États d’âmes

21 jours au Belize ou le mix parfait entre découverte, gourmandise et farniente.

21 jours au Belize ou le mix parfait entre découverte, gourmandise et farniente.

Ces trois semaines dans ce petit pays, (ancienne colonie britannique) niché en Amérique centrale ont été l’occasion de découvrir les diversités culturelles, environnementales et historiques. Entre saveurs exotiques et mélange de langues, Belize composé de plusieurs petites îles, et véritable paradis pour amoureux d’activités nautiques, m’a plongée dans un passé mystique où ruines mayas, temples imposants, faune et flore abondantes racontent un pan des différentes influences des civilisations qui ont façonné son esprit.

Des OH !…

A peine arrivée à l’aéroport de Belize City, l’effervescence des jours de découverte a été récompensée. Dans le taxi privé qui me cueille, le bonjour au conducteur était en anglais quand celui à la maman assise devant fut en espagnol, seule langue qu’elle parle alors.
Je rentre directement dans le décor d’un multilinguisme que je pratiquerai tout le long de mon séjour, au prix d’une gymnastique intellectuelle résultant parfois de « mots » de tête.
Autre objet de ravissement, la prégnance des origines du métissage des populations. Lors d’une promenade dans une boutique de vente d’objets locaux, et après les formalités de politesse, un dialogue s’instaure avec le vendeur :

Lui : Tu viens d’où ?
Moi : Je viens de France
Lui : Ah ok. C’est bien la première fois que je croise une Française comme toi… Euhhh oui, bon d’accord, mais tes ancêtres ? Ils viennent d’où tes ancêtres ?
Moi : Ah ok, oui je suis aussi originaire du Bénin, un pays d’Afrique de l’Ouest
Lui : Ah bah voilà, là je comprends mieux ! »

Cette petite conversation d’apparence anodine aura servi de fil conducteur tout au long de mon séjour pour comprendre la place qu’occupe au Belize la diversité des origines. Beaucoup de personnes se sont présentées et définies par leurs racines culturelles, gastronomiques et musicales tant le métissage est grand. Quasi tous revendiquant autant la place prépondérante qu’occupe le passé de leurs « ancêtres » que la fluidité totale dans laquelle s’exprime aujourd’hui le mélange entre anciens esclaves africains, autochtones des caraïbes, civilisations mayas, descendants d’anglais ou d’espagnols ou encore la communauté des mennonites. Le tout dans une joyeuse ambiance de récits alliant l’antique et le moderne.

Il y a aussi eu parfois de ma part la sensation de vide, ou plutôt, d’espace. Pas de foules se bousculant (à part pour monter dans les transports locaux), pas de brouhaha dans des espaces publics bondés de monde, pas de superposition de corps alignés sur le sable le long des plages comme des sardines entassées dans des boites de conserve.

Non, la sensation générale que je ressens est celle de disposer de tout l’espace et temps nécessaires pour profiter de chaque instant passé là-bas, loin d’une horde de touristes, malgré ce mois de février parfait pour ses températures idéales…

Et débats…

Idéales oui, mais c’était sans tenir compte de la pluie. Incessante qui aura réorienté bon nombre de mes envies. Quelle importance ? Après tout je suis en vacances, et j’ai surtout placé ce séjour sous le signe de la liberté, quasi totale : pas de location de voitures avec des contraintes de dates ou modalités de restitution, pas de programmes prédéfinis et figés. Je me réveille et ne fais que ce qui me donne envie, quitte parfois à m’aliéner de certaines activités touristiques « dites incontournables », qui nécessitent des inscriptions longtemps en amont. Ici, je suis en vacances, pas forcément pour faire du tourisme. Je n’ai pas couru les musées. J’ai souvent préféré m’asseoir dans des places centrales et discuter avec des personnes du pays. Les déplacements en bus étaient aussi parfaits pour ces rencontres qui ont été très riches, instructives quand bien même fugaces.

Pour autant, et je le précise, voyager seule dans une zone tournée vers le tourisme peut avoir quelques inconvénients : frustration de voir certaines visites souhaitées réservées aux seuls tours opérateurs, obstacles de dépendre d’excursions organisées par des agences qui ne proposent des activités qu’à partir d’un certain nombre de participants (au moins 2 ou 3), être tributaire de l’aléatoire des transports locaux pour la ponctualité, et les défauts de desserte entre certaines villes qui obligent à allonger les trajectoires.

Il y a eu surtout tous les petits clins d’œil qui font toujours sourire lors d’un déplacement à l’étranger. Parmi eux, certains standards de sécurité, comme cette installation électrique à Placencia, qui continue de me laisser sans voix…

Quelques vues

Ce constat général fait, je dirai que le séjour a été l’objet de découvertes de plusieurs centres d’intérêt incroyables, dont les images ci-dessous ne reflètent qu’une infime partie du ressenti sur le terrain. Aucune photo ne restituera fidèlement ni le vécu, ni la réalité. 

Le survol en avion pour admirer le grand trou bleu. Le fameux « Geat Blue Hole », cette grotte verticale de 124 mètres de profondeur et 318 mètres de largeur, située près du centre de l’atoll « Lighthouse Reef ». Faisant partie de la barrière de corail de Belize et considéré comme l’un des cinq meilleurs sites de plongée sous-marine au monde, il a été mis en lumière par les explorations du commandant Cousteau en 1971. Lors de ce vol en avion j’ai évidemment pu voir les atolls, et aperçu de haut une grande épave posée sur le récif.

L’exploration des sites archéologiques et les majestueuses ruines mayas. La cité de Xunantunich d’où peut s’observer la canopée depuis le sommet de la pyramide.

Plus petit, Cahal Puech avec ses labyrinthes, situé au sommet d’une colline au milieu de la ville de San Ignacio.

Sans oublier la traversée du New River où j’ai pu apercevoir quelques reptiles marins dont l’esprit malin n’a pas toujours permis d’immortaliser la présence par photo (tortues, iguanes, serpents, crocodiles, …) avant d’atteindre le site archéologique, Lamanaï.

De ces ruines, je suis restée fascinée par le mystère autour des traces ou légendes laissées par une civilisation. J’ai vu des singes hurleurs, des iguanes et autres animaux endémiques, objets artisanaux comme les poteries et les sculptures retrouvées lors des fouilles archéologiques dans les musées présents sur le site. 

J’ai fait des promenades dans la forêt tropicale lors de la visite de la réserve de Mountain Pine Ridge Forest et découvert la grotte Rio frio, les cascades (Rio on pools).

Durant mon séjour, un des éléments les plus importants a tourné autour des saveurs exotiques que j’ai eu à goûter (plats typiques comme le « rice and beans » cuits dans le lait de coco, les fry jack, les stew, l’escabeche, le ceviche ultra frais, les pupusas, les poissons et spécialités de mer). En plus des étapes dans des restaurants établis, mes papilles ont souvent été très sensibles aux spécialités culinaires typiques du Belize, que ce soit lors de promenades au marché, ou d’autres pauses ponctuelles en milieu d’après-midi.

Entre deux escapades ou trajets en transport, il y a eu, toujours, de grands moments consacrés au farniente, à discuter avec les personnes des villes ou villages, à se prélasser sur une chaise longue pour admirer le spectacle simple du coucher de soleil, écouter le bruit des vagues, boire une agua-coco sous les palmiers, observer l’engouement suscité par la danse des raies, attirées par les nourritures offertes par des guides en bordure de plage. Les séjours dans les îles paradisiaques de Caye Caulker ou San Pedro se prêtant à la relaxation étaient aussi de la partie.

Les flâneries urbaines étaient propices à la découverte de l’art et architecture présents sous différentes formes. J’ai pu aller à la rencontre d’artistes locaux à l’occasion du festival de Placencia, découvrir des fresques murales des villes des 6 différents districts du Belize, et visiter quelques galeries d’art.

Les maisons colorées font également partie des choses qui m’ont le plus marquées durant mon séjour.

Enfin, l’odeur de la saison tropicale avec la pluie qui vient juste de céder sa place à un grand soleil, n’est pas sans rappeler mon pays d’origine : le Bénin. La proximité entre les deux pays n’est pas qu’alphabétique. Plus d’une fois, j’ai eu l’impression de retourner dans mes souvenirs d’enfance. La faune et la flore, les rues pavées, certaines nourritures, (plats à base de riz et de banane plantain, de farine de mais), la décoration externe des maisons…

Petits conseils si vous y allez

Ce voyage a été une parenthèse heureuse en plein hiver parisien. Je finirai donc mon récit par quelques éléments qui pourraient aider les prochains aventuriers.

Sécurité : à part à Bélize City où je ne me suis pas attardée, je n’ai ressenti à aucun moment de danger à l’idée d’être une voyageuse solitaire. Du Nord au Sud en passant par quelques îles visitées, toutes les personnes croisées m’ont toujours assuré que les lieux étaient sans danger, même en pleine nuit. Ceci étant, la nuit tombant très vite et les rues étant mal éclairées dans des endroits ou villages souvent déserts, je n’ai pas non plus osé pousser le courage jusqu’à faire de l’auto stop…

Santé : munissez-vous de bombes anti-insectes. Les moustiques et autres moucherons ne rateront aucune occasion de vous piquer.

Respect de l’environnement : Belize est un pays très attentif à l’environnement, qui essaie de concilier tourisme et sauvegarde de la biodiversité. Régulièrement, des pancartes invitent à garder les rues propres.

Beaucoup de chiens errent dans les villes et aboient… les nuits ne sont pas toujours calmes pour dormir. Si vous rajoutez les effets du décalage horaire …

Transport : le mieux à partir de deux personnes, c’est de louer une voiture et faire le maximum des activités touristiques par soi-même. Ceci étant, les transports dans les bus locaux sont très peu chers. En 3 semaines j’ai pu visiter le pays du Nord au Sud, mais tous les sites d’intérêt ne sont pas facilement accessibles en mode globe-trotteur. Belize City, Belmopan ou San Ignacio sont des villes qui peuvent desservir plus régulièrement d’autres villes en bus. Belize city, San Pedro et Caye Caulker le sont pour les parcours en bateau ou en avion.

Météo : il a plu quasiment tous les jours de mon séjour alors qu’on n’était plus en saison de pluie. Mais les averses duraient rarement longtemps. Mieux vaut néanmoins toujours avoir sur soi un imper ou un parapluie.

Argent : Le dollar bélizien vaut la moitié du dollar américain. Les deux monnaies sont acceptées dans quasi tout le pays. Attention néanmoins à une chose : à plusieurs reprises, certains commerçants ont refusé de prendre les billets de dollars US car ils étaient très légèrement déchirés ou vieux ou froissés. Faites donc très attention à tout vérifier quand on vous rend la monnaie en US dollars.

2020: Année Anti Tout !

2020: Année Anti Tout !

Sur fond d’une pandémie aux conséquences chaotiques , 2020 fut aussi l’objet de grandes contestations dans le monde. Qu’il s’agisse des mesures sanitaires liées au virus, de la mort de Georges Floyd et son impact sur les élections américaines, de l’explosion du port de Beyrouth ou des incendies ravageurs en Australie, tous ont déclenché des réactions de remise en cause de l’ordre social, économique ou politique en place, relayées par les artistes.

Dans cet article, j’ai choisi de faire ressortir cette question du rejet, en explorant les comptes Instagram de street artistes des 5 continents, et en sélectionnant des œuvres témoins de cette année qui aura anéanti bien des projets.

Bénin, Togo, Sénégal

Graffiti et street art ont toujours contribué à une part importante dans les faits sociaux ou politiques. Les collaborations entre les artistes africains pour asseoir cette discipline portent leurs fruits au fil des ans. Comme évoqué dans un article précédent , la crise du Covid a été pour beaucoup l’occasion de servir de canal d’information sur la nécessité d’adopter les bonnes mesures. Il n’a donc pas été étonnant de voir comment ont été relayées en images, les mesures de prévention, parfois avec l’appui des institutions sanitaires pour alerter et tenter de contenir au maximum toute propagation de la pandémie et ses conséquences.

Le choc des disparitions dès le mois de mars de deux géants issus du continent, Manu Dibango et Pap Diouf, emportés par le Covid (mis en hommage ici au Cameroun et au Ghana) a été dur à encaisser.

Dans plusieurs pays africains, les graffeurs ont très tôt compris les rôles pédagogiques qu’ils pouvaient jouer dans la lutte contre le virus, en créant des murs explicitant les consignes sanitaires.
Au Bénin, Stone et les membres de l’association Assart ont créé des fresques de sensibilisation.
Au Togo, leurs acolytes du collectif Logone Graff Crew se sont aussi mobilisés pour communiquer sur les pratiques à mettre en place afin d’atténuer la diffusion du virus, et soutenir le personnel médical.
Du Coté du Sénégal, un gros travail a été également réalisé  par RBS Crew  qui s’est mis  « au service de la santé publique  » et a « participé artistiquement à l’effort de conscientisation  » . Tous ont mobilisé leur énergie pour aider à la  sensibilisation afin de  réduire la pandémie à son minimum de nocivité.
En mettant un peu de couleur dans le morose des états d’incertitudes, ils ont aussi signé leur refus de voir se concrétiser les prévisions alarmistes projetées sur un continent pointé du doigt  comme « matériellement » sous doté en structures médicales et qui n’aurait pas pu faire face aux conséquences dévastatrices de la pandémie.

Murs ASSART 1 & 2   /  Murs L.G.C 1 , 2 , 3 , 4   / Murs RBS Crew 1, 2  , 3

La France

Cette impuissance redoutée est allée en grandissant dans le monde entier et les Européens n’ont pas été plus épargnés.
En France, la guerre a été déclarée à la pandémie. Le yoyo de communications, les atermoiements des autorités sanitaires, les discours contradictoires assénés par les experts ont achevé de consolider une certaine défiance à l’égard de toute parole légitime. Le « quoiqu’il en coûte » du Chef de l’État résonne comme une provocation aux oreilles de catégories socioprofessionnelles qui redoutent les conséquences d’une inévitable casse sociale. Les neuf mois de pandémie écoulés n’ont pas vu la situation s’arranger. Les ordres de confinements – déconfinements – couvre-feu catalysent les colères d’une partie de la société. Les timides contestations des mesures sanitaires du début ont viré à la remise en cause de leur bien-fondé. La deuxième vague est passée par là. On nous prédit une troisième après les fêtes. L’heure n’est plus aux applaudissements pour soutenir le corps médical mais à des slogans appelant à desserrer les vis dans plusieurs corps de métier. La réduction des activités de ski, la fermeture des commerces et des restaurants  ou l’arrêt du monde culturel font redouter le déclin du pays. 
Les appels à « lâcher du lest pour vivre » ou les hashtags comme #noussommesenguerre, #libereznous,  #laisseznousrespirer #restonsouverts … se sont multipliés, certains apparaissent dans la rue sus forme de tags, d’autres font l’objet de création artistique.

Murs OZANA 1 et     Aux Alpes  /  SUNRA

Sur le plan sécuritaire, le décryptage social fait par les artistes, reflet des contestations est implacable. Des reproches visent certains policiers dont la brutalité défrayaient la chronique à longueur de manifestations. Berthetone et le crew TWE prod  illustrent les dérapages dénoncés lors de simples contrôles d’identité.
L’article 24 de la loi sur la sécurité globale  proposée fait déborder le vase. Il  est remis en cause par beaucoup de personnes car considéré comme liberticide.  « Floutage de gueule », une autre expression qui est très présente.  Les journalistes se mobilisent contre les restrictions de la liberté de presse.
La plateforme activiste et engagée HIYA! lance un appel à la création autour du mot clé  « Marianne pleure ». Des artistes y répondent en proposant leurs visions de cette loi . Objectives ou pas, elles ont pour but de d’éveiller les consciences, parfois jusqu’à la caricature assumée, interpeller, rétablir un dialogue, entamer la conversation, provoquer les débats, dessiner de nouvelles perspectives, être écouté, être entendu. Contre-pouvoir incontestable, l’art se positionne de fait en dissident politique. 
Le tabassage du poducteur de musique Michel Zecler révélé par le média Loopsider vient étayer ces soupçons d’abus de pouvoir de la part de certaines forces de l’ordre !

Pochoir 1  /  BerthetOne   /  Miaoutoo    Djalouz   /  ChetOne   Goin

Le parallèle à faire avec les États Unis est immédiat.

Etats Unis

Il n’en fallait pas plus pour revivre une séquence bien plus funeste survenue quelque mois plus tôt à Minneapolis, plongeant ce pays dans une vague de protestations, prémices de contexte électoral tout aussi houleux : la mort de Georges Floyd.

Le 25 mai 2020, ce noir américain meurt lors de l’interpellation d’une police jamais avare en oppression quand elle se complaît à se croire menacée. L’indignation provoquée par les images diffusées est planétaire. L’événement a déclenché des émeutes qui pointaient le ras-le-bol d’un système de discrimination,  et la forte envie d’en finir avec le mandat du président en place, un ignorant pour qui le mot justice n’existe pas quand il s’agit des « minorités! ».
Le #blacklivesmatter  (réalisé ici en performance artistique dans 5 arrondissements de New York  dont un juste devant la Trump tower) qui en est dans sa septième année d’existence est cette fois propulsée au premier rang des nombreuses causes pour lesquelles il devient urgent de se prononcer. Des fresques sont peintes en hommage à cet homme pour lui rendre sa dignité. De nombreuses réalisations d’œuvres invitent à nommer ces dérives et crier fort les noms des victimes pour qu’elles ne soient pas oubliées. 

Donkeeboy     /     Face Me Por Favor     /     Hieroveiga

Les manifestations tournent aux émeutes, devant un président si égocentré, qui caresse ostensiblement la frange droite extrême de son pays. « I can’t breath » auquel répond  le #fuckyoutrump de DUGUDUS  enjambe le seul périmètre des derniers mots prononcés par George Floyd et devient l’écho d’autres ras-le-bol: du racisme institutionnalisé, du port du masque, du confinement, de l’exclusion, de Trump ! Les mots scandés font ressortir l’étendue de la crise de leadership politique à mesure que se rapprochent les élections présidentielles.

Une fois de plus, les artistes s’emparent de leur créativité pour inciter à aller voter massivement et mettent dans leurs réalisations le projecteur sur les inégalités de traitements qui persistent dans une Amérique divisée.
 
Dugudus    Nick C Kirk   /  crt.all.delete   Jules Muck        Lady Pink

Fresques, graffitis, tags ou street art ont mis en lumière des revendications qui secouaient une part de la population avide de voir la fin de 4 ans d’un pouvoir extravagant et inquiétant. Ce qui transparaît dans tous ces engagements, c’est la forte conviction d’aller à rebours des déclarations d’un président omnipotent pour qui le retour de bâton aura été jouissif . You’re fired! Le voeu de dégagisme semble exhaucé.

Liban

Cet espoir de dégagisme est caressé depuis plusieurs mois au Liban. Tout comme aux États unis, ce pays faisait face à des fortes contestations sociales depuis la fin de l’année 2019 sur fond de défiance envers toute la classe dirigeante.
Le désœuvrement et l’appel au changement  de la population sont relayés par des  artistes notamment via la participation aux projets de Art Of Change . Les oeuvres produites font ressortir  la détresse de toute une population qui se heurte à l’immobilisme d’une élite au pouvoir et corrompue. La désolation est là, le chaos et l’insurrection guettent.
Le Covid s’invite en début d’année et fragilise un peu plus des fondations vacillantes.

Le 8 août 2020, l’explosion dans un entrepôt du port de Beyrouth, poumon économique du pays vient doucher dans la capitale, les espoirs d’une accalmie entrouverte dans la période estivale. Le bilan est lourd :  plus de 200 morts et 6 500 blessés. Le sursaut de la population est relayé par une forte mobilisation d’artistes du monde entier pour ce pays.
Déjà très impliquée dans les manifestations, l’artiste activiste Hayat Nazer  réunit des débris de l’explosion qu’elle assemble avec des objets personnels collectés chez des habitants pour élever une statue. En faisant participer à ce mémorial les victimes de la tragédie devenues parties intégrantes de l’œuvre, elle concilie les symboles de la révolte et du courage de ce peuple prêt à se retrousser les manches pour tout reconstruire. 

L’artiste Mariam Hamieh a érigé un cèdre où sont énumérés les noms de disparus et où l’on vient déposer des bougies en signe de recueillement aux personnes disparues ou victimes de la tragédie.

Empreinte d’une tonalité plus tournée vers l’avenir, une fresque est réalisée par le trio EpS, Spaz et Exist,  pour honorer le peuple. En lettre capitale le mot HOPE et deux colombes géantes surplombent la ville de Beyrouth, symbolisant ainsi l’appel à la paix nécessaire dans ce moment de déchirement.

La résilience face à cette tragédie semble le seul chemin possible.

Nazer Hayat  /  Mariam Hamieh     /     EpS     /      Exist         ;SPAZ

De telles déflagrations dues à des erreurs humaines renforcent les résistances à pardonner à une classe politique défaillance .

Mais il est des situations où les responsabilités sont plus difficiles à établir de manière tranchée. Cela n’empêche  pas que les dérives soient dénoncées , ni que les responsables soient convoqués à rendre des comptes.

Et justement, il y a un coin de la planète qui n’échappera pas à la règle des remises en cause de ses décisions : l’Australie qui a subi des vagues importantes d’incendies ravageurs.

L’Australie

L’Australie a connu dès la fin de l’année 2019 et au cours de 2020 l’un des pires incendies qui a entraîné l’évacuation de populations entières, ravagé des millions d’hectares de forêt et provoqué une hécatombe en matière de faune et flore.

Une fois de plus, les gouvernants en place sont montrés comme responsables des dégâts causés. Il leur est reproché le laxisme face aux mesures nécessaires qui auraient pu éviter une telle catastrophe, mais aussi celles pour aider au sauvetage. Au sud et à l’est de l’île-continent, pas moins de 19 millions d’hectares de terrain sont balayés. La catastrophe aggrave le déclin des koalas amorcé depuis des années et provoque la mort ou la blessure de plusieurs millions d’autres espèces animales.

Avec des fresques engagées, des street artistes s’insurgent contre l’incapacité des décideurs à comprendre la gravité de la situation. Ils en appellent au changement et dénoncent le manque de vision et la mise en place de politique significative sur le changement climatique afin de protéger l’environnement.

La collusion du gouvernement avec des intérêts capitalistiques est aussi révélée comme une raison justifiant les colères cristallisés autour de la catastrophe naturelle. La classe dirigeante est assimilée à des « glandeurs », intrépides seulement quand il s’agit de servir leurs intérêts propres. Plus que contestée, elle est soupçonnée de fermer les yeux et de favoriser le lobby du charbon qui dicterait les politiques.

Tout en accompagnant ces positions de rejet de la politique menée, les artistes se sont mobilisés pour collecter des fonds et venir en soutien aux pompiers et autres intervenants qui se sont activés pour voler au secours de la biodiversité.
Ils se projettent dans une « une vision de jours meilleurs ». Des murs de Mort Murray, Andrew Gibbon ou encore Kaspersart sont ainsi réalisés pour ne pas désespérer d’une Mère Nature aussi capable de produire le meilleur.

2020 : An néfaste! – 2021: Année faste?

On peut dire que les points de divergences et les fronts de batailles étaient variés. De nombreuses créations ont participé au dispositif de revendication ou de contestation. Certaines sont éphémères mais leurs traces sur les réseaux sociaux seront témoins de ce qu’a été 2020, anéanti par bien plus qu’un virus.
Et je pense que sur beaucoup de plans, on lui a dit bye bye sans trop de regrets avec quelques signes de non-remerciement.
Fuck 2020 Image issue de @atr33
Hello 2021 – image issue de @atr33

Dorénavant, à travers la planète entière, on est collectivement conscient que tout peut basculer en un rien de temps dans un énorme gouffre d’incertitudes.

Les défis à relever pour redresser la barre et corriger le réflexe « anti » sont énormes.

Puisse cette année 2021 qui commence, permette à chacun de trouver une bulle d’harmonie pour se protéger au mieux des secousses, et éviter de tutoyer trop de précipices.

Vilédé GNANVO

Liens et sources

L’illustration du titre « 2020 Année Anti Tout / 2020 anéantît tout » a été réalisée par l’artiste MAX132 , membre de LATEULIER , collectif d’artistes spécialisés dans les arts visuels et art mural dit « Street-art ». 

De précieuses informations ont été recueillies sur les profils Instagram des artistes répertoriés tout au long de cet article.
Expression « Tutoyer les précipices » entendu au JT de France 2. 

Autres sources : 
Aubenas : un graffiti sur l’ancien hôtel de police qui interpelle
See tributes to George Floyd painted on walls worldwide
A Lebanese artist created an inspiring statue out of glass and rubble from the Beirut port explosion
Les graffitis créent une communication positive sur les droits humains au Liban
Australie : la colère des pompiers et des habitants
‘It’s important not to forget’ Australia’s black summer

 

Tenue correcte exigée

Tenue correcte exigée

 

Cette année encore la Défense Jazz Festival a rempli sa mission et contenté de nombreuses personnes en proie à des moments festifs dans ce quartier d’affaires. Pour ses 40 ans, l’événement s’est déroulé sur le parvis du 19 au 25 juin 2017 dans une ambiance chaude pour ne pas dire caniculaire.

Qu’à cela ne tienne ! Il y avait quand même du monde.

Le mardi 20 juin vers midi, je me suis installée pour découvrir de nouvelles sonorités. Il fait beau et pas encore trop chaud. C’est l’heure de déjeuner et on commence à voir des gens sortir des bureaux pour profiter de la musique.

Je suis frappée par une chose. Cette sensation, je l’ai éprouvée pour la première fois alors que cela fait pourtant huit ans que je travaille non loin de là. Le week-end passé dans les rues de Paris, au parc ou ailleurs, même s’il faisait un temps similaire, rien ne m’avait interpellé. Mais là, l’objet de mon désarroi tournait autour de la manière dont les gens étaient habillés, les femmes en particulier.

Où est passé le « Dress Code » qui fait rêver ?

Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser ce qu’est La Défense pour ceux qui ne la connaissent pas.
Ce n’est pas exagéré de dire que c’est l’équivalent de la City à Londres ou de Wall Street à New York. C’est le plus grand quartier d’affaires de Paris. Dans ce lieu est concentrée une grande partie des jeunes cadres dynamiques de ce pays. Beaucoup de sièges sociaux des entreprises du CAC 40 arborent leurs logos en haut des fameuses tours qui font sa réputation.

Aussi, en termes de « dress code » on s’attend à un niveau à la hauteur de l’élégance française : des silhouettes aux allures de « business (wo) men » comme on voit sur les plaquettes de présentation des entreprises.

Pourtant, ce n’est pas tout à fait ce que j’ai constaté. J’ai vu:

  • Des jupes très très courtes et des minirobes.
  • Des vêtements très moulants ou transparents.
  • Des décolletés plongeants.
  • Des femmes avec des talons hauts avec lesquels elles ont manifestement du mal à se déplacer.
  • Des hommes avec pantalons qui tiennent à peine sur leurs mollets et qu’ils sont obligés de remonter sans cesse avec parfois le spectacle de la raie inesthétique qui s’expose aux regards.

Cela m’a beaucoup questionné, moi qui me voyais inconditionnellement en faveur de toute liberté de s’habiller, sans a priori ni sur la nudité, ni sur le corps largement couvert.

Néanmoins, ces vêtements dans ce contexte précis me sont apparus inadaptés à un environnement professionnel. J’ai ressenti comme une marque de désinvolture vis-à-vis de l’employeur et des collègues. Comme s’il n’y avait plus aucune conscience des matières, des styles, des morphologies et des codes établis.

J’ai soudainement pris conscience qu’en 15 ans, les choses se sont inversées et qu’auparavant, il y avait une nette distinction entre la garde-robe professionnelle et celle réservée à la vie de tous les jours ou aux loisirs. Sans doute est-ce aussi mon regard qui a changé, car finalement il n’y a rien de dramatique si les codes sont désormais moins stricts. Non, rien si ce n’est la disparition de l’idéal que j’aurais aimé conserver de ce lieu. C’est dire si c’est peu de chose…

Mais au fait, que dit la loi à ce sujet ?

Business men & women

L’Article L1121-1 du Code du travail précise : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché »

En gros légalement, chacun peut s’habiller comme il veut dans la limite de la décence, mais à condition de respecter les obligations liées aux protections nécessaires à la sécurité ou à l’hygiène dans certains métiers. Des règles écrites ou inscrites dans les conventions collectives peuvent donner lieu à des contraintes selon la nature du travail (contact avec le client par exemple).

De ce fait, le code vestimentaire en entreprise est souvent tacite. On se conforme à ce que les autres font, à ses propres limites ou pudeurs. Il est vrai aussi que sans un repère clair, la jauge de la décence peut être compliquée à trouver. Car un environnement trop restrictif peut vite s’avérer insupportable.

C’est d’ailleurs pour insuffler un peu plus de lâcher prise qu’a été institué le « Friday wear » mettant à l’honneur le look décontracté les vendredis.

Plus récemment en période de canicule, un groupe de conducteurs de bus s’est approprié le port de jupes, faisant ainsi un pied de nez à l’interdiction de mettre des shorts pour le travail. Ils ont ainsi trouvé une façon habile de respecter le règlement tout en essayant de s’assurer un peu de confort inimaginable dans des pantalons trop couvrants.

Et si on va encore plus loin, on peut citer l’exemple du « Naked friday » proposé à des salariés d’une start-up britannique dans le cadre de sa politique d’impulsion du bonheur. Se débarrasser de toute pudeur afin de recentrer l’essentiel sur l’humain. Le concept « Travailler nu au sein de l’entreprise » est prôné par le psychologue David Taylor pour qui « la nudité renforçait la cohésion d’équipe, désinhibait les collaborateurs et participait à la pacification des relations au sein de l’entreprise ».

L’habit ne fait décidément pas le moine.

On n’en est pas là encore à la Défense. Et Je finis donc par admettre que tout, y compris mon regard évolue inévitablement à mesure que le temps passe. Je regrette que les vêtements ne reflètent plus l’image que j’ai toujours eue de la Défense ! Celle des jeunes cadres qui vont diriger ce monde !

A en juger la posture de certains député qui ont refusé récemment de mettre la cravate à l’Assemblée, j’ignore tout ira dans le bon sens ou pas. Mais une chose est sûre, puisque l’habit ne fait pas le moine, il ne détermine donc en rien la compétence.

Et ça au moins, c’est très rassurant.

Vilédé GNANVO

Boulot broyeur

Boulot broyeur

 

Faites de bonnes études, soyez performants et créatifs, investissez-vous, ayez la niaque … toutes ces invectives mais sans jamais entendre la phrase magique : soyez heureux !

Pourquoi le désir d’épanouissement s’est-il aussi vite retourné contre nous? Parce que la notion du travail (et non celle du bien-être) a été érigée comme valeur absolue de l’accomplissement de soi. Ce qui creusa alors le trou béant devant lequel on se trouve aujourd’hui.

Car même le plus riche, l’ambitieux dont les dents rayent le parquet, l’arriviste, le matérialiste qui affiche ses biens, aucun de ceux-là n’est surhomme face à la diminution physique ou à la maladie.

Actuellement, les 35 – 45 ans, y compris les plus diplômés sont devenus des forcenés du travail sacrifiés sur l’autel de la rentabilité et de la productivité.
Petit à petit on voit des gens sombrer uniquement à cause du boulot. Il ne s’agit plus de témoignages lointains de personnes qu’on entend sur les ondes. Désormais, les retours sur la douleur au travail sont autour de soi, très proches. Alors, on a envie de crier : RAS LE BOL !

Ce n’était pas ça la promesse faite à l’entrée dans le monde du travail à la fin des années 90. Non. On devait essayer de gagner de l’argent afin de construire une vie confortable à l’abri du besoin, et non performer à n’importe quel prix juste pour prouver qu’on existe. L’injonction qui est faite d’avoir un travail pour être quelqu’un dans la société fait miroiter le paradis mais au bout, nombreux sont ceux à n’y voir qu’un mirage.

Fonctionnaire ou salarié du privé, tour à tour la déprime attend au coin du bureau. Concrètement, cela se traduit par du harcèlement professionnel subi de manière très insidieuse, des démissions sèches sans demander son reste, des arrêts pour incapacité, du burn-out, des femmes placardisées après une grossesse quand elles n’ont pas tout simplement été licenciées … pour cause économique soit disant.

Qu’attend- on pour que l’humain reste réellement au centre des préoccupations ? Le H de RH ne devrait pas faire penser à Harcèlement ou Humiliation !

RH ce n’est pas dépouiller l’humain de toutes ses ressources et le jeter dès qu’il a été bien pressé comme un citron.
Ce n’est pas licencier massivement et se réjouir un an plus tard d’avoir fait des bénéfices énormes !!!! En quoi l’entreprise a-t-elle réussi ?

Le H devrait rester Humain.

Face à des salariés en difficulté, le rôle des managers ou des professionnels de l’embauche devraient être de l’accompagner en le faisant progresser sur ses points de défaillance. Ou le cas échéant, lui accorder au moins du temps pour une discussion honnête et profonde pouvant lui permettre un sursaut.

  1. Pas de faire croire qu’il n’y arrive pas tout le poussant à bout jusqu’à ce qu’il démissionne.
  2. Pas en le rabaissant à coup de lettres d’avertissements ou de mails de dénigrement sur son travail.

Il peut arriver que nous ayons des failles face à des taches qui nous sont confiées, ou qu’on soit incompétents devant de nouvelles attributions.

La faute à qui ?

A celui qui a toujours refusé de promouvoir de bons éléments, d’accorder des formations à la hauteur des enjeux, de remplacer des outils défectueux ou tout simplement à celui qui recourt allègrement au copinage là où on attend de lui des appréciations objectives.

Pourquoi les managers eux ne reconnaissent jamais qu’ils ont été défaillants ? Il leur est plus facile d’asséner des théories sur le bien être ou le bonheur au travail. Le « Chief Hapiness Officer » ( responsable du bonheur en entreprise ) est devenu un profil dont vont se doter de nombreuses entreprises.

Mais on a beau trouver un joli nom au joli concept, rien ne s’améliorera si son rôle se cantonne à :

  1. Faire croire dans le discours que l’épanouissement peut se trouver dans l’entreprise quand dans la réalité l’univers professionnel nous consume.
  2. Faire diversion en organisant des sorties entre collègues ou des journées “on va faire des gâteaux” quand au même moment le salarié qui rentre chez lui le soir tombe sur une lettre d’avertissement pour objectif non atteint.

Le changement doit venir d’une prise de conscience collective des priorités dans nos entreprises, dans notre société.

La notion de revenu universel au cœur des débats actuels fait rigoler certains qui n’hésitent pas à parler d’utopie. Mais quoi de dramatique à penser un autre type de société qui a le mérite de proposer une solution où l’individu est perçu comme un être précieux?

En quoi le modèle dans lequel nous baignons actuellement est-il tant que ça une réussite ? A voir l’écart qui se creuse de plus en plus entre les nantis et les plus pauvres, on peut en douter.

En fait comme beaucoup, ça m’énerve que des gens bien soient détruits par leur environnement professionnel car je me sens impuissante à leur venir en aide. Et ce n’est pas parce que je suis plutôt bien lotie ( pour le moment ) que je suis indifférente à ce qui se passe autour. Bien au contraire. Ma révolte reste intacte.

Petite dédicace à Séverine, Sandrine, Anne, Marine, Nicolas, Jo, K, H, S.

Vilédé GNANVO

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