Événements culturels

L’art et l’engagement

L’art et l’engagement

L’association ART’MURS ne se contente pas de promouvoir l’art urbain. Elle a dès sa création eu le désir de s’investir auprès de structures ou institutions qui interviennent dans divers domaines, afin d’optimiser la prévention sanitaire, la sauvegarde de la biodiversité, ou encore l’assistance à une population fragile.

Dans le cadre d’un mois d’octobre dédié, elle rosit pour sensibiliser sur le cancer du sein, en participant avec l’artiste M’SIEU BONHEUR à « l’art pour contrer le cancer » entrepris par Femmes de cœur d’espoir. Lors de cette journée, l’artiste fera un live painting. «Son œuvre sera proposée à la vente en soutien à l’association organisatrice : 50 % du prix de vente leur sera alors reversé en guise d’appui pour les actions de prévention du cancer du sein ».

Car comme le rappelle L’Institut National du Cancer, « Le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment observé chez les femmes en France, comme dans l’Union européenne et aux États-Unis… S’il est dépisté à un stade précoce, la survie à 5 ans est de 99 %. ». Il n’est donc jamais vain de rappeler que toute action visant à sensibiliser constitue un apport important dans la lutte à mener pour réduire les risques de développement de la maladie. De simples gestes de palpations suffisent parfois à détecter une anomalie. L’incitation à réduire la consommation d’alcool est tout aussi salutaire.

Graphique sur les chiffres du cancer

Cette préoccupation de sensibilisation s’inscrit tout à fait dans les ambitions qu’Art’Murs, n’a eu de cesse de concrétiser en accompagnant des causes qui contribuent à un mieux-être collectif.

Petit rappel des faits

Son inauguration en 2018 a eu lieu dans les locaux du Secours Populaire IDF. En 2019, elle était aux côtés de l’EFS et l’association Noé pour monter l’expo « A.O.B – l’Art Œuvre pour la Biodiversité ».
                                   
                                       Lire aussi : A.O.B : L’expo qui concilie esthétique et éthique

Durant la pandémie de covid et les 2 confinements qui ont suivi, elle a mené entre autres, le projet solidaire Re-Naissances via une exposition virtuelle. Les recettes des œuvres vendues élevées à 22 585 euros avaient été intégralement partagées entre les artistes et le Secours Populaire IDF.
                                   
                                      Lire aussi : 11 mai 2020 : Tout repose sur le strict art…de mettre le masque

Qu’elle le fasse de manière virtuelle ou physique, l’association Art’MURS collabore avec bon nombre d’artistes également investis dans les problématiques qui invitent à des prises de consciences. Un large aperçu de leur travail est par ailleurs disponible sur la toute nouvelle boutique développée en ligne.

Samedi 28, elle sera présente, aux côtés de M’sieu Bonheur pour une après-midi marquée par des animations culturelles festives, et l’intervention d’un oncologue. L’événement se déroulera à la Maison pour tous Youri-Gagarine, 11 avenue du 1918 à Champigny-sur-Marne . 

L'art contre le cancer

Vilédé GNANVO

Gainsbourg et cætera…

Gainsbourg et cætera…

Cette exposition proposée depuis le 27 février à la Galerie OneTouTou examine Gainsbourg sous plusieurs facettes: sa musique, sa créativité, et sa singularité. « Une quarantaine d’artistes (peintres, pochoiristes, illustrateurs, dessinateurs, photographes…) ont contribué à l’événement pour rendre hommage au chanteur, parolier, musicien…à l’occasion du 30e anniversaire de sa disparition. » [1]

Créativité et engouement

Disposées dans 3 salles dont les stands annexes de la galerie située au stand 122 du Marché Dauphine, les œuvres invitent à entrer dans une ambiance rétro des années quatre-vingt à travers photos, illustrations, peintures, dessins, pochoirs… Ce choix de répartition physique permet « d’avoir l’espace d’aération nécessaire pour apprécier les œuvres exposées, d’autant que la distanciation physique est plus que jamais de rigueur » [2]

Cette figure provocatrice loin de faire l’unanimité était parfois conspuée pour les valeurs qu’il véhiculait. Pour autant, en matière de perception, les artistes qui lui rendent hommage ici semblent avoir en commun, les indicateurs positifs d’appréciation de sa personnalité : un esprit engagé et transgressif mis en avant pour mieux cacher une sensibilité à fleur de peau.

Chacune des créations y va de la réimagination d’un Gainsbourg prompt à aller à rebours du système établi. Elles explorent aussi  la thématique de la liberté de ton. Ni les instruments dont ils se sont emparés, ni les couleurs, et encore moins les supports des œuvres ne figent le visiteur dans un passé ou une nostalgie, tout reste dans l’air du temps.

Capturées à plusieurs reprises par le photographe PierreTerrasson , les créations examinent la complexité du chanteur poète , avec sa personnalité à double tranchant collant à ceux qui « consument» la vie. Les affinités entre la peinture et la photographie se mesurent dans les collaborations d’un Yarps « fan depuis toujours de Gainsbourg » qui s’empare des photos pour en présenter des déclinaisons en pochoir.

Sont également proposées en clin d’œil musical, des réalisations sur disques vinyles, ou encore des portraits de l’artiste « clope au bec » (par exemple les pochoirs sur toiles  de Mr.Lolo ou Diane ), cet élément indissociable du personnage à une époque où fumer sur un plateau de télé était monnaie courante.

En parlant de monnaie, d’autres comme Carole b. dévoilent une création en prenant pour base la matière « argent » à l’origine de l’un des actes les plus controversés de Serge Gainsbourg qui avait effrontément brûlé le billet de 500 Francs en direct à la télévision.

Une « vielle canaille » représentée par Crey132 dans une toile réalisée à la bombe et qui ressemble à s’y méprendre à une photographie tant elle capture techniquement la lumière. Quant à Mélissa Perre , elle souligne l’imbrication constante entre vie privée et vie publique de l’artiste multidisciplinaire, avec la production d’une toile sur ardoise, « Jane, à la folie » réalisée à la gouache et acrylique, entièrement peinte à la main. Cette toile montre le couple ainsi formé pendant un certain temps,  artistiquement et intimement.

Mon focus!

Je retourne ma veste - Par AKELO - ©nofakeinmynews.com
Pour ma part, j’ai trouvé qu’il y avait de très belles pièces proposées dans les 3 trois salles. Je me suis un peu plus attardée sur « Je retourne ma veste », magnifique peinture réalisée à l’huile sur un support en bois par l’artiste Génia Akoulova, akka Akelo , et qui m’a livré en mini interview quelques mots sur l’œuvre, sa motivation à participer à l’exposition et son morceau préféré. 

Jean Yarps m’a invité à participer à cette expo extraordinaire, car il a beaucoup aimé mon travail sur l’hommage à Pedrö! de Belleville et j’en suis très heureuse.
J’ai choisi cette forme en référence aux icônes qui se plient, pour souligner ses racines russes juives. (Ses parents parlaient russe à la maison et ont été chrétiens orthodoxes). Pour moi Gainsbourg c’est un poète, un ménestrel, d’où sa chemise un peu Botticelliène ».
Mon morceau préféré c’est “le boomerang” mais j’aime beaucoup plein d’autres. Je pense que mis à part son véritable talent pour l’écriture, sa capacité de s’approprier toutes les musiques du monde et en faire des choses originales, le fait qu’il est inclassable me plaît beaucoup

Akelo

ETC…

Assez peu interessée dans les années 80  par son style musical, je suis restée bloquée sur l’image d’un homme dont les coups d’éclat médiatiques m’exaspéraient. Je n’ai donc jamais cherché à explorer l’étendue du talent de Serge Gainsbourg.

Pour autant, l’hommage rendu par la quarantaine d’artistes qui se sont investis dans cette expo ne me laisse pas de marbre. Car de part l’éclat, les couleurs et les messages qui caractérisent les œuvres exposées, une connexion évidente semble s’être faite entre le chanteur décédé et ceux qui le célèbrent, révélant un engouement profond pour son univers, sa personnalité et la façon singulière par laquelle il a marqué une époque.

Vous l’aurez compris, en y allant, votre regard s’arrêtera forcément sur plusieurs objets d’art dont la densité donne une dimension poétique à l’expo, riche d’une programmation éclectique. Vous pourrez feuilleter des ouvrages dédiés, repartir avec des pièces disponibles et accessibles à tout budget, ou encore assister à des performances live.

Vilédé GNANVO

Pour plus d’informations

L’expo, se déroule tous les samedis, dimanche et lundi de 10H à 18H , jusqu’au 18 avril 2021 !
Lieu : Galerie OneTouTou (actuellement occupée par Yarps, Reyol Enjoy et la plateforme We Need Art)
           (stand 122) Marché Dauphine   132-140 rue des Rosiers
           93400 Saint-Ouen

Sources 
[1] Dossier de presse de l’expo
[2] @anna_panam_

11 mai 2020 : Tout repose sur le strict art…de mettre le masque

11 mai 2020 : Tout repose sur le strict art…de mettre le masque

La pandémie de Covid-19 a provoqué la mise en quarantaine brutale de millions de personnes. Elle est venue bousculer un domaine artistique déjà soumis à une certaine fragilité économique. Mais face à l’urgence des événements, les artistes ont dû improviser pour essayer de continuer leur activité. Il ont relayé les messages sanitaires et beaucoup se sont investis dans des projets solidaires pour venir en aide à ceux qui sont en première ligne.
Dans cet article, je mets en avant quelques projets avec les témoignages de 5 protagonistes du secteur, qui ont mis les mains dans le cambouis virtuel depuis le 16 mars.

 

La « pandéconomie »  

Les mesures de confinement dues à la pandémie ont frappé un secteur culturel en souffrance depuis longtemps, et qui fait vivre 1,3 million de personnes. Il est mis face à sa peur de ne pouvoir se relever facilement car malgré l’appétit des Français pour ce domaine, le poids économique direct de la culture a cessé de progresser depuis 2013 [1] .  En deux mois, les suppressions ou report d’événements se sont enchainés. Le printemps est la période propice aux foires ou salons d’art, qui se sont vus annuler les uns après les autres. Les galeries d’art sont fermées . Le manque de visibilité sur les dates d’ouverture n’est pas là pour rassurer. Les organisateurs sont confrontés à des dépenses déjà engagées. Pour beaucoup d’acteurs, structures ou artistes individuels, les charges fixes nécessaires à la production demeurent, que ne couvrira pas la suspension des activités pour une durée non déterminée. Ils y perdent donc une part non négligeable de sources de revenus.

La création artistique dans sa globalité est durement touchée. Pour l’heure, le vaste plan de sauvetage culturel évoqué il y a quelques jours n’a pas précisément détaillé quelles structures pourront ouvrir demain ni  les conditions sanitaires précises dans lesquelles cela se fera.

Et si on se penche plus particulièrement sur le street art, on constate qu’il paie un lourd tribut face au confinement. Nombreux de ses acteurs ont une pratique itinérante, et ont vu une grande part de leurs périmètres et supports d’expression (la rue, les murs…) devenir impraticables. Déjà que cette branche artistique doit jouer des coudes pour être reconnue à sa juste valeur dans une industrie culturelle aux enjeux variables… Sur son site le 24 avril dernier, le galeriste Joël Knafo mettait le doigt sur les difficultés à venir : A la sortie du confinement et dans les mois qui suivront, il y aura beaucoup de casses dans le street art, peut être plus que pour les autres disciplines de l’art contemporain.

La même inquiétude trouve échos chez d’autres artistes que j’ai eus à questionner. La peur du lendemain et les incertitudes sont bien réelles. Ainsi en témoigne l’artiste peintre  Annabelle Amory via deux post publiés récemment, l’un sur Instagram le 24 avril, l’autre sur Facebook le 05 mai .

Car contrairement aux idées qu’on peut se faire , beaucoup d’artistes  dont les street artistes vivent sous le seuil de pauvreté . La dernière étude de la Fédération de L’Art Urbain  montre que les ¾ des revenus de ceux interrogés sont issus de leur pratique artistique, et seulement 40 % d’entre eux se déclarent satisfait de leur situation économique

À la question quelles ont été les conséquences du confinement sur elle, l’artiste Carole b. m’explique en quoi la survenue des restrictions pendant cette période est compliquée. Même si elle réalise de petites œuvres, cela lui prend beaucoup de temps. « Les artistes ne sont pas tous riches. Il y en a pas mal qui vivent sous le seuil de pauvreté ». Elle s’est retrouvée comme beaucoup limitée dans ses possibilités d’acheter du matériel ou d’avancer correctement dans sa production de pochoirs car : 
– les points de vente étaient fermés
– les rentrées d’argent étaient de toute façon quasi nulles
– les mouvements de son lieu de confinement à celui de production irréalisables.
 
Allant dans le même sens qu’ Annabelle Amory qui met le doigt sur la précarité des artistes, le fait qu’il faille « payer pour être visible dans les foires ou salons » , les frais d’inscriptions qu’il faut avancer, Yarps , pochoiriste et locataire de la Galerie One Toutou avec le photographe Pierre Terrasson  aux Puces de Saint-Ouen, revient longuement sur sa situation . « Pour le travail d’artiste, ça va être vite réglé. Depuis la fermeture des Puces, c’est zéro recette. On va devoir continuer à payer les loyers. Ce n’était déjà pas joyeux avant, mais là, à l’ouverture, je ne pense pas que les ventes vont exploser, je doute que les gens viennent en nombre pour acheter ».
 
Dans ce contexte particulier, comment traverser cette urgence sans annihiler le désir de créer? Avec leurs appréhensions, ils ont cherché d’autres sources d’inspirations pour essayer de rester dans leur passion. Faire survivre à tout prix la pratique de leur art, conscients de ne peut-être pas continuer à pouvoir en vivre.
Et c’est une fois de plus grâce aux réseaux sociaux que beaucoup ont pu continuer à agir.

Mobilisation tous a(rt)zimuts

Plusieurs street artistes ont décidé d’apporter leur soutien à ceux qui sont restés en première ligne, le personnel soignant en premier. Cela a souvent pris forme via des projets solidaires, avec la mise à disposition de nouvelles œuvres créées dans la foulée et diffusées de manière numérique.

A titre d’exemple, Carole b. revient sur ses engagements et égrène les raisons qui la poussent à se positionner sur un projet. Au début du confinement, elle a choisi de lancer en ligne un petit jeu concours pour faire gagner des personnes avec de petits moyens. A la clé, des cartes postales à écrire et un badge pour les personnes isolées encore plus fragilisées dans le contexte actuel et auxquelles on ne pense pas toujours. Car les associations ne peuvent pas apporter leur aide correctement comme elles le voudraient. Et les mettre en avant par une action concrète apparaît comme une priorité. C’est également ce qui l’a poussée à soutenir les aides-soignants réunionnais. Selon elle, les Dom Tom sont en général oubliés par la métropole, les structures ne sont pas toujours en place dans les territoires. Pour cela, elle s’est engagée à reverser une partie des ventes des affiches « Wonder Women » à la PTA 974 (Plateforme d’Appui Territoriale La Réunion), organisme chargé de soutenir les soignants de la Réunion.

J’ai voulu aussi sensibiliser à cette cause sur la disparité au niveau médical dans des départements qui sont loin et n’ont pas les mêmes facilités pour faire les soins, alors j’ai participé à un projet pour mettre en évidence un des départements les moins dotés médicalement parlant … En ce qui concerne le projet Re-naissances, c’est que là aussi il y a une partie des sommes qui est reversée à l’artiste. Parce que le solidaire c’est bien, mais il ne faut pas non plus se mettre soi-même en difficulté. Il est important de trouver le juste équilibre entre trouver de quoi subsister tout en apportant un maximum d’argent à une cause. Mais quoi qu’il en soit, dans tous les cas, il y a la satisfaction de voir que concrètement, les projets apportent des sous qui permettent aux structures d’acheter du matériel ou d’agir.

Carole b.

Artiste

Pour ma part, j’ai choisi de mettre le projecteur sur 5 initiatives lancées en ligne, qui sont venues concrètement en appui au besoin de sortir la tête de l’eau pour certains, et aux désirs d’évasions pour d’autres. J’ai pu à cette occasion recueillir la parole de quelques protagonistes au cœur de ces nouvelles organisations, en tant qu’initiateur de projets ou artistes créateurs engagés de longue date dans des causes solidaires.

ConFUNement : la simplicité et l’accessibilité à tous

ConFUNement par ami-imaginaire

J’ai un coup de cœur particulier pour ce projet car son objectif initial est simple: répondre de manière pragmatique à un besoin identifié sur le terrain, et couvrir des problématiques de la vie quotidienne d’un grand nombre de parents durant le confinement. Pour ce faire, la street artiste Ami imaginaire ( initiatrice de ConFUNement et par ailleurs engagée dans d’autres projets solidaires ) a invité et réussi à fédérer d’autres artistes pour qu’ils mettent en ligne des dessins à colorier , téléchargeables gratuitement. À ce jour, plus d’une cinquantaine de « super street artistes confinés » ont répondu présent et de nombreux foyers ont posté leurs réalisations .
Quoi de mieux pour en savoir plus sur son approche du projet que de lui donner la parole ?

1- Qu’est ce qui a déclenché le projet conFUNement ?
Ça a été un élan spontané de ma part dès le début du confinement, j’ai pensé à mes amis qui ont des enfants en bas âge qu’il allait falloir occuper, et j’ai également pensé à toutes les personnes qui comme moi se sont retrouvées dans un état d’anxiété extrême à cette période. Le coloriage c’est relaxant, ça permet de se concentrer sur quelque chose de fixe mais sans intellectualiser quoi que ce soit, c’est méditatif. Ça fait du bien de choisir des couleurs, de les associer, c’est calmant… Moi c’est ma thérapie depuis toujours ! J’en avais besoin à ce moment-là et je me suis dit que je ne devais pas être la seule …alors c’est quelque chose que j’ai eu envie de partager. Ça a été ma manière aussi de me rendre un peu « utile » dans ce contexte où on se sent complètement impuissant, et de continuer plus ou moins consciemment le travail que je fais dans la rue : du contenu gratuit et accessible à tous, qui (j’espère) redonne un peu de joie et de légèreté dans cette sombre période. Après, j’avoue que sur le coup ce n’est vraiment pas un truc que j’ai intellectualisé : j’ai eu envie/besoin de le faire, alors je l’ai fait, c’est tout.

2 – Tu penses au vu de son succès qu’il va se pérenniser ou qu’il restera une parenthèse virtuelle que tu essaieras de refermer une fois la pandémie passée ?
Quand Urban Signature m’a proposé d’héberger les coloriages et que nous avons proposé à tous les copains du street art de participer, je ne m’attendais pas à une telle réponse. C’est génial ! Il y a aujourd’hui plusieurs dizaines de coloriages, de plein de super artistes, pour tous les goûts ! Pour le moment je ne sais pas ce qui va advenir de tout ça après le confinement, nous n’y avons pas réfléchi (une fois de plus : ça a été un mouvement spontané, sans calcul particulier de ma part, je n’ai pas d’objectif caché). Il est évident que je ne pourrai pas continuer à cette cadence après le confinement, car mine de rien cela prend pas mal de temps (j’ai déjà du mal à tenir le rythme au bout de quelques semaines). Mais j’ai vraiment adoré partager ce type de contenu car ça a engendré un vrai échange humain – ô la joie de recevoir les photos de tous ces coloriages, des enfants et des grands ! Tous ces échanges, tous ces petits mots, ça fait vraiment chaud au cœur et ça m’a grandement aidée aussi ! – Donc je pense continuer à le faire ponctuellement de temps en temps. J’ai pas mal d’idées, pas seulement de coloriages d’ailleurs, je viens de finir un petit jeu ! J’aurai, je pense, également envie de regrouper tous mes coloriages ensemble, peut-être sous la forme d’un album souvenir, je ne sais pas encore. Pour le moment c’est pas très important, tout ce qui compte, c’est que ça vienne du cœur et que ça fasse un peu de bien.
Ami imaginaire

Street artiste et initiatrice de ConFUNement

RE-NAISSANCES : l’agilité dans la réalisation et le déploiement

Affiche expo virtuelle Re-naissance par Art Murs et Secourps Populaire

Après l’expo Naissances en février 2019, l’Association Art’Murs s’inscrit à nouveau dans un projet solidaire, via une exposition virtuelle. Le souci, est de continuer à soutenir les artistes, pour qui cette période peut s’avérer compliquée, sans revenus, sans exposition, sans commande de mur, etc… La démarche est désintéressée. Les artistes perçoivent 50 % du prix de vente de leur œuvre, et les autres 50 % reviennent au Secours Populaire pour les soutenir dans leurs actions. Les œuvres sont présentées au fur et à mesure de leurs créations sur les comptes Instagram et Facebook de l’association qu’on peut également contacter par mail ( assoartmurs@gmail.com ) pour acquérir celles qui sont encore disponibles. Au moment du bouclage de l’article, le bilan est :
– 65 artistes ont participé, parfois pour 1 ou 2 œuvres
– 48 oeuvres ont été vendues
– 12520 euros ont été récoltés dont 7487 euros reversés  au Secours Populaire
– Il reste une petite vintaine de productions d’oeuvres à venir d’ici au 15 mai

Voici ce que dit la Présidente de l’association à propos de cette expérience. 

Quel dynamisme ça a créé d’organiser en virtuel un tel projet ?
Par rapport aux artistes ? En fait, on a sollicité ceux avec qui on a déjà travaillé ou avec qui on avait des projets futurs. Ils étaient enthousiastes pour la grande majorité car eux aussi avaient envie de faire quelque chose qui a du sens. Ils ont été beaucoup sollicités pour certains projets ou ils sont totalement bénévoles. Ils étaient ravis d’y participer mais avec nous, le retour qu’on a eu est que « c’est cool que vous pensiez à nous car pour nous aussi c’est la galère en ce moment ». Ils ont pris conscience que l’asso Art ‘Murs est vraiment là pour eux, même pour ceux qui ne l’avaient pas encore intégré.
Et puis il y a eu un sacré dynamique autour de… on a eu énormément de sollicitations d’artistes pour participer au projet. Certains faisaient des trucs très sympas mais hors de notre ligne directrice donc ça a été compliqué de leur dire non parfois. Je me suis bien sûr posé des questions car dire non n’est pas toujours évident non plus…

Est-ce que ça pourrait changer des choses sur ta manière d’organiser les projets à l’avenir une fois la parenthèse fermée ?

Clairement, je trouve que ce projet est assez chronophage et le format n’est pas dans l’idéal de ce que j’ai en tête pour notre asso. Le format manque du type de relation qu’on a envie de développer et qui est l’ADN d’ Art ‘Murs. Les échanges et rencontres entre les publics… Ça disparaît complètement. Ce n’est donc pas une façon de travailler que j’ai envie de développer plus que ça. Pour autant, ça pousse quand même à la réflexion et bien entendu on en discutera avec tous les membres de l’asso. Peut-être que ça donnera des idées et qu’on se dotera d’outils complémentaires tirés de cette expérience.

Quel bilan tu peux dors et déjà tirer de ce projet ?

La communauté autour de l’art urbain est hyper active sur les reseaux sociaux et surtour sur Instagram. Et moi j’ai été surprise par le succès des ventes car beaucoup d’œuvres ont été produites et vendues. Et puis j’ai été assez agréablement surprise du nombre de gens qui, sans acheter, nous ont manifesté leur soutien par des remerciements et des encouragements. Ça nous conforte dans l’idée que notre initiative était à la place qu’on voulait pour elle. C’est vachement cool ! Ça donne la pêche pour continuer car il y a un côté fastidieux autour de l’organisation virtuelle…
D’ailleurs, on devait s’arrêter le 11 mais là je vais prolonger jusqu’au vendredi 15 mai. Ce sera la dernière date où de nouvelles productions d’œuvres seront faites. Les œuvres non vendues resteront accessibles mais il n’y en aura pas de nouvelles produites.
Sabine Meyer

Présidente d' Art'Murs et initiatrice du projet Re-Naissances

Projet CONFINEMENT : la solidité d’un réseau bien implanté

Page de Confinement  Festival d’arts urbains par Saato

Ce projet a été mis en place sur une idée du pochoiriste Raf Urban et en association avec Saato . Un appel a été lancé à plus d’une centaine d’artistes français dans le but de créer des œuvres en format A4 dans un délai court, afin d’apporter un soutien immédiat aux personnels soignants de France. Les œuvres créées sont exposées en ligne . Les recettes des ventes sont intégralement reversées au fond d’urgence de l’AP-HP via la Fondation AP-HP.
Le bilan de ce projet qui s’est achevé le 10 mai au soir:
– 208 artistes ont participé
– 274 oeuvres ont été produites et toutes ont été vendues
– 280 personnes ont contribué et permis de récolter 86365 euros , auxquels il faut rajouter 1350 euros de promesses de dons (règlements par chèques)

Ce « premier festival d’Art Urbain Confiné » a réuni plusieurs artistes de street art dont  Yarps qui m’a livré en quelques phrases les raisons de sa participation.

Quand ils m’ont contacté pour ce projet, j’ai trouvé que c’était bien. Quand je peux contribuer à mon petit niveau à ce genre de choses, je le fais avec plaisir car les hôpitaux et les soignants, je les connais bien. J’y ai fait pas mal d’allers-retours suite à mes accidents … Le personnel soignant est traité n’importe comment et là, c’était l’occasion de leur rendre hommage. Ils sacrifient leur vie et je pense que ça méritait au moins un geste. Pour le projet, j’ai réalisé un nouveau pochoir en prenant comme base  une matrice que j’avais déjà, car je ne peux pas tout découper là. Puis j’ai bombé et collé un masque en miniature . C’était ma petite pierre à l’édifice. C’est l’occasion d’ailleurs de parler aussi du travail numérique réalisé par Elvis Comica , une œuvre qui représente une infirmière elle-même passionnée de street art. Il y a là-dedans une vraie cohérence, la boucle est bouclée.

YARPS

Street artiste et locataire de la Galerie One Toutou avec le photographe Pierre Terrasson

#LESAMISDESARTISTES : l’ orientation « secteur »

Image tirée du site internet du projet #lesamisdesartistes

Les amis des artistes, c’est un collectif d’artistes issus d’horizons divers qui essaie via son projet de soutenir la création artistique . L’artiste met en vente jusqu’à 3 œuvres, dont au moins une à moins de 500€, ceci en accord, lorsqu’il y a lieu, avec la galerie qui le représente. Les œuvres sont publiées sur ses réseaux sociaux avec le hashtag #lesamisdesartistes . L’acheteur verse 70 % du prix directement à l’artiste et les 30 % restants sur une cagnotte solidaire Leetchi au profit d’une association assurant leur distribution auprès d’autres artistes. Le but est d’alléger les dégâts causés aux artistes impactés par les conséquences du COVID-19 . Une première opération a déjà eu lieu. L’opération 2 a débuté le 04 mai et sera en faveur du Bureau d’Aide Sociale de la Maison des Artistes.  Les inscriptions ou participations se font sur ce lien . En deux semaines d’opération, les sommes générées s’élevaient hier  à  60 000 euros de ventes dont 18 000 euros de dons 

L’artiste Annabelle Amory me livre ici sa motivation pour participer à ce projet

Alors, pour Les Amis des Artistes… En fait, depuis longtemps, je « déstocke » souvent des toiles pour en faire don à des associations qui les revendent. En cette période de confinement, j’ai renouvelé l’opération pour le projet Saato par exemple. Malheureusement, offrir des toiles signifie aussi ne rien toucher sur la vente. Avec les Amis des Artistes, je peux faire plaisir et me faire plaisir, mais également aider les autres artistes. Si la majorité des projets caritatifs de ce confinement sont en toute logique tournés vers le secteur hospitalier, il manquait des aides dédiées spécifiquement aux artistes. La seconde cagnotte des Amis des Artistes concerne le Bureau d’aide social de la Maison des Artistes, fonds dont j’ai pu personnellement bénéficier au début de ma carrière et qui m’a énormément aidée.

Annabelle Amory

Artiste peintre

CONFIN’ART: la prime à une galerie toute jeune

Image CONFINART tirée du site de la galerie WAWI
L’action CONFIN’ART menée par la Galerie WAWI  consiste précisément à mettre en lumière les œuvres que cette période inédite de confinement a inspirés à certains artistes. Elle souhaite ainsi faire partie de la chaîne de solidarité qui s’est formée, pour aider les plus vulnérables. La moitié des bénéfices réalisés par les ventes sera versée à la Croix-Rouge du 10e arrondissement de Paris , située dans la même rue que la galerie. Elle s’inscrit dans les actions comme « La Croix-Rouge chez vous » qui permet de maintenir  le lien social, par l’écoute et la livraison de repas, des personnes les plus isolées et vulnérables.

Au bal masqué, une valse pour l’art?

Comme on a pu le constater via cette sélection de projets, les initiatives individuelles ou collectives se sont multipliées en ligne à l’instar de Solid’Art  ou Creatives In Confinement que j’aurais pu également détailler…  Mais pour aider à mieux vivre le confinement, l’imagination déployée chez les artistes  pour représenter les masques n’a pas souffert de pénurie. Certains ont mis  en ligne d’anciennes créations, dans le but de relayer les consignes sanitaires nécessaires. Tous avaient en tête, la matérialisation d’un objet venu s’imposer dans notre actualité comme l’accessoire le plus efficace à ce jour pour contrer le virus.

A lire aussi  Bas les masques

Cette effervescence autour de la création numérique aura été salvatrice pour certains, et c’est tant mieux. 
À partir de demain, notre vie quotidienne devra se réadapter à de nouvelles normes sociales, sanitaires.  D’autres formes  dans les rapports à autrui vont apparaitre.
Nous avancerons à tâtons entre confiance, peur, discipline et résilience. Nous nous lancerons dans ce futur en essayant de soulever progressivement tous les masques qui occultent notre devenir en commun.
Mais chacun d’entre nous caressera l’espoir que l’art résistera à l’épreuve et restera un des antidotes au virus.

Prêts pour le déconfinement ? La lutte continue !

AKAA 2018 explore les axes Sud/Sud

AKAA 2018 explore les axes Sud/Sud

La troisième édition de la désormais installée foire AKAA (Also Known As africa) ouvrira ses portes au grand public dans quelques heures et durera jusqu’au 11 novembre au Carreau du Temple à Paris.

L’occasion une fois de plus de découvrir l’éclectisme d’une production artistique, à travers la seule foire d’envergure en France qui regroupe en un seul lieu tous les types d’expressions contemporaines (sculpture, peinture, photographie, installation, performance et design) d’artistes africains, ou ayant comme dénominateur commun de revendiquer un lien à l’Afrique.

Le lien comme fil conducteur de cette édition.

La foire place l’Afrique au centre. D’où la satisfaction de constater que les interactions qui se font autour des artistes de ce continent élargissent le périmètre d’intérêt au fur et à mesure que les éditions se succèdent.

Dans l’extension de ce qu’on a pu voir l’an passé, AKAA 2018 « accueille 49 exposants, avec des nouveaux venus du Portugal, d’Italie, d’Afrique du Sud ou du Maroc … Cuba, de France, des États-Unis, de Corée du Sud, de l’Île Maurice et du Moyen-Orient  »  [1] . 135 artistes issus de 40 pays (Afrique – Amérique Latine – Amérique du Nord – Asie – Europe) voient leur travail représenté sur les stands des galeries. L’idée est de créer une caisse de résonance d’une Afrique en dialogue avec d’autres régions du Sud.

Les exposants une fois de plus guideront les regards des visiteurs sur des artistes dont les influences sont au-delà de leur seul environnement géographique. De leurs échanges issus de contextes différents ont surgi des réalisations d’autant plus riches que parfois la recherche des racines aura été source d’inspiration.

A l’image de la quête d’origine qui se retrouve dans l’installation monumentale réalisée par de l’artiste cubaine Susana Pilar et conçue spécialement pour l’édition d’AKAA 2018. On peut l’admirer dans la nef centrale du Carreau du Temple. Dans les œuvres de sa série « Lo que contaba la abuela… » (Ce que mamie racontait…) qui composent l’installation, l’artiste révèle précisément l’histoire de sa famille et notamment ses racines sino-africaines. À travers le parcours de ses ancêtres femmes, elle construit une enquête et fouille dans son passé à la recherche de son ancêtre (masculin) arrivé à Cuba à la fin du XIXe siècle.

Une partie de l'installation de la série « Lo que contaba la abuela… » réalisée par l'artiste Susana Pilar - AKAA 2018 - ©No Fake In my News

Plus tourné vers l’avenir, il y a le travail du photographe Alun Be , non représenté en galerie mais  accueilli dans le cadre de AKAA Underground (le laboratoire de pratiques et de pensées artistiques …). Avec sa série « Edification  » , il questionne les notions de lien et héritage :

  • Le passage de l’enfance à l’âge adulte
  • Le passage des rituels ancrés dans les sociétés traditionnelles à un futur numérique inévitable

Dans les deux cas, la photo envisage la nécessité de la transmission. Et si l’impact des nouvelles technologies sur nos sociétés s’invite ainsi dans le débat c’est qu’il pose questions. Entre symboles traditionnels et casque de réalité virtuelle, heureux qui aujourd’hui pourra déterminer quelle empreinte marquera le langage universel de demain.

Enlightened Play de la serie Edification - Par l'artiste Alun Be - AKAA 2018 - ©No Fake In my News

Connexions Sud Global

Ce qui semble certain, c’est que le moyen le plus sûr de « rassurer le futur » reste dans la volonté de s’ouvrir à l’autre et d’échanger. C’est la démarche dans laquelle s’inscrivent déjà des galeries comme la Galerie Vallois qui met en lumière un dialogue entre les artistes béninois et cubains qu’elle représente, deux pays qui ont en commun l’héritage mémoriel de l’esclavage. C’est aussi l’ambition que se fixe la programmation culturelle de la foire, avec comme champ d’exploration les passerelles qui existent  entre divers artistes du sud, des Amériques à l’Asie en passant par le Moyen-Orient.
 
Via Les Rencontres AKAA, chaque intervenant participera de sa réflexion sur les partages des pratiques artistiques, le développement des savoir-faire et sur les initiatives qui portent l’art africain bien au-delà de ses frontières. L’état de l’art de l’Africain en pleine extension sera parcouru tout autant que ses perspectives d’avenir.
 
La conférence Pinceaux de lumière se penchera sur l’impact des programmes de résidences croisées d’artistes et en quoi ils participent de la valorisation des relations Sud/Sud et favorisent des rapports Nord/Sud plus horizontaux.
 
La table ronde What is blackness  aura pour thème de réfléchir à la signification du concept de « Blackness » aujourd’hui, comme esthétique ou expérience particulière, mise en lumière par un retour sur l’histoire des mouvements artistiques et politiques noirs et de leurs évolutions.
 
La rencontre Si je perds le Nord, puis-je encore trouver mon Sud ? portera sur la possibilité de se saisir du domaine artistique en tant qu’outil pouvant permettre de se soustraire de la cartographie créée par l’Europe de l’Ouest au XVIe siècle, et qui a divisé l’humanité entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas.
Autant de sujets qui font écho aux événements qui se produisent dans le monde, comme par exemple ces deux faits marquants de l’actualité cette semaine en France.
 
  • Le 4 novembre 2018, le référendum qui a eu lieu en Nouvelle Calédonie voit les partisans du non à l’indépendance l’emporter à 56,7 %. La victoire n’est pas écrasante, forçant ainsi les protagonistes des différents camps à une nouvelle phase de dialogue [2] et [3].
  • Cent ans après l’armistice de 1918, un monument rendant hommage à l’Armée noire a été inauguré le mardi 6 novembre à Reims, une façon d’honorer la mémoire et les origines de combattants des anciens pays colonisés [4].
Si je mentionne ces exemples, c’est parce que la création artistique s’imprègne toujours des questions d’actualité,  politiques ou sociétales. Ces thématiques de mémoire ou d’origines en font partie. Et qu’elles soient douloureuses pour certain ou salutaires pour d’autres, elles ne sont jamais vaines à interroger. Bien au contraire, elles rendent légitimes les débats sur ces connexions et ces dialogues du Sud Global, qui nous éclairent sur la société d’aujourd’hui et invitent à repenser la carte du monde. [5]
 
On comprend donc qu’en 2018 la diversité des liens qui unissent l’Afrique aux autres régions du monde  [6] soit mise en lumière par AKAA, foire qui permet de tisser des liens entre acteurs et amoureux de l’art.

Vilédé GNANVO

Pour plus d’informations : 

AKAA Du 09/11/2018 au 11/11/2018 au Carreau du temple; 4 rue Eugène Spuller ; 75003 – Paris France

 
Horaires
Vendredi : 12h-19h30
Samedi : 12h-21h
Dimanche : 12h-19h

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