Cela fait deux semaines que je suis en vacances au Bénin, dans mon pays d’origine. J’ai eu l’occasion de manger tous les mets qui me manquent en France, de redécouvrir le patrimoine culturel et de m’immerger à nouveau dans l’ambiance festive des discothèques de Cotonou.

Ce matin, je me suis assise sur la terrasse, l’ordinateur posé sur le genou pour lire mes mails et m’informer un peu sur l’actualité en France.

Mais je suis gênée car il y a du bruit. Je n’arrive pas à me concentrer. Depuis une heure, j’entends une playlist de musiques qui se succèdent. Il s’agit d’une compilation de tubes divers (musique traditionnelle, musique en vogue du moment, RnB). Je trouve que le volume est fort, trop fort. Je me lève pour voir si cela provient de la chambre, prête à demander à ce qu’on baisse le son. Après tout, je veux du calme pour me concentrer. Je suis en vacances pour me reposer.

Mais je réalise que la musique vient de l’extérieur. De la maison d’à côté ! J’ai l’impression de subir alors que « Moi » j’ai décidé que c’était le moment d’avoir un peu de tranquillité.

Je bouillonne intérieurement. Je suis prête à sortir pour râler quand soudain, je me rends compte que c’est précisément ça qui m’avait le plus manqué au début quand je suis arrivée en France bien des années auparavant.

Les maisons ouvertes les weekends et la musique provenant d’on ne sait exactement où. Je prends conscience que cela faisait partie de la vie quotidienne, de l’ambiance. J’ignore même si à l’époque, ça gênait ou pas. Quoi qu’il en soit, je n’avais jamais été témoin d’une plainte de quiconque pouvant faire référence à un problème de voisinage.

En un court instant, je revois ma mère trente ans auparavant, s’assoire le dimanche sur le canapé pour se passer du vernis à ongles, avec comme bruit de fond un mélange de rythmes venant de maisons différentes. Je me rappelle que deces musiques, je n’en entendais qu’une seule, probablement celle qui me plaisait le plus.

Ce souvenir m’a apaisé, car ce n’est plus d’une nuisance venant de voisins trop bruyants qu’il s’agit, mais de l’image que j’ai des douze premières années passées au Bénin.

Plus rien à faire du besoin de calme. Exit l’actualité française, les retombées de la dernière émission politique de Léa Salamé, Emmanuel Macron se présentant pour 2017 ou pas, probable réconciliation entre Martine Aubry et François Hollande, les péripéties des habitants d’une certaine maison du secret…

Je suis en vacances et je viens de retrouver une ambiance que j’avais perdue. Alors je me détends et j’apprécie l’instant de beauté, pur moment de bonheur.
J’ignore pour combien de temps je l’apprécierai encore tant cette pratique se fait désormais rare. Mais ce qui est sûr c’est que ce dimanche matin, j’ai aimé ça aussi du Bénin.

Vilédé GNANVO

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