Cette année encore la Défense Jazz Festival a rempli sa mission et contenté de nombreuses personnes en proie à des moments festifs dans ce quartier d’affaires. Pour ses 40 ans, l’événement s’est déroulé sur le parvis du 19 au 25 juin 2017 dans une ambiance chaude pour ne pas dire caniculaire.
Qu’à cela ne tienne ! Il y avait quand même du monde.
Le mardi 20 juin vers midi, je me suis installée pour découvrir de nouvelles sonorités. Il fait beau et pas encore trop chaud. C’est l’heure de déjeuner et on commence à voir des gens sortir des bureaux pour profiter de la musique.
Je suis frappée par une chose. Cette sensation, je l’ai éprouvée pour la première fois alors que cela fait pourtant huit ans que je travaille non loin de là. Le week-end passé dans les rues de Paris, au parc ou ailleurs, même s’il faisait un temps similaire, rien ne m’avait interpellé. Mais là, l’objet de mon désarroi tournait autour de la manière dont les gens étaient habillés, les femmes en particulier.
Où est passé le « Dress Code » qui fait rêver ?
Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser ce qu’est La Défense pour ceux qui ne la connaissent pas.
Ce n’est pas exagéré de dire que c’est l’équivalent de la City à Londres ou de Wall Street à New York. C’est le plus grand quartier d’affaires de Paris. Dans ce lieu est concentrée une grande partie des jeunes cadres dynamiques de ce pays. Beaucoup de sièges sociaux des entreprises du CAC 40 arborent leurs logos en haut des fameuses tours qui font sa réputation.
Aussi, en termes de « dress code » on s’attend à un niveau à la hauteur de l’élégance française : des silhouettes aux allures de « business (wo) men » comme on voit sur les plaquettes de présentation des entreprises.
Pourtant, ce n’est pas tout à fait ce que j’ai constaté. J’ai vu:
- Des jupes très très courtes et des minirobes.
- Des vêtements très moulants ou transparents.
- Des décolletés plongeants.
- Des femmes avec des talons hauts avec lesquels elles ont manifestement du mal à se déplacer.
- Des hommes avec pantalons qui tiennent à peine sur leurs mollets et qu’ils sont obligés de remonter sans cesse avec parfois le spectacle de la raie inesthétique qui s’expose aux regards.
Cela m’a beaucoup questionné, moi qui me voyais inconditionnellement en faveur de toute liberté de s’habiller, sans a priori ni sur la nudité, ni sur le corps largement couvert.
Néanmoins, ces vêtements dans ce contexte précis me sont apparus inadaptés à un environnement professionnel. J’ai ressenti comme une marque de désinvolture vis-à-vis de l’employeur et des collègues. Comme s’il n’y avait plus aucune conscience des matières, des styles, des morphologies et des codes établis.
J’ai soudainement pris conscience qu’en 15 ans, les choses se sont inversées et qu’auparavant, il y avait une nette distinction entre la garde-robe professionnelle et celle réservée à la vie de tous les jours ou aux loisirs. Sans doute est-ce aussi mon regard qui a changé, car finalement il n’y a rien de dramatique si les codes sont désormais moins stricts. Non, rien si ce n’est la disparition de l’idéal que j’aurais aimé conserver de ce lieu. C’est dire si c’est peu de chose…
Mais au fait, que dit la loi à ce sujet ?
L’Article L1121-1 du Code du travail précise : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché »
En gros légalement, chacun peut s’habiller comme il veut dans la limite de la décence, mais à condition de respecter les obligations liées aux protections nécessaires à la sécurité ou à l’hygiène dans certains métiers. Des règles écrites ou inscrites dans les conventions collectives peuvent donner lieu à des contraintes selon la nature du travail (contact avec le client par exemple).
De ce fait, le code vestimentaire en entreprise est souvent tacite. On se conforme à ce que les autres font, à ses propres limites ou pudeurs. Il est vrai aussi que sans un repère clair, la jauge de la décence peut être compliquée à trouver. Car un environnement trop restrictif peut vite s’avérer insupportable.
C’est d’ailleurs pour insuffler un peu plus de lâcher prise qu’a été institué le « Friday wear » mettant à l’honneur le look décontracté les vendredis.
Plus récemment en période de canicule, un groupe de conducteurs de bus s’est approprié le port de jupes, faisant ainsi un pied de nez à l’interdiction de mettre des shorts pour le travail. Ils ont ainsi trouvé une façon habile de respecter le règlement tout en essayant de s’assurer un peu de confort inimaginable dans des pantalons trop couvrants.
Et si on va encore plus loin, on peut citer l’exemple du « Naked friday » proposé à des salariés d’une start-up britannique dans le cadre de sa politique d’impulsion du bonheur. Se débarrasser de toute pudeur afin de recentrer l’essentiel sur l’humain. Le concept « Travailler nu au sein de l’entreprise » est prôné par le psychologue David Taylor pour qui « la nudité renforçait la cohésion d’équipe, désinhibait les collaborateurs et participait à la pacification des relations au sein de l’entreprise ».
L’habit ne fait décidément pas le moine.
On n’en est pas là encore à la Défense. Et Je finis donc par admettre que tout, y compris mon regard évolue inévitablement à mesure que le temps passe. Je regrette que les vêtements ne reflètent plus l’image que j’ai toujours eue de la Défense ! Celle des jeunes cadres qui vont diriger ce monde !
A en juger la posture de certains député qui ont refusé récemment de mettre la cravate à l’Assemblée, j’ignore tout ira dans le bon sens ou pas. Mais une chose est sûre, puisque l’habit ne fait pas le moine, il ne détermine donc en rien la compétence.
Et ça au moins, c’est très rassurant.
Vilédé GNANVO
Bonsoir,
J’ai passé du temps sur tes articles et je me suis attardé sur celui là pour y laisser un commentaire pour enrichir la discussion.
Pour moi, l’habit fait le moine. Entendons nous bien, si la manière avec laquelle on se présente au monde en dit long sur nous en laissant moults indices sur notre profession ou notre origine socio-culturelle, elle ne prouve pas qui nous sommes, car l’être humain est trop complexe pour être réduit à ces quelques indices. Comme tu le dis à la fin, l’habit ne détermine donc en rien la compétence.
Si pour moi, l’habit fait le moine, c’est parce qu’on ne naît pas moine, on le devient. Si nos choix nous définissent, nos habits peuvent confirmer nos choix. La tenue du juge ou de la policière confirme sa fonction au yeux de la société, et cette confirmation fait partie partie du processus de reconnaissance qui fait le moine…