Aujourd’hui, on voyage exprès d’un coin à l’autre pour admirer les plus belles formes d’art urbain. C’est ce que j’ai fait en me rendant récemment à Bruxelles pour découvrir STROKAR INSIDE ouvert depuis le 6 septembre 2018 en plein centre de la Capitale Européenne.

Depuis plus de 30 ans, l’art urbain ne se limite plus aux murs. Il entre régulièrement dans la scène des galeries d’art, s’approprie des espaces plus ou moins clos. L’underground est plébiscité par le grand public. Beaucoup d’initiatives existent pour permettre aux artistes d’être actifs en s’intégrant dans des projets éphémères, et rendre accessible un art longtemps ostracisé.

STROKAR INSIDE est un exemple de ce type d’initiative. Il a été mis en place par l’association non lucrative Strokar, « fondée en mars 2016, par Alexandra Lambert – CEO de Mad Brussels, fashion and design Platform, et Fred Atax , réalisateur et photoreporter durant 20 ans. » [1]  L’espace étendu sur 5 000 m2 se situe Chaussée de Waterloo et réunit les œuvres de plus d’une centaine d’artistes dans un ancien supermarché Delhaize Molière. C’est « un concept total combinant un musée, une galerie, un espace bar, un shop, des solo shows d’artistes, un skate park, une foire d’art, des expositions, un parcours de fresques, des projections de films et documentaires, des happenings et performances autour du street art et du graffiti à un niveau international. » [2]

Strokar Inside 2018 - @No Fake In My News
Via cet événement, l’objectif est de faire de cette capitale européenne « une plateforme internationale qui atteste de l’écosystème global du street art et de l’art dit urbain ». [3]  Pas étonnant vu l’engouement suscité par cet art qui marche de plus en plus dans les pas de l’art contemporain. Une ville comme Bruxelles se devait de disposer d’un tel référentiel. L’association Strokar s’attelle à cette ambition.

Si au premier contact j’ai eu très peur de l’apparente froideur dans le hall d’accueil (l’espace gagnerait en présence humaine plus chaleureuse) la scénographie dès l’entrée donne à l’ensemble une impulsion indéniable. Je remarque la signature de Joachim Romain, STeW et Vincent Bargis me proposent de danser, ZDEY m’invite à explorer : la découverte peut commencer.

Étendue sur plusieurs niveaux,  l’expo nous plonge  dans les possibilités du street art en tant que discipline. On devine  le dévouement que chaque artiste a mis dans sa création, les heures de « labeur » qu’il y a consacré sans que cela n’altère en rien la spontanéité nécessaire à cet univers. L’œil est guidé de manière agréable sur tout l’espace. Les styles se juxtaposent en laissant entrevoir une fluidité dans le rythme.  Les œuvres exposées sont aussi intéressantes que la lecture des thèmes sociaux du moment qu’elles abordent. Le féminisme est célébré par Lady Jday, le consumérisme, le gaspillage et le recyclage sont dénoncés via  l’installation du collectif Iretge . Alexandre Keto quant à lui rend hommage à l’apport du Congo dans l’histoire Belge, les travailleurs de Jaune sont bien visibles dans le paysage.

La fin du parcours est plus sombre. Nous voilà face  à la réalité de la condition humaine. Les squelettes de KLAAS VAN DER LINDEN se pendent, dansent, s’embrassent, prient ou s’aiment. La mort rôde avec les pochoirs de Dr Bergman ou sous forme allégorique avec YU

Entrer dans cet espace m’a libéré de l’inquiétude du moment, le temps de ma visite d’environ 1h30 qui s’achève sur l’exposition de toiles de 2 grands noms du graffiti new-yorkais : T-KID et Cope2

L’ambition d’ « attirer les plus grands artistes ou des talents montants du Street Art, du Graffiti, de la Peinture et de la Photographie urbaines …et sensibiliser le grand public à la beauté de la discipline », devrait pouvoir se pérenniser sans trop de souci. Le lieu est voué à se renouveler à s’enrichir de la contribution de nouveaux artistes. 

Le supermarché du street art est ouvert, allez y faire vos courses ! 

Vilédé GNANVO

Pour plus d’informations : 
Strokar Inside : 569, Chaussée de Waterloo 1050 Bruxelles.
Le lieu est ouvert du mercredi au dimanche (11 heures – 18 h 30 / 22 heures : bar) pour le grand public.
Pas de date de fin décidée pour le moment

Sources : 
[1] – [2] – [3] http://strokar-inside.com

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