États d’âmes

2020: Année Anti Tout !

2020: Année Anti Tout !

Sur fond d’une pandémie aux conséquences chaotiques , 2020 fut aussi l’objet de grandes contestations dans le monde. Qu’il s’agisse des mesures sanitaires liées au virus, de la mort de Georges Floyd et son impact sur les élections américaines, de l’explosion du port de Beyrouth ou des incendies ravageurs en Australie, tous ont déclenché des réactions de remise en cause de l’ordre social, économique ou politique en place, relayées par les artistes.

Dans cet article, j’ai choisi de faire ressortir cette question du rejet, en explorant les comptes Instagram de street artistes des 5 continents, et en sélectionnant des œuvres témoins de cette année qui aura anéanti bien des projets.

Bénin, Togo, Sénégal

Graffiti et street art ont toujours contribué à une part importante dans les faits sociaux ou politiques. Les collaborations entre les artistes africains pour asseoir cette discipline portent leurs fruits au fil des ans. Comme évoqué dans un article précédent , la crise du Covid a été pour beaucoup l’occasion de servir de canal d’information sur la nécessité d’adopter les bonnes mesures. Il n’a donc pas été étonnant de voir comment ont été relayées en images, les mesures de prévention, parfois avec l’appui des institutions sanitaires pour alerter et tenter de contenir au maximum toute propagation de la pandémie et ses conséquences.

Le choc des disparitions dès le mois de mars de deux géants issus du continent, Manu Dibango et Pap Diouf, emportés par le Covid (mis en hommage ici au Cameroun et au Ghana) a été dur à encaisser.

Dans plusieurs pays africains, les graffeurs ont très tôt compris les rôles pédagogiques qu’ils pouvaient jouer dans la lutte contre le virus, en créant des murs explicitant les consignes sanitaires.
Au Bénin, Stone et les membres de l’association Assart ont créé des fresques de sensibilisation.
Au Togo, leurs acolytes du collectif Logone Graff Crew se sont aussi mobilisés pour communiquer sur les pratiques à mettre en place afin d’atténuer la diffusion du virus, et soutenir le personnel médical.
Du Coté du Sénégal, un gros travail a été également réalisé  par RBS Crew  qui s’est mis  « au service de la santé publique  » et a « participé artistiquement à l’effort de conscientisation  » . Tous ont mobilisé leur énergie pour aider à la  sensibilisation afin de  réduire la pandémie à son minimum de nocivité.
En mettant un peu de couleur dans le morose des états d’incertitudes, ils ont aussi signé leur refus de voir se concrétiser les prévisions alarmistes projetées sur un continent pointé du doigt  comme « matériellement » sous doté en structures médicales et qui n’aurait pas pu faire face aux conséquences dévastatrices de la pandémie.

Murs ASSART 1 & 2   /  Murs L.G.C 1 , 2 , 3 , 4   / Murs RBS Crew 1, 2  , 3

La France

Cette impuissance redoutée est allée en grandissant dans le monde entier et les Européens n’ont pas été plus épargnés.
En France, la guerre a été déclarée à la pandémie. Le yoyo de communications, les atermoiements des autorités sanitaires, les discours contradictoires assénés par les experts ont achevé de consolider une certaine défiance à l’égard de toute parole légitime. Le « quoiqu’il en coûte » du Chef de l’État résonne comme une provocation aux oreilles de catégories socioprofessionnelles qui redoutent les conséquences d’une inévitable casse sociale. Les neuf mois de pandémie écoulés n’ont pas vu la situation s’arranger. Les ordres de confinements – déconfinements – couvre-feu catalysent les colères d’une partie de la société. Les timides contestations des mesures sanitaires du début ont viré à la remise en cause de leur bien-fondé. La deuxième vague est passée par là. On nous prédit une troisième après les fêtes. L’heure n’est plus aux applaudissements pour soutenir le corps médical mais à des slogans appelant à desserrer les vis dans plusieurs corps de métier. La réduction des activités de ski, la fermeture des commerces et des restaurants  ou l’arrêt du monde culturel font redouter le déclin du pays. 
Les appels à « lâcher du lest pour vivre » ou les hashtags comme #noussommesenguerre, #libereznous,  #laisseznousrespirer #restonsouverts … se sont multipliés, certains apparaissent dans la rue sus forme de tags, d’autres font l’objet de création artistique.

Murs OZANA 1 et     Aux Alpes  /  SUNRA

Sur le plan sécuritaire, le décryptage social fait par les artistes, reflet des contestations est implacable. Des reproches visent certains policiers dont la brutalité défrayaient la chronique à longueur de manifestations. Berthetone et le crew TWE prod  illustrent les dérapages dénoncés lors de simples contrôles d’identité.
L’article 24 de la loi sur la sécurité globale  proposée fait déborder le vase. Il  est remis en cause par beaucoup de personnes car considéré comme liberticide.  « Floutage de gueule », une autre expression qui est très présente.  Les journalistes se mobilisent contre les restrictions de la liberté de presse.
La plateforme activiste et engagée HIYA! lance un appel à la création autour du mot clé  « Marianne pleure ». Des artistes y répondent en proposant leurs visions de cette loi . Objectives ou pas, elles ont pour but de d’éveiller les consciences, parfois jusqu’à la caricature assumée, interpeller, rétablir un dialogue, entamer la conversation, provoquer les débats, dessiner de nouvelles perspectives, être écouté, être entendu. Contre-pouvoir incontestable, l’art se positionne de fait en dissident politique. 
Le tabassage du poducteur de musique Michel Zecler révélé par le média Loopsider vient étayer ces soupçons d’abus de pouvoir de la part de certaines forces de l’ordre !

Pochoir 1  /  BerthetOne   /  Miaoutoo    Djalouz   /  ChetOne   Goin

Le parallèle à faire avec les États Unis est immédiat.

Etats Unis

Il n’en fallait pas plus pour revivre une séquence bien plus funeste survenue quelque mois plus tôt à Minneapolis, plongeant ce pays dans une vague de protestations, prémices de contexte électoral tout aussi houleux : la mort de Georges Floyd.

Le 25 mai 2020, ce noir américain meurt lors de l’interpellation d’une police jamais avare en oppression quand elle se complaît à se croire menacée. L’indignation provoquée par les images diffusées est planétaire. L’événement a déclenché des émeutes qui pointaient le ras-le-bol d’un système de discrimination,  et la forte envie d’en finir avec le mandat du président en place, un ignorant pour qui le mot justice n’existe pas quand il s’agit des « minorités! ».
Le #blacklivesmatter  (réalisé ici en performance artistique dans 5 arrondissements de New York  dont un juste devant la Trump tower) qui en est dans sa septième année d’existence est cette fois propulsée au premier rang des nombreuses causes pour lesquelles il devient urgent de se prononcer. Des fresques sont peintes en hommage à cet homme pour lui rendre sa dignité. De nombreuses réalisations d’œuvres invitent à nommer ces dérives et crier fort les noms des victimes pour qu’elles ne soient pas oubliées. 

Donkeeboy     /     Face Me Por Favor     /     Hieroveiga

Les manifestations tournent aux émeutes, devant un président si égocentré, qui caresse ostensiblement la frange droite extrême de son pays. « I can’t breath » auquel répond  le #fuckyoutrump de DUGUDUS  enjambe le seul périmètre des derniers mots prononcés par George Floyd et devient l’écho d’autres ras-le-bol: du racisme institutionnalisé, du port du masque, du confinement, de l’exclusion, de Trump ! Les mots scandés font ressortir l’étendue de la crise de leadership politique à mesure que se rapprochent les élections présidentielles.

Une fois de plus, les artistes s’emparent de leur créativité pour inciter à aller voter massivement et mettent dans leurs réalisations le projecteur sur les inégalités de traitements qui persistent dans une Amérique divisée.
 
Dugudus    Nick C Kirk   /  crt.all.delete   Jules Muck        Lady Pink

Fresques, graffitis, tags ou street art ont mis en lumière des revendications qui secouaient une part de la population avide de voir la fin de 4 ans d’un pouvoir extravagant et inquiétant. Ce qui transparaît dans tous ces engagements, c’est la forte conviction d’aller à rebours des déclarations d’un président omnipotent pour qui le retour de bâton aura été jouissif . You’re fired! Le voeu de dégagisme semble exhaucé.

Liban

Cet espoir de dégagisme est caressé depuis plusieurs mois au Liban. Tout comme aux États unis, ce pays faisait face à des fortes contestations sociales depuis la fin de l’année 2019 sur fond de défiance envers toute la classe dirigeante.
Le désœuvrement et l’appel au changement  de la population sont relayés par des  artistes notamment via la participation aux projets de Art Of Change . Les oeuvres produites font ressortir  la détresse de toute une population qui se heurte à l’immobilisme d’une élite au pouvoir et corrompue. La désolation est là, le chaos et l’insurrection guettent.
Le Covid s’invite en début d’année et fragilise un peu plus des fondations vacillantes.

Le 8 août 2020, l’explosion dans un entrepôt du port de Beyrouth, poumon économique du pays vient doucher dans la capitale, les espoirs d’une accalmie entrouverte dans la période estivale. Le bilan est lourd :  plus de 200 morts et 6 500 blessés. Le sursaut de la population est relayé par une forte mobilisation d’artistes du monde entier pour ce pays.
Déjà très impliquée dans les manifestations, l’artiste activiste Hayat Nazer  réunit des débris de l’explosion qu’elle assemble avec des objets personnels collectés chez des habitants pour élever une statue. En faisant participer à ce mémorial les victimes de la tragédie devenues parties intégrantes de l’œuvre, elle concilie les symboles de la révolte et du courage de ce peuple prêt à se retrousser les manches pour tout reconstruire. 

L’artiste Mariam Hamieh a érigé un cèdre où sont énumérés les noms de disparus et où l’on vient déposer des bougies en signe de recueillement aux personnes disparues ou victimes de la tragédie.

Empreinte d’une tonalité plus tournée vers l’avenir, une fresque est réalisée par le trio EpS, Spaz et Exist,  pour honorer le peuple. En lettre capitale le mot HOPE et deux colombes géantes surplombent la ville de Beyrouth, symbolisant ainsi l’appel à la paix nécessaire dans ce moment de déchirement.

La résilience face à cette tragédie semble le seul chemin possible.

Nazer Hayat  /  Mariam Hamieh     /     EpS     /      Exist         ;SPAZ

De telles déflagrations dues à des erreurs humaines renforcent les résistances à pardonner à une classe politique défaillance .

Mais il est des situations où les responsabilités sont plus difficiles à établir de manière tranchée. Cela n’empêche  pas que les dérives soient dénoncées , ni que les responsables soient convoqués à rendre des comptes.

Et justement, il y a un coin de la planète qui n’échappera pas à la règle des remises en cause de ses décisions : l’Australie qui a subi des vagues importantes d’incendies ravageurs.

L’Australie

L’Australie a connu dès la fin de l’année 2019 et au cours de 2020 l’un des pires incendies qui a entraîné l’évacuation de populations entières, ravagé des millions d’hectares de forêt et provoqué une hécatombe en matière de faune et flore.

Une fois de plus, les gouvernants en place sont montrés comme responsables des dégâts causés. Il leur est reproché le laxisme face aux mesures nécessaires qui auraient pu éviter une telle catastrophe, mais aussi celles pour aider au sauvetage. Au sud et à l’est de l’île-continent, pas moins de 19 millions d’hectares de terrain sont balayés. La catastrophe aggrave le déclin des koalas amorcé depuis des années et provoque la mort ou la blessure de plusieurs millions d’autres espèces animales.

Avec des fresques engagées, des street artistes s’insurgent contre l’incapacité des décideurs à comprendre la gravité de la situation. Ils en appellent au changement et dénoncent le manque de vision et la mise en place de politique significative sur le changement climatique afin de protéger l’environnement.

La collusion du gouvernement avec des intérêts capitalistiques est aussi révélée comme une raison justifiant les colères cristallisés autour de la catastrophe naturelle. La classe dirigeante est assimilée à des « glandeurs », intrépides seulement quand il s’agit de servir leurs intérêts propres. Plus que contestée, elle est soupçonnée de fermer les yeux et de favoriser le lobby du charbon qui dicterait les politiques.

Tout en accompagnant ces positions de rejet de la politique menée, les artistes se sont mobilisés pour collecter des fonds et venir en soutien aux pompiers et autres intervenants qui se sont activés pour voler au secours de la biodiversité.
Ils se projettent dans une « une vision de jours meilleurs ». Des murs de Mort Murray, Andrew Gibbon ou encore Kaspersart sont ainsi réalisés pour ne pas désespérer d’une Mère Nature aussi capable de produire le meilleur.

2020 : An néfaste! – 2021: Année faste?

On peut dire que les points de divergences et les fronts de batailles étaient variés. De nombreuses créations ont participé au dispositif de revendication ou de contestation. Certaines sont éphémères mais leurs traces sur les réseaux sociaux seront témoins de ce qu’a été 2020, anéanti par bien plus qu’un virus.
Et je pense que sur beaucoup de plans, on lui a dit bye bye sans trop de regrets avec quelques signes de non-remerciement.
Fuck 2020 Image issue de @atr33
Hello 2021 – image issue de @atr33

Dorénavant, à travers la planète entière, on est collectivement conscient que tout peut basculer en un rien de temps dans un énorme gouffre d’incertitudes.

Les défis à relever pour redresser la barre et corriger le réflexe « anti » sont énormes.

Puisse cette année 2021 qui commence, permette à chacun de trouver une bulle d’harmonie pour se protéger au mieux des secousses, et éviter de tutoyer trop de précipices.

Vilédé GNANVO

Liens et sources

L’illustration du titre « 2020 Année Anti Tout / 2020 anéantît tout » a été réalisée par l’artiste MAX132 , membre de LATEULIER , collectif d’artistes spécialisés dans les arts visuels et art mural dit « Street-art ». 

De précieuses informations ont été recueillies sur les profils Instagram des artistes répertoriés tout au long de cet article.
Expression « Tutoyer les précipices » entendu au JT de France 2. 

Autres sources : 
Aubenas : un graffiti sur l’ancien hôtel de police qui interpelle
See tributes to George Floyd painted on walls worldwide
A Lebanese artist created an inspiring statue out of glass and rubble from the Beirut port explosion
Les graffitis créent une communication positive sur les droits humains au Liban
Australie : la colère des pompiers et des habitants
‘It’s important not to forget’ Australia’s black summer

 

Tenue correcte exigée

Tenue correcte exigée

 

Cette année encore la Défense Jazz Festival a rempli sa mission et contenté de nombreuses personnes en proie à des moments festifs dans ce quartier d’affaires. Pour ses 40 ans, l’événement s’est déroulé sur le parvis du 19 au 25 juin 2017 dans une ambiance chaude pour ne pas dire caniculaire.

Qu’à cela ne tienne ! Il y avait quand même du monde.

Le mardi 20 juin vers midi, je me suis installée pour découvrir de nouvelles sonorités. Il fait beau et pas encore trop chaud. C’est l’heure de déjeuner et on commence à voir des gens sortir des bureaux pour profiter de la musique.

Je suis frappée par une chose. Cette sensation, je l’ai éprouvée pour la première fois alors que cela fait pourtant huit ans que je travaille non loin de là. Le week-end passé dans les rues de Paris, au parc ou ailleurs, même s’il faisait un temps similaire, rien ne m’avait interpellé. Mais là, l’objet de mon désarroi tournait autour de la manière dont les gens étaient habillés, les femmes en particulier.

Où est passé le « Dress Code » qui fait rêver ?

Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser ce qu’est La Défense pour ceux qui ne la connaissent pas.
Ce n’est pas exagéré de dire que c’est l’équivalent de la City à Londres ou de Wall Street à New York. C’est le plus grand quartier d’affaires de Paris. Dans ce lieu est concentrée une grande partie des jeunes cadres dynamiques de ce pays. Beaucoup de sièges sociaux des entreprises du CAC 40 arborent leurs logos en haut des fameuses tours qui font sa réputation.

Aussi, en termes de « dress code » on s’attend à un niveau à la hauteur de l’élégance française : des silhouettes aux allures de « business (wo) men » comme on voit sur les plaquettes de présentation des entreprises.

Pourtant, ce n’est pas tout à fait ce que j’ai constaté. J’ai vu:

  • Des jupes très très courtes et des minirobes.
  • Des vêtements très moulants ou transparents.
  • Des décolletés plongeants.
  • Des femmes avec des talons hauts avec lesquels elles ont manifestement du mal à se déplacer.
  • Des hommes avec pantalons qui tiennent à peine sur leurs mollets et qu’ils sont obligés de remonter sans cesse avec parfois le spectacle de la raie inesthétique qui s’expose aux regards.

Cela m’a beaucoup questionné, moi qui me voyais inconditionnellement en faveur de toute liberté de s’habiller, sans a priori ni sur la nudité, ni sur le corps largement couvert.

Néanmoins, ces vêtements dans ce contexte précis me sont apparus inadaptés à un environnement professionnel. J’ai ressenti comme une marque de désinvolture vis-à-vis de l’employeur et des collègues. Comme s’il n’y avait plus aucune conscience des matières, des styles, des morphologies et des codes établis.

J’ai soudainement pris conscience qu’en 15 ans, les choses se sont inversées et qu’auparavant, il y avait une nette distinction entre la garde-robe professionnelle et celle réservée à la vie de tous les jours ou aux loisirs. Sans doute est-ce aussi mon regard qui a changé, car finalement il n’y a rien de dramatique si les codes sont désormais moins stricts. Non, rien si ce n’est la disparition de l’idéal que j’aurais aimé conserver de ce lieu. C’est dire si c’est peu de chose…

Mais au fait, que dit la loi à ce sujet ?

Business men & women

L’Article L1121-1 du Code du travail précise : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché »

En gros légalement, chacun peut s’habiller comme il veut dans la limite de la décence, mais à condition de respecter les obligations liées aux protections nécessaires à la sécurité ou à l’hygiène dans certains métiers. Des règles écrites ou inscrites dans les conventions collectives peuvent donner lieu à des contraintes selon la nature du travail (contact avec le client par exemple).

De ce fait, le code vestimentaire en entreprise est souvent tacite. On se conforme à ce que les autres font, à ses propres limites ou pudeurs. Il est vrai aussi que sans un repère clair, la jauge de la décence peut être compliquée à trouver. Car un environnement trop restrictif peut vite s’avérer insupportable.

C’est d’ailleurs pour insuffler un peu plus de lâcher prise qu’a été institué le « Friday wear » mettant à l’honneur le look décontracté les vendredis.

Plus récemment en période de canicule, un groupe de conducteurs de bus s’est approprié le port de jupes, faisant ainsi un pied de nez à l’interdiction de mettre des shorts pour le travail. Ils ont ainsi trouvé une façon habile de respecter le règlement tout en essayant de s’assurer un peu de confort inimaginable dans des pantalons trop couvrants.

Et si on va encore plus loin, on peut citer l’exemple du « Naked friday » proposé à des salariés d’une start-up britannique dans le cadre de sa politique d’impulsion du bonheur. Se débarrasser de toute pudeur afin de recentrer l’essentiel sur l’humain. Le concept « Travailler nu au sein de l’entreprise » est prôné par le psychologue David Taylor pour qui « la nudité renforçait la cohésion d’équipe, désinhibait les collaborateurs et participait à la pacification des relations au sein de l’entreprise ».

L’habit ne fait décidément pas le moine.

On n’en est pas là encore à la Défense. Et Je finis donc par admettre que tout, y compris mon regard évolue inévitablement à mesure que le temps passe. Je regrette que les vêtements ne reflètent plus l’image que j’ai toujours eue de la Défense ! Celle des jeunes cadres qui vont diriger ce monde !

A en juger la posture de certains député qui ont refusé récemment de mettre la cravate à l’Assemblée, j’ignore tout ira dans le bon sens ou pas. Mais une chose est sûre, puisque l’habit ne fait pas le moine, il ne détermine donc en rien la compétence.

Et ça au moins, c’est très rassurant.

Vilédé GNANVO

Boulot broyeur

Boulot broyeur

 

Faites de bonnes études, soyez performants et créatifs, investissez-vous, ayez la niaque … toutes ces invectives mais sans jamais entendre la phrase magique : soyez heureux !

Pourquoi le désir d’épanouissement s’est-il aussi vite retourné contre nous? Parce que la notion du travail (et non celle du bien-être) a été érigée comme valeur absolue de l’accomplissement de soi. Ce qui creusa alors le trou béant devant lequel on se trouve aujourd’hui.

Car même le plus riche, l’ambitieux dont les dents rayent le parquet, l’arriviste, le matérialiste qui affiche ses biens, aucun de ceux-là n’est surhomme face à la diminution physique ou à la maladie.

Actuellement, les 35 – 45 ans, y compris les plus diplômés sont devenus des forcenés du travail sacrifiés sur l’autel de la rentabilité et de la productivité.
Petit à petit on voit des gens sombrer uniquement à cause du boulot. Il ne s’agit plus de témoignages lointains de personnes qu’on entend sur les ondes. Désormais, les retours sur la douleur au travail sont autour de soi, très proches. Alors, on a envie de crier : RAS LE BOL !

Ce n’était pas ça la promesse faite à l’entrée dans le monde du travail à la fin des années 90. Non. On devait essayer de gagner de l’argent afin de construire une vie confortable à l’abri du besoin, et non performer à n’importe quel prix juste pour prouver qu’on existe. L’injonction qui est faite d’avoir un travail pour être quelqu’un dans la société fait miroiter le paradis mais au bout, nombreux sont ceux à n’y voir qu’un mirage.

Fonctionnaire ou salarié du privé, tour à tour la déprime attend au coin du bureau. Concrètement, cela se traduit par du harcèlement professionnel subi de manière très insidieuse, des démissions sèches sans demander son reste, des arrêts pour incapacité, du burn-out, des femmes placardisées après une grossesse quand elles n’ont pas tout simplement été licenciées … pour cause économique soit disant.

Qu’attend- on pour que l’humain reste réellement au centre des préoccupations ? Le H de RH ne devrait pas faire penser à Harcèlement ou Humiliation !

RH ce n’est pas dépouiller l’humain de toutes ses ressources et le jeter dès qu’il a été bien pressé comme un citron.
Ce n’est pas licencier massivement et se réjouir un an plus tard d’avoir fait des bénéfices énormes !!!! En quoi l’entreprise a-t-elle réussi ?

Le H devrait rester Humain.

Face à des salariés en difficulté, le rôle des managers ou des professionnels de l’embauche devraient être de l’accompagner en le faisant progresser sur ses points de défaillance. Ou le cas échéant, lui accorder au moins du temps pour une discussion honnête et profonde pouvant lui permettre un sursaut.

  1. Pas de faire croire qu’il n’y arrive pas tout le poussant à bout jusqu’à ce qu’il démissionne.
  2. Pas en le rabaissant à coup de lettres d’avertissements ou de mails de dénigrement sur son travail.

Il peut arriver que nous ayons des failles face à des taches qui nous sont confiées, ou qu’on soit incompétents devant de nouvelles attributions.

La faute à qui ?

A celui qui a toujours refusé de promouvoir de bons éléments, d’accorder des formations à la hauteur des enjeux, de remplacer des outils défectueux ou tout simplement à celui qui recourt allègrement au copinage là où on attend de lui des appréciations objectives.

Pourquoi les managers eux ne reconnaissent jamais qu’ils ont été défaillants ? Il leur est plus facile d’asséner des théories sur le bien être ou le bonheur au travail. Le « Chief Hapiness Officer » ( responsable du bonheur en entreprise ) est devenu un profil dont vont se doter de nombreuses entreprises.

Mais on a beau trouver un joli nom au joli concept, rien ne s’améliorera si son rôle se cantonne à :

  1. Faire croire dans le discours que l’épanouissement peut se trouver dans l’entreprise quand dans la réalité l’univers professionnel nous consume.
  2. Faire diversion en organisant des sorties entre collègues ou des journées “on va faire des gâteaux” quand au même moment le salarié qui rentre chez lui le soir tombe sur une lettre d’avertissement pour objectif non atteint.

Le changement doit venir d’une prise de conscience collective des priorités dans nos entreprises, dans notre société.

La notion de revenu universel au cœur des débats actuels fait rigoler certains qui n’hésitent pas à parler d’utopie. Mais quoi de dramatique à penser un autre type de société qui a le mérite de proposer une solution où l’individu est perçu comme un être précieux?

En quoi le modèle dans lequel nous baignons actuellement est-il tant que ça une réussite ? A voir l’écart qui se creuse de plus en plus entre les nantis et les plus pauvres, on peut en douter.

En fait comme beaucoup, ça m’énerve que des gens bien soient détruits par leur environnement professionnel car je me sens impuissante à leur venir en aide. Et ce n’est pas parce que je suis plutôt bien lotie ( pour le moment ) que je suis indifférente à ce qui se passe autour. Bien au contraire. Ma révolte reste intacte.

Petite dédicace à Séverine, Sandrine, Anne, Marine, Nicolas, Jo, K, H, S.

Vilédé GNANVO

Comme un air de nostalgie

Comme un air de nostalgie

 

Cela fait deux semaines que je suis en vacances au Bénin, dans mon pays d’origine. J’ai eu l’occasion de manger tous les mets qui me manquent en France, de redécouvrir le patrimoine culturel et de m’immerger à nouveau dans l’ambiance festive des discothèques de Cotonou.

Ce matin, je me suis assise sur la terrasse, l’ordinateur posé sur le genou pour lire mes mails et m’informer un peu sur l’actualité en France.

Mais je suis gênée car il y a du bruit. Je n’arrive pas à me concentrer. Depuis une heure, j’entends une playlist de musiques qui se succèdent. Il s’agit d’une compilation de tubes divers (musique traditionnelle, musique en vogue du moment, RnB). Je trouve que le volume est fort, trop fort. Je me lève pour voir si cela provient de la chambre, prête à demander à ce qu’on baisse le son. Après tout, je veux du calme pour me concentrer. Je suis en vacances pour me reposer.

Mais je réalise que la musique vient de l’extérieur. De la maison d’à côté ! J’ai l’impression de subir alors que « Moi » j’ai décidé que c’était le moment d’avoir un peu de tranquillité.

Je bouillonne intérieurement. Je suis prête à sortir pour râler quand soudain, je me rends compte que c’est précisément ça qui m’avait le plus manqué au début quand je suis arrivée en France bien des années auparavant.

Les maisons ouvertes les weekends et la musique provenant d’on ne sait exactement où. Je prends conscience que cela faisait partie de la vie quotidienne, de l’ambiance. J’ignore même si à l’époque, ça gênait ou pas. Quoi qu’il en soit, je n’avais jamais été témoin d’une plainte de quiconque pouvant faire référence à un problème de voisinage.

En un court instant, je revois ma mère trente ans auparavant, s’assoire le dimanche sur le canapé pour se passer du vernis à ongles, avec comme bruit de fond un mélange de rythmes venant de maisons différentes. Je me rappelle que deces musiques, je n’en entendais qu’une seule, probablement celle qui me plaisait le plus.

Ce souvenir m’a apaisé, car ce n’est plus d’une nuisance venant de voisins trop bruyants qu’il s’agit, mais de l’image que j’ai des douze premières années passées au Bénin.

Plus rien à faire du besoin de calme. Exit l’actualité française, les retombées de la dernière émission politique de Léa Salamé, Emmanuel Macron se présentant pour 2017 ou pas, probable réconciliation entre Martine Aubry et François Hollande, les péripéties des habitants d’une certaine maison du secret…

Je suis en vacances et je viens de retrouver une ambiance que j’avais perdue. Alors je me détends et j’apprécie l’instant de beauté, pur moment de bonheur.
J’ignore pour combien de temps je l’apprécierai encore tant cette pratique se fait désormais rare. Mais ce qui est sûr c’est que ce dimanche matin, j’ai aimé ça aussi du Bénin.

Vilédé GNANVO

Pin It on Pinterest