David Matias : l’artiste qui murmure ses maux aux genevois
La semaine dernière sur le boulevard des Philosophes à Genève, je remarque des pensées écrites sur des panneaux de chantier. Elles sont signées Matias, précédées du pseudo Instagram @davidmatias365 .
Artiste à l’âme de poète
Le tour du personnage en quelques maximes
Il me parle d’un environnement familial pas toujours à la hauteur de ce qu’on peut en attendre. Il conspue l’idéologie qui inscrit les valeurs essentielles dans les sommes d’argent qu’on peut amasser ou le matérialisme qu’on exhibe.
Ses inspirations, il les a surtout la nuit, dans le calme. Les phrases lui viennent par à-coups, il prend son matériel et va les inscrire dehors. Chacune d’entre elle a une résonance particulière parce que liée à une situation qu’il a vécue. Leur objectif est de susciter la réaction des autres, d’offrir du bonheur à quiconque ouvert à le recevoir, de dire des choses que certains redoutent d’entendre, d’apostropher sur ses préoccupations du moment, de mettre de la douceur ou de l’émotion dans le quotidien des passants. Ses goûts musicaux sont éclectiques, dépendent de son humeur. Ces temps-ci, il écoute beaucoup Una Mattina de Ludovico Einaudi.
S’ensuit une déambulation dans quelques rues de Genève, le temps pour lui de me faire découvrir d’autres panneaux sur des chantiers qu’il a eu le plaisir de marquer. Certains n’existent déjà plus, car recouverts par d’autres bâches. Le propre de l’art de rue…
David insiste sur sa volonté de ne pas dégrader les beaux bâtiments, sur son retour parfois sur des lieux pour réitérer ses écrits effacés. Sur son envie d’être au côté des personnes démunies, qui suscitent parfois de l’indifférence. Il signe ses phrases moins pour se faire de la pub que pour les revendiquer. Il n’a plus peur de rien. Ni des amendes qui s’accumulent, ni de la Police qui pourrait l’entraver dans la réalisation de ses textes urbains . Il assume ce qu’il fait, envers et contre tout, contrairement aux actes commis par d’autres dans l’anonymat.
Les cartes de l’amour
A terme, il aimerait voir ses cartes traduites dans des langues différentes et circuler partout . Il a envie d’explorer Paris. Il souhaiterait aussi recouvrir les grandes Capitales de ses mots.
Nul doute que les murs des villes du monde se réjouiront d’accueillir les phrases d’un artiste aussi touchant que mystique dans son approche des choses.
Vilédé GNANVO