Focus street-art

L’art et l’engagement

L’art et l’engagement

L’association ART’MURS ne se contente pas de promouvoir l’art urbain. Elle a dès sa création eu le désir de s’investir auprès de structures ou institutions qui interviennent dans divers domaines, afin d’optimiser la prévention sanitaire, la sauvegarde de la biodiversité, ou encore l’assistance à une population fragile.

Dans le cadre d’un mois d’octobre dédié, elle rosit pour sensibiliser sur le cancer du sein, en participant avec l’artiste M’SIEU BONHEUR à « l’art pour contrer le cancer » entrepris par Femmes de cœur d’espoir. Lors de cette journée, l’artiste fera un live painting. «Son œuvre sera proposée à la vente en soutien à l’association organisatrice : 50 % du prix de vente leur sera alors reversé en guise d’appui pour les actions de prévention du cancer du sein ».

Car comme le rappelle L’Institut National du Cancer, « Le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment observé chez les femmes en France, comme dans l’Union européenne et aux États-Unis… S’il est dépisté à un stade précoce, la survie à 5 ans est de 99 %. ». Il n’est donc jamais vain de rappeler que toute action visant à sensibiliser constitue un apport important dans la lutte à mener pour réduire les risques de développement de la maladie. De simples gestes de palpations suffisent parfois à détecter une anomalie. L’incitation à réduire la consommation d’alcool est tout aussi salutaire.

Graphique sur les chiffres du cancer

Cette préoccupation de sensibilisation s’inscrit tout à fait dans les ambitions qu’Art’Murs, n’a eu de cesse de concrétiser en accompagnant des causes qui contribuent à un mieux-être collectif.

Petit rappel des faits

Son inauguration en 2018 a eu lieu dans les locaux du Secours Populaire IDF. En 2019, elle était aux côtés de l’EFS et l’association Noé pour monter l’expo « A.O.B – l’Art Œuvre pour la Biodiversité ».
                                   
                                       Lire aussi : A.O.B : L’expo qui concilie esthétique et éthique

Durant la pandémie de covid et les 2 confinements qui ont suivi, elle a mené entre autres, le projet solidaire Re-Naissances via une exposition virtuelle. Les recettes des œuvres vendues élevées à 22 585 euros avaient été intégralement partagées entre les artistes et le Secours Populaire IDF.
                                   
                                      Lire aussi : 11 mai 2020 : Tout repose sur le strict art…de mettre le masque

Qu’elle le fasse de manière virtuelle ou physique, l’association Art’MURS collabore avec bon nombre d’artistes également investis dans les problématiques qui invitent à des prises de consciences. Un large aperçu de leur travail est par ailleurs disponible sur la toute nouvelle boutique développée en ligne.

Samedi 28, elle sera présente, aux côtés de M’sieu Bonheur pour une après-midi marquée par des animations culturelles festives, et l’intervention d’un oncologue. L’événement se déroulera à la Maison pour tous Youri-Gagarine, 11 avenue du 1918 à Champigny-sur-Marne . 

L'art contre le cancer

Vilédé GNANVO

Plein Champ : le festival laboureur d’art urbain au Mans

Plein Champ : le festival laboureur d’art urbain au Mans

Du 1er au 3 juillet 2022 a eu lieu le festival d’arts urbains Plein Champ au Mans.
Créé en 2019, ce festival a réuni plusieurs artistes qui ont œuvré durant tout un weekend au parc du Gué de Maulny, dans le centre-ville et dans les quartiers .

Implanté en plein milieu du parc, un cube de 7,5m x 7,5 représente les fresques de 4 street artistes. Il a été réalisé dans l’optique de la célébration du centième anniversaire des 24 heures du Mans, et sera transporté sur le circuit en 2023. On peut voir sur les quatre faces les œuvres signées SETH, invité d’honneur de cette quatrième édition, BKFoxx , IOTA et Spear.

Tout comme pour les éditions précédentes, les réalisations du festival ne sont pas  limitées au parc. De nouvelles fresques ont été peintes dans le centre-ville et sur des façades d’immeubles dans des quartiers où l’action culturelle de la ville vise à tirer parti de l’art urbain pour sensibiliser, informer et inspirer les jeunes. D’autres seront réalisées au cours de l’année et intégrées à un parcours de découverte,  à l’image de l’anamorphose « Rabbit Hole »  de SETH en centre-ville , la fresque « Tourelle de la plate » du street artiste brestois Wen2 dans le quartier des Sablons , « Les coccinelles » de War! . Plein Champ se déploie également à travers d’autres réalisations, des expositions, des ateliers participatifs, des concerts…

 

Au-delà de l’esthétisme, l’art est un moyen privilégié pour mettre le doigt sur les problèmes de la société. Ci-dessous, quelques-unes des œuvres réalisées durant ce festival. Certaines appellent à une reconnexion physique ou spirituelle avec la nature quand d’autres mettent l’accent sur l’urgence de sauver la biodiversité. Les artistes utilisent pour cela un large éventail d’outils et de techniques pour nous lier à la beauté. Tous ont en commun le souci de sensibiliser à une cause ou de mettre en avant une certaine vision du rapport de l’Homme à son environnement.

 

Désarmant!

« Écriture infinie » : œuvre de l’artiste Akelo avec la symbolique forte de la transmission. Le savoir permet de relever la tête, de montrer une affirmation de soi avec la notion de progression dans le mouvement des visages.

C’est un cycle de vie, on rebondit et on relève la tête, avec le signe d’infini, que forment les tresses ♾. On trouve la source d’énergie pour rebondir, grandir et se reprendre dans la sagesse et dans notre propre expérience.

Akelo

Ecriture infinie par Akelo - Festival Plein Champ 2022 au Mans - ©No Fake In My News
Oeuvre réalisée par SMOKA - Festival Plein Champ 2022 au Mans - ©No Fake In My News

Avec Supa Smoka, le spectateur est invité à réagir. Mains actives  sur des visages aux regards captivants … émotion interrogative garantie !

J’ai souhaité travailler autour d’expressions fortes exprimées par le visage. Les grimaces me semblaient être le choix idéal afin de susciter une réaction chez le spectateur. La surprise chez certains, le rire ou même l’indignation, j’ai apprécié écouter les passants partager leurs émotions devant le mur. Les visages et les mains s’entremêlent pour composer une image surréaliste, appuyée par les couleurs saturées et lumineuses

Supa Smoka

L’artiste Naga met lui le doigt sur notre petitesse sur terre. Le déchainement de la nature met l’homme face aux conséquences de ses activités qui participent de son autodestruction.

Je travaille beaucoup sur la vanité, le fait que nous sommes que de passage, la nature représentée par les fleurs reprend ses droits. La Flèche représente l’objet de l’homme, nous sommes notre propre cause de notre extinction… Je sais que ce n’est pas très joyeux mais je parle en général de ce thème dans mon travail, j’essaye de donner une beauté à tout ça, une poésie.

Naga

Oeuvre réalisée par NAGA - Festival Plein Champ 2022 au Mans - ©No Fake In My News
Truite de rivière - réalisée par TEUTHIS au festival Plein Champ 2022 - ©No Fake In My News

Quant à Teuthis , il essaie de nous faire prendre conscience de notre responsabilité, l’impact humain restant le principal contributeur à une extinction de masse. L’esthétique visuelle n’en demeure pas moins explicite quant aux dégâts causés.

Il s’agit d’une truite qui lutte pour sortir des déchets, malheureusement une représentation de la réalité, c’est un des poissons qui morfle le plus dans les rivières françaises. J’aimais bien le contraste entre la beauté des poissons multicolore et les déchets en nuances de gris.

Teuthis

La combinaison art et sensibilisation via ce genre de festival  pousse les spectateurs à faire face aux réalités du dérèglement climatique ou de l’exploitation des ressources naturelles . Nous nous interrogeons sur des systèmes auxquels nous participons tous, directement ou non. Plusieurs autres œuvres ont retenu l’attention en ce sens, avec des symboliques fortes. Parmi elles, celle de Rouge Hartley, Licea , Olivia Paroldi , Insecte , STOM500Kogaone  ou encore Lapin Blanc .

Enfin, c’était un bonheur particulier de retrouver  la puissance des regards  (ici avec DUA) sur le mur  peint au pastel à l’huile par Emyart’s . Une artiste riche d’un parcours pluridisciplinaire, d’une spontanéité dans la démarche créatrice que j’ai eu le plaisir de longuement interviewer en juillet 2021 … et dont je n’ai pas fini de parler.

Oeuvre réalisée par EmyArt's - Festival Plein Champ 2022 au Mans - ©No Fake In My News

Gainsbourg et cætera…

Gainsbourg et cætera…

Cette exposition proposée depuis le 27 février à la Galerie OneTouTou examine Gainsbourg sous plusieurs facettes: sa musique, sa créativité, et sa singularité. « Une quarantaine d’artistes (peintres, pochoiristes, illustrateurs, dessinateurs, photographes…) ont contribué à l’événement pour rendre hommage au chanteur, parolier, musicien…à l’occasion du 30e anniversaire de sa disparition. » [1]

Créativité et engouement

Disposées dans 3 salles dont les stands annexes de la galerie située au stand 122 du Marché Dauphine, les œuvres invitent à entrer dans une ambiance rétro des années quatre-vingt à travers photos, illustrations, peintures, dessins, pochoirs… Ce choix de répartition physique permet « d’avoir l’espace d’aération nécessaire pour apprécier les œuvres exposées, d’autant que la distanciation physique est plus que jamais de rigueur » [2]

Cette figure provocatrice loin de faire l’unanimité était parfois conspuée pour les valeurs qu’il véhiculait. Pour autant, en matière de perception, les artistes qui lui rendent hommage ici semblent avoir en commun, les indicateurs positifs d’appréciation de sa personnalité : un esprit engagé et transgressif mis en avant pour mieux cacher une sensibilité à fleur de peau.

Chacune des créations y va de la réimagination d’un Gainsbourg prompt à aller à rebours du système établi. Elles explorent aussi  la thématique de la liberté de ton. Ni les instruments dont ils se sont emparés, ni les couleurs, et encore moins les supports des œuvres ne figent le visiteur dans un passé ou une nostalgie, tout reste dans l’air du temps.

Capturées à plusieurs reprises par le photographe PierreTerrasson , les créations examinent la complexité du chanteur poète , avec sa personnalité à double tranchant collant à ceux qui « consument» la vie. Les affinités entre la peinture et la photographie se mesurent dans les collaborations d’un Yarps « fan depuis toujours de Gainsbourg » qui s’empare des photos pour en présenter des déclinaisons en pochoir.

Sont également proposées en clin d’œil musical, des réalisations sur disques vinyles, ou encore des portraits de l’artiste « clope au bec » (par exemple les pochoirs sur toiles  de Mr.Lolo ou Diane ), cet élément indissociable du personnage à une époque où fumer sur un plateau de télé était monnaie courante.

En parlant de monnaie, d’autres comme Carole b. dévoilent une création en prenant pour base la matière « argent » à l’origine de l’un des actes les plus controversés de Serge Gainsbourg qui avait effrontément brûlé le billet de 500 Francs en direct à la télévision.

Une « vielle canaille » représentée par Crey132 dans une toile réalisée à la bombe et qui ressemble à s’y méprendre à une photographie tant elle capture techniquement la lumière. Quant à Mélissa Perre , elle souligne l’imbrication constante entre vie privée et vie publique de l’artiste multidisciplinaire, avec la production d’une toile sur ardoise, « Jane, à la folie » réalisée à la gouache et acrylique, entièrement peinte à la main. Cette toile montre le couple ainsi formé pendant un certain temps,  artistiquement et intimement.

Mon focus!

Je retourne ma veste - Par AKELO - ©nofakeinmynews.com
Pour ma part, j’ai trouvé qu’il y avait de très belles pièces proposées dans les 3 trois salles. Je me suis un peu plus attardée sur « Je retourne ma veste », magnifique peinture réalisée à l’huile sur un support en bois par l’artiste Génia Akoulova, akka Akelo , et qui m’a livré en mini interview quelques mots sur l’œuvre, sa motivation à participer à l’exposition et son morceau préféré. 

Jean Yarps m’a invité à participer à cette expo extraordinaire, car il a beaucoup aimé mon travail sur l’hommage à Pedrö! de Belleville et j’en suis très heureuse.
J’ai choisi cette forme en référence aux icônes qui se plient, pour souligner ses racines russes juives. (Ses parents parlaient russe à la maison et ont été chrétiens orthodoxes). Pour moi Gainsbourg c’est un poète, un ménestrel, d’où sa chemise un peu Botticelliène ».
Mon morceau préféré c’est “le boomerang” mais j’aime beaucoup plein d’autres. Je pense que mis à part son véritable talent pour l’écriture, sa capacité de s’approprier toutes les musiques du monde et en faire des choses originales, le fait qu’il est inclassable me plaît beaucoup

Akelo

ETC…

Assez peu interessée dans les années 80  par son style musical, je suis restée bloquée sur l’image d’un homme dont les coups d’éclat médiatiques m’exaspéraient. Je n’ai donc jamais cherché à explorer l’étendue du talent de Serge Gainsbourg.

Pour autant, l’hommage rendu par la quarantaine d’artistes qui se sont investis dans cette expo ne me laisse pas de marbre. Car de part l’éclat, les couleurs et les messages qui caractérisent les œuvres exposées, une connexion évidente semble s’être faite entre le chanteur décédé et ceux qui le célèbrent, révélant un engouement profond pour son univers, sa personnalité et la façon singulière par laquelle il a marqué une époque.

Vous l’aurez compris, en y allant, votre regard s’arrêtera forcément sur plusieurs objets d’art dont la densité donne une dimension poétique à l’expo, riche d’une programmation éclectique. Vous pourrez feuilleter des ouvrages dédiés, repartir avec des pièces disponibles et accessibles à tout budget, ou encore assister à des performances live.

Vilédé GNANVO

Pour plus d’informations

L’expo, se déroule tous les samedis, dimanche et lundi de 10H à 18H , jusqu’au 18 avril 2021 !
Lieu : Galerie OneTouTou (actuellement occupée par Yarps, Reyol Enjoy et la plateforme We Need Art)
           (stand 122) Marché Dauphine   132-140 rue des Rosiers
           93400 Saint-Ouen

Sources 
[1] Dossier de presse de l’expo
[2] @anna_panam_

2020: Année Anti Tout !

2020: Année Anti Tout !

Sur fond d’une pandémie aux conséquences chaotiques , 2020 fut aussi l’objet de grandes contestations dans le monde. Qu’il s’agisse des mesures sanitaires liées au virus, de la mort de Georges Floyd et son impact sur les élections américaines, de l’explosion du port de Beyrouth ou des incendies ravageurs en Australie, tous ont déclenché des réactions de remise en cause de l’ordre social, économique ou politique en place, relayées par les artistes.

Dans cet article, j’ai choisi de faire ressortir cette question du rejet, en explorant les comptes Instagram de street artistes des 5 continents, et en sélectionnant des œuvres témoins de cette année qui aura anéanti bien des projets.

Bénin, Togo, Sénégal

Graffiti et street art ont toujours contribué à une part importante dans les faits sociaux ou politiques. Les collaborations entre les artistes africains pour asseoir cette discipline portent leurs fruits au fil des ans. Comme évoqué dans un article précédent , la crise du Covid a été pour beaucoup l’occasion de servir de canal d’information sur la nécessité d’adopter les bonnes mesures. Il n’a donc pas été étonnant de voir comment ont été relayées en images, les mesures de prévention, parfois avec l’appui des institutions sanitaires pour alerter et tenter de contenir au maximum toute propagation de la pandémie et ses conséquences.

Le choc des disparitions dès le mois de mars de deux géants issus du continent, Manu Dibango et Pap Diouf, emportés par le Covid (mis en hommage ici au Cameroun et au Ghana) a été dur à encaisser.

Dans plusieurs pays africains, les graffeurs ont très tôt compris les rôles pédagogiques qu’ils pouvaient jouer dans la lutte contre le virus, en créant des murs explicitant les consignes sanitaires.
Au Bénin, Stone et les membres de l’association Assart ont créé des fresques de sensibilisation.
Au Togo, leurs acolytes du collectif Logone Graff Crew se sont aussi mobilisés pour communiquer sur les pratiques à mettre en place afin d’atténuer la diffusion du virus, et soutenir le personnel médical.
Du Coté du Sénégal, un gros travail a été également réalisé  par RBS Crew  qui s’est mis  « au service de la santé publique  » et a « participé artistiquement à l’effort de conscientisation  » . Tous ont mobilisé leur énergie pour aider à la  sensibilisation afin de  réduire la pandémie à son minimum de nocivité.
En mettant un peu de couleur dans le morose des états d’incertitudes, ils ont aussi signé leur refus de voir se concrétiser les prévisions alarmistes projetées sur un continent pointé du doigt  comme « matériellement » sous doté en structures médicales et qui n’aurait pas pu faire face aux conséquences dévastatrices de la pandémie.

Murs ASSART 1 & 2   /  Murs L.G.C 1 , 2 , 3 , 4   / Murs RBS Crew 1, 2  , 3

La France

Cette impuissance redoutée est allée en grandissant dans le monde entier et les Européens n’ont pas été plus épargnés.
En France, la guerre a été déclarée à la pandémie. Le yoyo de communications, les atermoiements des autorités sanitaires, les discours contradictoires assénés par les experts ont achevé de consolider une certaine défiance à l’égard de toute parole légitime. Le « quoiqu’il en coûte » du Chef de l’État résonne comme une provocation aux oreilles de catégories socioprofessionnelles qui redoutent les conséquences d’une inévitable casse sociale. Les neuf mois de pandémie écoulés n’ont pas vu la situation s’arranger. Les ordres de confinements – déconfinements – couvre-feu catalysent les colères d’une partie de la société. Les timides contestations des mesures sanitaires du début ont viré à la remise en cause de leur bien-fondé. La deuxième vague est passée par là. On nous prédit une troisième après les fêtes. L’heure n’est plus aux applaudissements pour soutenir le corps médical mais à des slogans appelant à desserrer les vis dans plusieurs corps de métier. La réduction des activités de ski, la fermeture des commerces et des restaurants  ou l’arrêt du monde culturel font redouter le déclin du pays. 
Les appels à « lâcher du lest pour vivre » ou les hashtags comme #noussommesenguerre, #libereznous,  #laisseznousrespirer #restonsouverts … se sont multipliés, certains apparaissent dans la rue sus forme de tags, d’autres font l’objet de création artistique.

Murs OZANA 1 et     Aux Alpes  /  SUNRA

Sur le plan sécuritaire, le décryptage social fait par les artistes, reflet des contestations est implacable. Des reproches visent certains policiers dont la brutalité défrayaient la chronique à longueur de manifestations. Berthetone et le crew TWE prod  illustrent les dérapages dénoncés lors de simples contrôles d’identité.
L’article 24 de la loi sur la sécurité globale  proposée fait déborder le vase. Il  est remis en cause par beaucoup de personnes car considéré comme liberticide.  « Floutage de gueule », une autre expression qui est très présente.  Les journalistes se mobilisent contre les restrictions de la liberté de presse.
La plateforme activiste et engagée HIYA! lance un appel à la création autour du mot clé  « Marianne pleure ». Des artistes y répondent en proposant leurs visions de cette loi . Objectives ou pas, elles ont pour but de d’éveiller les consciences, parfois jusqu’à la caricature assumée, interpeller, rétablir un dialogue, entamer la conversation, provoquer les débats, dessiner de nouvelles perspectives, être écouté, être entendu. Contre-pouvoir incontestable, l’art se positionne de fait en dissident politique. 
Le tabassage du poducteur de musique Michel Zecler révélé par le média Loopsider vient étayer ces soupçons d’abus de pouvoir de la part de certaines forces de l’ordre !

Pochoir 1  /  BerthetOne   /  Miaoutoo    Djalouz   /  ChetOne   Goin

Le parallèle à faire avec les États Unis est immédiat.

Etats Unis

Il n’en fallait pas plus pour revivre une séquence bien plus funeste survenue quelque mois plus tôt à Minneapolis, plongeant ce pays dans une vague de protestations, prémices de contexte électoral tout aussi houleux : la mort de Georges Floyd.

Le 25 mai 2020, ce noir américain meurt lors de l’interpellation d’une police jamais avare en oppression quand elle se complaît à se croire menacée. L’indignation provoquée par les images diffusées est planétaire. L’événement a déclenché des émeutes qui pointaient le ras-le-bol d’un système de discrimination,  et la forte envie d’en finir avec le mandat du président en place, un ignorant pour qui le mot justice n’existe pas quand il s’agit des « minorités! ».
Le #blacklivesmatter  (réalisé ici en performance artistique dans 5 arrondissements de New York  dont un juste devant la Trump tower) qui en est dans sa septième année d’existence est cette fois propulsée au premier rang des nombreuses causes pour lesquelles il devient urgent de se prononcer. Des fresques sont peintes en hommage à cet homme pour lui rendre sa dignité. De nombreuses réalisations d’œuvres invitent à nommer ces dérives et crier fort les noms des victimes pour qu’elles ne soient pas oubliées. 

Donkeeboy     /     Face Me Por Favor     /     Hieroveiga

Les manifestations tournent aux émeutes, devant un président si égocentré, qui caresse ostensiblement la frange droite extrême de son pays. « I can’t breath » auquel répond  le #fuckyoutrump de DUGUDUS  enjambe le seul périmètre des derniers mots prononcés par George Floyd et devient l’écho d’autres ras-le-bol: du racisme institutionnalisé, du port du masque, du confinement, de l’exclusion, de Trump ! Les mots scandés font ressortir l’étendue de la crise de leadership politique à mesure que se rapprochent les élections présidentielles.

Une fois de plus, les artistes s’emparent de leur créativité pour inciter à aller voter massivement et mettent dans leurs réalisations le projecteur sur les inégalités de traitements qui persistent dans une Amérique divisée.
 
Dugudus    Nick C Kirk   /  crt.all.delete   Jules Muck        Lady Pink

Fresques, graffitis, tags ou street art ont mis en lumière des revendications qui secouaient une part de la population avide de voir la fin de 4 ans d’un pouvoir extravagant et inquiétant. Ce qui transparaît dans tous ces engagements, c’est la forte conviction d’aller à rebours des déclarations d’un président omnipotent pour qui le retour de bâton aura été jouissif . You’re fired! Le voeu de dégagisme semble exhaucé.

Liban

Cet espoir de dégagisme est caressé depuis plusieurs mois au Liban. Tout comme aux États unis, ce pays faisait face à des fortes contestations sociales depuis la fin de l’année 2019 sur fond de défiance envers toute la classe dirigeante.
Le désœuvrement et l’appel au changement  de la population sont relayés par des  artistes notamment via la participation aux projets de Art Of Change . Les oeuvres produites font ressortir  la détresse de toute une population qui se heurte à l’immobilisme d’une élite au pouvoir et corrompue. La désolation est là, le chaos et l’insurrection guettent.
Le Covid s’invite en début d’année et fragilise un peu plus des fondations vacillantes.

Le 8 août 2020, l’explosion dans un entrepôt du port de Beyrouth, poumon économique du pays vient doucher dans la capitale, les espoirs d’une accalmie entrouverte dans la période estivale. Le bilan est lourd :  plus de 200 morts et 6 500 blessés. Le sursaut de la population est relayé par une forte mobilisation d’artistes du monde entier pour ce pays.
Déjà très impliquée dans les manifestations, l’artiste activiste Hayat Nazer  réunit des débris de l’explosion qu’elle assemble avec des objets personnels collectés chez des habitants pour élever une statue. En faisant participer à ce mémorial les victimes de la tragédie devenues parties intégrantes de l’œuvre, elle concilie les symboles de la révolte et du courage de ce peuple prêt à se retrousser les manches pour tout reconstruire. 

L’artiste Mariam Hamieh a érigé un cèdre où sont énumérés les noms de disparus et où l’on vient déposer des bougies en signe de recueillement aux personnes disparues ou victimes de la tragédie.

Empreinte d’une tonalité plus tournée vers l’avenir, une fresque est réalisée par le trio EpS, Spaz et Exist,  pour honorer le peuple. En lettre capitale le mot HOPE et deux colombes géantes surplombent la ville de Beyrouth, symbolisant ainsi l’appel à la paix nécessaire dans ce moment de déchirement.

La résilience face à cette tragédie semble le seul chemin possible.

Nazer Hayat  /  Mariam Hamieh     /     EpS     /      Exist         ;SPAZ

De telles déflagrations dues à des erreurs humaines renforcent les résistances à pardonner à une classe politique défaillance .

Mais il est des situations où les responsabilités sont plus difficiles à établir de manière tranchée. Cela n’empêche  pas que les dérives soient dénoncées , ni que les responsables soient convoqués à rendre des comptes.

Et justement, il y a un coin de la planète qui n’échappera pas à la règle des remises en cause de ses décisions : l’Australie qui a subi des vagues importantes d’incendies ravageurs.

L’Australie

L’Australie a connu dès la fin de l’année 2019 et au cours de 2020 l’un des pires incendies qui a entraîné l’évacuation de populations entières, ravagé des millions d’hectares de forêt et provoqué une hécatombe en matière de faune et flore.

Une fois de plus, les gouvernants en place sont montrés comme responsables des dégâts causés. Il leur est reproché le laxisme face aux mesures nécessaires qui auraient pu éviter une telle catastrophe, mais aussi celles pour aider au sauvetage. Au sud et à l’est de l’île-continent, pas moins de 19 millions d’hectares de terrain sont balayés. La catastrophe aggrave le déclin des koalas amorcé depuis des années et provoque la mort ou la blessure de plusieurs millions d’autres espèces animales.

Avec des fresques engagées, des street artistes s’insurgent contre l’incapacité des décideurs à comprendre la gravité de la situation. Ils en appellent au changement et dénoncent le manque de vision et la mise en place de politique significative sur le changement climatique afin de protéger l’environnement.

La collusion du gouvernement avec des intérêts capitalistiques est aussi révélée comme une raison justifiant les colères cristallisés autour de la catastrophe naturelle. La classe dirigeante est assimilée à des « glandeurs », intrépides seulement quand il s’agit de servir leurs intérêts propres. Plus que contestée, elle est soupçonnée de fermer les yeux et de favoriser le lobby du charbon qui dicterait les politiques.

Tout en accompagnant ces positions de rejet de la politique menée, les artistes se sont mobilisés pour collecter des fonds et venir en soutien aux pompiers et autres intervenants qui se sont activés pour voler au secours de la biodiversité.
Ils se projettent dans une « une vision de jours meilleurs ». Des murs de Mort Murray, Andrew Gibbon ou encore Kaspersart sont ainsi réalisés pour ne pas désespérer d’une Mère Nature aussi capable de produire le meilleur.

2020 : An néfaste! – 2021: Année faste?

On peut dire que les points de divergences et les fronts de batailles étaient variés. De nombreuses créations ont participé au dispositif de revendication ou de contestation. Certaines sont éphémères mais leurs traces sur les réseaux sociaux seront témoins de ce qu’a été 2020, anéanti par bien plus qu’un virus.
Et je pense que sur beaucoup de plans, on lui a dit bye bye sans trop de regrets avec quelques signes de non-remerciement.
Fuck 2020 Image issue de @atr33
Hello 2021 – image issue de @atr33

Dorénavant, à travers la planète entière, on est collectivement conscient que tout peut basculer en un rien de temps dans un énorme gouffre d’incertitudes.

Les défis à relever pour redresser la barre et corriger le réflexe « anti » sont énormes.

Puisse cette année 2021 qui commence, permette à chacun de trouver une bulle d’harmonie pour se protéger au mieux des secousses, et éviter de tutoyer trop de précipices.

Vilédé GNANVO

Liens et sources

L’illustration du titre « 2020 Année Anti Tout / 2020 anéantît tout » a été réalisée par l’artiste MAX132 , membre de LATEULIER , collectif d’artistes spécialisés dans les arts visuels et art mural dit « Street-art ». 

De précieuses informations ont été recueillies sur les profils Instagram des artistes répertoriés tout au long de cet article.
Expression « Tutoyer les précipices » entendu au JT de France 2. 

Autres sources : 
Aubenas : un graffiti sur l’ancien hôtel de police qui interpelle
See tributes to George Floyd painted on walls worldwide
A Lebanese artist created an inspiring statue out of glass and rubble from the Beirut port explosion
Les graffitis créent une communication positive sur les droits humains au Liban
Australie : la colère des pompiers et des habitants
‘It’s important not to forget’ Australia’s black summer

 

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