu’il soit. Car n’oublions pas que la gastronomie française fait partie des meilleures au monde et qu’elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

D’aileurs, avec une variété de saveurs et une richesse dans les produits de terroir faisant saliver d’autres pays, l’art culinaire français sera à l’honneur du 18 au 21 mai au Grand Palais à Paris pour la troisième édition du festival « Taste of Paris ».

Affiche du festival des chefs "Taste of paris"

Cet événement explore tous les contours de la gastronomie : dégustation, ateliers de cuisine, rencontre avec des chefs, un marché étendu sur 1000 m2 qui mettra en valeur des produits les meilleurs. Nul doute, l’honneur des mets sera sauf.

A table chefs !

Vilédé GNANVO

Sources :

[1] « Les bonnes recettes de Tasty » ; Alexandre Piquard; Le monde – Economie et Entreprise du p8.
« Kiss Kiss Mukbang » ; Axel Cadieux; Society du 19/08/2016 p22
[2] https://en.wikipedia.org/wiki/Mukbang
http://www.slate.fr/story/120475/social-eating-se-filmer-en-train-de-manger

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