V.G. - No Fake In My News - Page 2

Gainsbourg et cætera…

Gainsbourg et cætera…

Cette exposition proposée depuis le 27 février à la Galerie OneTouTou examine Gainsbourg sous plusieurs facettes: sa musique, sa créativité, et sa singularité. « Une quarantaine d’artistes (peintres, pochoiristes, illustrateurs, dessinateurs, photographes…) ont contribué à l’événement pour rendre hommage au chanteur, parolier, musicien…à l’occasion du 30e anniversaire de sa disparition. » [1]

Créativité et engouement

Disposées dans 3 salles dont les stands annexes de la galerie située au stand 122 du Marché Dauphine, les œuvres invitent à entrer dans une ambiance rétro des années quatre-vingt à travers photos, illustrations, peintures, dessins, pochoirs… Ce choix de répartition physique permet « d’avoir l’espace d’aération nécessaire pour apprécier les œuvres exposées, d’autant que la distanciation physique est plus que jamais de rigueur » [2]

Cette figure provocatrice loin de faire l’unanimité était parfois conspuée pour les valeurs qu’il véhiculait. Pour autant, en matière de perception, les artistes qui lui rendent hommage ici semblent avoir en commun, les indicateurs positifs d’appréciation de sa personnalité : un esprit engagé et transgressif mis en avant pour mieux cacher une sensibilité à fleur de peau.

Chacune des créations y va de la réimagination d’un Gainsbourg prompt à aller à rebours du système établi. Elles explorent aussi  la thématique de la liberté de ton. Ni les instruments dont ils se sont emparés, ni les couleurs, et encore moins les supports des œuvres ne figent le visiteur dans un passé ou une nostalgie, tout reste dans l’air du temps.

Capturées à plusieurs reprises par le photographe PierreTerrasson , les créations examinent la complexité du chanteur poète , avec sa personnalité à double tranchant collant à ceux qui « consument» la vie. Les affinités entre la peinture et la photographie se mesurent dans les collaborations d’un Yarps « fan depuis toujours de Gainsbourg » qui s’empare des photos pour en présenter des déclinaisons en pochoir.

Sont également proposées en clin d’œil musical, des réalisations sur disques vinyles, ou encore des portraits de l’artiste « clope au bec » (par exemple les pochoirs sur toiles  de Mr.Lolo ou Diane ), cet élément indissociable du personnage à une époque où fumer sur un plateau de télé était monnaie courante.

En parlant de monnaie, d’autres comme Carole b. dévoilent une création en prenant pour base la matière « argent » à l’origine de l’un des actes les plus controversés de Serge Gainsbourg qui avait effrontément brûlé le billet de 500 Francs en direct à la télévision.

Une « vielle canaille » représentée par Crey132 dans une toile réalisée à la bombe et qui ressemble à s’y méprendre à une photographie tant elle capture techniquement la lumière. Quant à Mélissa Perre , elle souligne l’imbrication constante entre vie privée et vie publique de l’artiste multidisciplinaire, avec la production d’une toile sur ardoise, « Jane, à la folie » réalisée à la gouache et acrylique, entièrement peinte à la main. Cette toile montre le couple ainsi formé pendant un certain temps,  artistiquement et intimement.

Mon focus!

Je retourne ma veste - Par AKELO - ©nofakeinmynews.com
Pour ma part, j’ai trouvé qu’il y avait de très belles pièces proposées dans les 3 trois salles. Je me suis un peu plus attardée sur « Je retourne ma veste », magnifique peinture réalisée à l’huile sur un support en bois par l’artiste Génia Akoulova, akka Akelo , et qui m’a livré en mini interview quelques mots sur l’œuvre, sa motivation à participer à l’exposition et son morceau préféré. 

Jean Yarps m’a invité à participer à cette expo extraordinaire, car il a beaucoup aimé mon travail sur l’hommage à Pedrö! de Belleville et j’en suis très heureuse.
J’ai choisi cette forme en référence aux icônes qui se plient, pour souligner ses racines russes juives. (Ses parents parlaient russe à la maison et ont été chrétiens orthodoxes). Pour moi Gainsbourg c’est un poète, un ménestrel, d’où sa chemise un peu Botticelliène ».
Mon morceau préféré c’est “le boomerang” mais j’aime beaucoup plein d’autres. Je pense que mis à part son véritable talent pour l’écriture, sa capacité de s’approprier toutes les musiques du monde et en faire des choses originales, le fait qu’il est inclassable me plaît beaucoup

Akelo

ETC…

Assez peu interessée dans les années 80  par son style musical, je suis restée bloquée sur l’image d’un homme dont les coups d’éclat médiatiques m’exaspéraient. Je n’ai donc jamais cherché à explorer l’étendue du talent de Serge Gainsbourg.

Pour autant, l’hommage rendu par la quarantaine d’artistes qui se sont investis dans cette expo ne me laisse pas de marbre. Car de part l’éclat, les couleurs et les messages qui caractérisent les œuvres exposées, une connexion évidente semble s’être faite entre le chanteur décédé et ceux qui le célèbrent, révélant un engouement profond pour son univers, sa personnalité et la façon singulière par laquelle il a marqué une époque.

Vous l’aurez compris, en y allant, votre regard s’arrêtera forcément sur plusieurs objets d’art dont la densité donne une dimension poétique à l’expo, riche d’une programmation éclectique. Vous pourrez feuilleter des ouvrages dédiés, repartir avec des pièces disponibles et accessibles à tout budget, ou encore assister à des performances live.

Vilédé GNANVO

Pour plus d’informations

L’expo, se déroule tous les samedis, dimanche et lundi de 10H à 18H , jusqu’au 18 avril 2021 !
Lieu : Galerie OneTouTou (actuellement occupée par Yarps, Reyol Enjoy et la plateforme We Need Art)
           (stand 122) Marché Dauphine   132-140 rue des Rosiers
           93400 Saint-Ouen

Sources 
[1] Dossier de presse de l’expo
[2] @anna_panam_

2020: Année Anti Tout !

2020: Année Anti Tout !

Sur fond d’une pandémie aux conséquences chaotiques , 2020 fut aussi l’objet de grandes contestations dans le monde. Qu’il s’agisse des mesures sanitaires liées au virus, de la mort de Georges Floyd et son impact sur les élections américaines, de l’explosion du port de Beyrouth ou des incendies ravageurs en Australie, tous ont déclenché des réactions de remise en cause de l’ordre social, économique ou politique en place, relayées par les artistes.

Dans cet article, j’ai choisi de faire ressortir cette question du rejet, en explorant les comptes Instagram de street artistes des 5 continents, et en sélectionnant des œuvres témoins de cette année qui aura anéanti bien des projets.

Bénin, Togo, Sénégal

Graffiti et street art ont toujours contribué à une part importante dans les faits sociaux ou politiques. Les collaborations entre les artistes africains pour asseoir cette discipline portent leurs fruits au fil des ans. Comme évoqué dans un article précédent , la crise du Covid a été pour beaucoup l’occasion de servir de canal d’information sur la nécessité d’adopter les bonnes mesures. Il n’a donc pas été étonnant de voir comment ont été relayées en images, les mesures de prévention, parfois avec l’appui des institutions sanitaires pour alerter et tenter de contenir au maximum toute propagation de la pandémie et ses conséquences.

Le choc des disparitions dès le mois de mars de deux géants issus du continent, Manu Dibango et Pap Diouf, emportés par le Covid (mis en hommage ici au Cameroun et au Ghana) a été dur à encaisser.

Dans plusieurs pays africains, les graffeurs ont très tôt compris les rôles pédagogiques qu’ils pouvaient jouer dans la lutte contre le virus, en créant des murs explicitant les consignes sanitaires.
Au Bénin, Stone et les membres de l’association Assart ont créé des fresques de sensibilisation.
Au Togo, leurs acolytes du collectif Logone Graff Crew se sont aussi mobilisés pour communiquer sur les pratiques à mettre en place afin d’atténuer la diffusion du virus, et soutenir le personnel médical.
Du Coté du Sénégal, un gros travail a été également réalisé  par RBS Crew  qui s’est mis  « au service de la santé publique  » et a « participé artistiquement à l’effort de conscientisation  » . Tous ont mobilisé leur énergie pour aider à la  sensibilisation afin de  réduire la pandémie à son minimum de nocivité.
En mettant un peu de couleur dans le morose des états d’incertitudes, ils ont aussi signé leur refus de voir se concrétiser les prévisions alarmistes projetées sur un continent pointé du doigt  comme « matériellement » sous doté en structures médicales et qui n’aurait pas pu faire face aux conséquences dévastatrices de la pandémie.

Murs ASSART 1 & 2   /  Murs L.G.C 1 , 2 , 3 , 4   / Murs RBS Crew 1, 2  , 3

La France

Cette impuissance redoutée est allée en grandissant dans le monde entier et les Européens n’ont pas été plus épargnés.
En France, la guerre a été déclarée à la pandémie. Le yoyo de communications, les atermoiements des autorités sanitaires, les discours contradictoires assénés par les experts ont achevé de consolider une certaine défiance à l’égard de toute parole légitime. Le « quoiqu’il en coûte » du Chef de l’État résonne comme une provocation aux oreilles de catégories socioprofessionnelles qui redoutent les conséquences d’une inévitable casse sociale. Les neuf mois de pandémie écoulés n’ont pas vu la situation s’arranger. Les ordres de confinements – déconfinements – couvre-feu catalysent les colères d’une partie de la société. Les timides contestations des mesures sanitaires du début ont viré à la remise en cause de leur bien-fondé. La deuxième vague est passée par là. On nous prédit une troisième après les fêtes. L’heure n’est plus aux applaudissements pour soutenir le corps médical mais à des slogans appelant à desserrer les vis dans plusieurs corps de métier. La réduction des activités de ski, la fermeture des commerces et des restaurants  ou l’arrêt du monde culturel font redouter le déclin du pays. 
Les appels à « lâcher du lest pour vivre » ou les hashtags comme #noussommesenguerre, #libereznous,  #laisseznousrespirer #restonsouverts … se sont multipliés, certains apparaissent dans la rue sus forme de tags, d’autres font l’objet de création artistique.

Murs OZANA 1 et     Aux Alpes  /  SUNRA

Sur le plan sécuritaire, le décryptage social fait par les artistes, reflet des contestations est implacable. Des reproches visent certains policiers dont la brutalité défrayaient la chronique à longueur de manifestations. Berthetone et le crew TWE prod  illustrent les dérapages dénoncés lors de simples contrôles d’identité.
L’article 24 de la loi sur la sécurité globale  proposée fait déborder le vase. Il  est remis en cause par beaucoup de personnes car considéré comme liberticide.  « Floutage de gueule », une autre expression qui est très présente.  Les journalistes se mobilisent contre les restrictions de la liberté de presse.
La plateforme activiste et engagée HIYA! lance un appel à la création autour du mot clé  « Marianne pleure ». Des artistes y répondent en proposant leurs visions de cette loi . Objectives ou pas, elles ont pour but de d’éveiller les consciences, parfois jusqu’à la caricature assumée, interpeller, rétablir un dialogue, entamer la conversation, provoquer les débats, dessiner de nouvelles perspectives, être écouté, être entendu. Contre-pouvoir incontestable, l’art se positionne de fait en dissident politique. 
Le tabassage du poducteur de musique Michel Zecler révélé par le média Loopsider vient étayer ces soupçons d’abus de pouvoir de la part de certaines forces de l’ordre !

Pochoir 1  /  BerthetOne   /  Miaoutoo    Djalouz   /  ChetOne   Goin

Le parallèle à faire avec les États Unis est immédiat.

Etats Unis

Il n’en fallait pas plus pour revivre une séquence bien plus funeste survenue quelque mois plus tôt à Minneapolis, plongeant ce pays dans une vague de protestations, prémices de contexte électoral tout aussi houleux : la mort de Georges Floyd.

Le 25 mai 2020, ce noir américain meurt lors de l’interpellation d’une police jamais avare en oppression quand elle se complaît à se croire menacée. L’indignation provoquée par les images diffusées est planétaire. L’événement a déclenché des émeutes qui pointaient le ras-le-bol d’un système de discrimination,  et la forte envie d’en finir avec le mandat du président en place, un ignorant pour qui le mot justice n’existe pas quand il s’agit des « minorités! ».
Le #blacklivesmatter  (réalisé ici en performance artistique dans 5 arrondissements de New York  dont un juste devant la Trump tower) qui en est dans sa septième année d’existence est cette fois propulsée au premier rang des nombreuses causes pour lesquelles il devient urgent de se prononcer. Des fresques sont peintes en hommage à cet homme pour lui rendre sa dignité. De nombreuses réalisations d’œuvres invitent à nommer ces dérives et crier fort les noms des victimes pour qu’elles ne soient pas oubliées. 

Donkeeboy     /     Face Me Por Favor     /     Hieroveiga

Les manifestations tournent aux émeutes, devant un président si égocentré, qui caresse ostensiblement la frange droite extrême de son pays. « I can’t breath » auquel répond  le #fuckyoutrump de DUGUDUS  enjambe le seul périmètre des derniers mots prononcés par George Floyd et devient l’écho d’autres ras-le-bol: du racisme institutionnalisé, du port du masque, du confinement, de l’exclusion, de Trump ! Les mots scandés font ressortir l’étendue de la crise de leadership politique à mesure que se rapprochent les élections présidentielles.

Une fois de plus, les artistes s’emparent de leur créativité pour inciter à aller voter massivement et mettent dans leurs réalisations le projecteur sur les inégalités de traitements qui persistent dans une Amérique divisée.
 
Dugudus    Nick C Kirk   /  crt.all.delete   Jules Muck        Lady Pink

Fresques, graffitis, tags ou street art ont mis en lumière des revendications qui secouaient une part de la population avide de voir la fin de 4 ans d’un pouvoir extravagant et inquiétant. Ce qui transparaît dans tous ces engagements, c’est la forte conviction d’aller à rebours des déclarations d’un président omnipotent pour qui le retour de bâton aura été jouissif . You’re fired! Le voeu de dégagisme semble exhaucé.

Liban

Cet espoir de dégagisme est caressé depuis plusieurs mois au Liban. Tout comme aux États unis, ce pays faisait face à des fortes contestations sociales depuis la fin de l’année 2019 sur fond de défiance envers toute la classe dirigeante.
Le désœuvrement et l’appel au changement  de la population sont relayés par des  artistes notamment via la participation aux projets de Art Of Change . Les oeuvres produites font ressortir  la détresse de toute une population qui se heurte à l’immobilisme d’une élite au pouvoir et corrompue. La désolation est là, le chaos et l’insurrection guettent.
Le Covid s’invite en début d’année et fragilise un peu plus des fondations vacillantes.

Le 8 août 2020, l’explosion dans un entrepôt du port de Beyrouth, poumon économique du pays vient doucher dans la capitale, les espoirs d’une accalmie entrouverte dans la période estivale. Le bilan est lourd :  plus de 200 morts et 6 500 blessés. Le sursaut de la population est relayé par une forte mobilisation d’artistes du monde entier pour ce pays.
Déjà très impliquée dans les manifestations, l’artiste activiste Hayat Nazer  réunit des débris de l’explosion qu’elle assemble avec des objets personnels collectés chez des habitants pour élever une statue. En faisant participer à ce mémorial les victimes de la tragédie devenues parties intégrantes de l’œuvre, elle concilie les symboles de la révolte et du courage de ce peuple prêt à se retrousser les manches pour tout reconstruire. 

L’artiste Mariam Hamieh a érigé un cèdre où sont énumérés les noms de disparus et où l’on vient déposer des bougies en signe de recueillement aux personnes disparues ou victimes de la tragédie.

Empreinte d’une tonalité plus tournée vers l’avenir, une fresque est réalisée par le trio EpS, Spaz et Exist,  pour honorer le peuple. En lettre capitale le mot HOPE et deux colombes géantes surplombent la ville de Beyrouth, symbolisant ainsi l’appel à la paix nécessaire dans ce moment de déchirement.

La résilience face à cette tragédie semble le seul chemin possible.

Nazer Hayat  /  Mariam Hamieh     /     EpS     /      Exist         ;SPAZ

De telles déflagrations dues à des erreurs humaines renforcent les résistances à pardonner à une classe politique défaillance .

Mais il est des situations où les responsabilités sont plus difficiles à établir de manière tranchée. Cela n’empêche  pas que les dérives soient dénoncées , ni que les responsables soient convoqués à rendre des comptes.

Et justement, il y a un coin de la planète qui n’échappera pas à la règle des remises en cause de ses décisions : l’Australie qui a subi des vagues importantes d’incendies ravageurs.

L’Australie

L’Australie a connu dès la fin de l’année 2019 et au cours de 2020 l’un des pires incendies qui a entraîné l’évacuation de populations entières, ravagé des millions d’hectares de forêt et provoqué une hécatombe en matière de faune et flore.

Une fois de plus, les gouvernants en place sont montrés comme responsables des dégâts causés. Il leur est reproché le laxisme face aux mesures nécessaires qui auraient pu éviter une telle catastrophe, mais aussi celles pour aider au sauvetage. Au sud et à l’est de l’île-continent, pas moins de 19 millions d’hectares de terrain sont balayés. La catastrophe aggrave le déclin des koalas amorcé depuis des années et provoque la mort ou la blessure de plusieurs millions d’autres espèces animales.

Avec des fresques engagées, des street artistes s’insurgent contre l’incapacité des décideurs à comprendre la gravité de la situation. Ils en appellent au changement et dénoncent le manque de vision et la mise en place de politique significative sur le changement climatique afin de protéger l’environnement.

La collusion du gouvernement avec des intérêts capitalistiques est aussi révélée comme une raison justifiant les colères cristallisés autour de la catastrophe naturelle. La classe dirigeante est assimilée à des « glandeurs », intrépides seulement quand il s’agit de servir leurs intérêts propres. Plus que contestée, elle est soupçonnée de fermer les yeux et de favoriser le lobby du charbon qui dicterait les politiques.

Tout en accompagnant ces positions de rejet de la politique menée, les artistes se sont mobilisés pour collecter des fonds et venir en soutien aux pompiers et autres intervenants qui se sont activés pour voler au secours de la biodiversité.
Ils se projettent dans une « une vision de jours meilleurs ». Des murs de Mort Murray, Andrew Gibbon ou encore Kaspersart sont ainsi réalisés pour ne pas désespérer d’une Mère Nature aussi capable de produire le meilleur.

2020 : An néfaste! – 2021: Année faste?

On peut dire que les points de divergences et les fronts de batailles étaient variés. De nombreuses créations ont participé au dispositif de revendication ou de contestation. Certaines sont éphémères mais leurs traces sur les réseaux sociaux seront témoins de ce qu’a été 2020, anéanti par bien plus qu’un virus.
Et je pense que sur beaucoup de plans, on lui a dit bye bye sans trop de regrets avec quelques signes de non-remerciement.
Fuck 2020 Image issue de @atr33
Hello 2021 – image issue de @atr33

Dorénavant, à travers la planète entière, on est collectivement conscient que tout peut basculer en un rien de temps dans un énorme gouffre d’incertitudes.

Les défis à relever pour redresser la barre et corriger le réflexe « anti » sont énormes.

Puisse cette année 2021 qui commence, permette à chacun de trouver une bulle d’harmonie pour se protéger au mieux des secousses, et éviter de tutoyer trop de précipices.

Vilédé GNANVO

Liens et sources

L’illustration du titre « 2020 Année Anti Tout / 2020 anéantît tout » a été réalisée par l’artiste MAX132 , membre de LATEULIER , collectif d’artistes spécialisés dans les arts visuels et art mural dit « Street-art ». 

De précieuses informations ont été recueillies sur les profils Instagram des artistes répertoriés tout au long de cet article.
Expression « Tutoyer les précipices » entendu au JT de France 2. 

Autres sources : 
Aubenas : un graffiti sur l’ancien hôtel de police qui interpelle
See tributes to George Floyd painted on walls worldwide
A Lebanese artist created an inspiring statue out of glass and rubble from the Beirut port explosion
Les graffitis créent une communication positive sur les droits humains au Liban
Australie : la colère des pompiers et des habitants
‘It’s important not to forget’ Australia’s black summer

 

David Matias : l’artiste qui murmure ses maux aux genevois

David Matias : l’artiste qui murmure ses maux aux genevois

La semaine dernière sur le boulevard des Philosophes à Genève, je remarque des pensées écrites sur des panneaux de chantier. Elles sont signées Matias, précédées du pseudo Instagram @davidmatias365

 
Elles sont accessibles à tout le monde. Certaines sont  légères et très positives. D’autres sont empreintes d’une mélancolie qui m’a donné envie d’en savoir plus sur cet artiste qui appose sa signature comme une invitation à rentrer en contact. Je ne sais rien de cette personne , encore moins sur les motivations profondes de sa démarche. Marketing, simple volonté de partage, appel au secours ou juste un happening de street artiste ?
Je regarde sur Instagram, 3 posts récents mais des milliers de followers. Je prends contact. Dès l’envoi du premier message, l’aspect chaleureux de sa réponse me conforte dans sa disponibilité à être là. On fixe le lieu de rencontre, ce sera devant le M. de Matias.
Matias - Genève - Aout 2020 - ©No Fake In My News

Artiste à l’âme de poète

Je le vois arriver. Il est beau, me paraît sûr de lui. Allure mi-dandy mi-bad boy avec ses cheveux courts à la Édouard Norton dans American History X. La comparaison s’arrêtera là, au physique. On se pose à un café. J’étais partie pour une interview classique, ce sera une conversation ouverte comme si je retrouvais une connaissance.
Je découvre un homme de 31 ans passé par des épreuves, généreux et plein de bienveillance. Il a une sensibilité à fleur de peau palpable dans le regard et un sourire qui me fait penser à Gorges Michael. Très vite, je prends le parti de croire sur parole ce qu’il me livre de lui.
Il me parle d’un univers artistique d’avant les mots dans la rue où il faisait de l’art figuratif, puis de l’abstrait. Tout a été provisoirement mis entre parenthèses le temps d’un renouveau. Il me fera suivre plus tard « Cicatrice », une de ses toiles peintes en mars 2019.
 
Cicatrice par David Matias 03.03.2019 . ©davidmatias365
 
Cette toile a été créée après un traumatisme vécu quelques jours auparavant. J’ai décidé d’exprimer mon ressenti sur une toile de grand format… Pour évacuer l’émotion, l’incompréhension et la rage qui régnaient en moi. La plaie ouverte est maintenant suturée, presque cicatrisée. Et disparaîtra avec le temps…
David Matias

Il m’embarque dans son monde plein de rêves, de poésies, de réflexions philosophiques sur la vie.
Je note chez lui la volonté de se délester de tout ce qui peut être futile au profit de l’essentiel. Comme de son téléphone portable dont il s’est débarrassé sans regret. Son compte instagram, c’est sur l’ordinateur qu’il y accède. Il veut absolument être libre, recherche de la profondeur. Sa quête de bonheur est vivace. Son désir de rendre l’amour contagieux est évident. Il pense qu’on peut s’affranchir de beaucoup de contraintes sociales même si le prix à payer est parfois élevé. Lui s’est senti assez fort pour s’en détacher.
On fait un tour rapide de son « Taudi », où se trouvent également pinceaux et pots de peintures, outils indispensables à ses réalisations.
 

Le tour du personnage en quelques maximes

Lorsqu’il a écrit dans la nuit ses phrases sur les bois de chantier du boulevard, David a déposé un pack de bière pour les ouvriers qui allaient travailler le lendemain. C’est le signe du respect et de l’intérêt qu’il porte pour les autres. La bienveillance revendiquée semble être au cœur de ses actions, quoi qu’il en coûte. Sans haine ni rancœur, il a le souci d’alléger par les mots, le poids des souffrances qui touchent les plus exclus, les personnes obligées de dormir dans la rue, ou celles qui subissent en silence le piège infernal d’une routine sociale.
Il me parle d’un environnement familial pas toujours à la hauteur de ce qu’on peut en attendre. Il conspue l’idéologie qui inscrit les valeurs essentielles dans les sommes d’argent qu’on peut amasser ou le matérialisme qu’on exhibe.

Ses inspirations, il les a surtout la nuit, dans le calme. Les phrases lui viennent par à-coups, il prend son matériel et va les inscrire dehors. Chacune d’entre elle a une résonance particulière parce que liée à une situation qu’il a vécue. Leur objectif est de susciter la réaction des autres, d’offrir du bonheur à quiconque ouvert à le recevoir, de dire des choses que certains redoutent d’entendre, d’apostropher sur ses préoccupations du moment, de mettre de la douceur ou de l’émotion dans le quotidien des passants. Ses goûts musicaux sont éclectiques, dépendent de son humeur. Ces temps-ci, il écoute beaucoup Una Mattina de Ludovico Einaudi. 

S’ensuit une déambulation dans quelques rues de Genève, le temps pour lui de me faire découvrir d’autres panneaux sur des chantiers qu’il a eu le plaisir de marquer. Certains n’existent déjà plus, car recouverts par d’autres bâches. Le propre de l’art de rue…
David insiste sur sa volonté de ne pas dégrader les beaux bâtiments, sur son retour parfois sur des lieux pour réitérer ses écrits effacés. Sur son envie d’être au côté des personnes démunies, qui suscitent parfois de l’indifférence. Il signe ses phrases moins pour se faire de la pub que pour les revendiquer. Il n’a plus peur de rien. Ni des amendes qui s’accumulent, ni de la Police qui pourrait l’entraver dans la réalisation de ses textes urbains . Il assume ce qu’il fait, envers et contre tout, contrairement aux actes commis par d’autres dans l’anonymat.

Ainsi, ceux qui veulent le connaître viendront à lui. Et des retours il en a déjà eu. Beaucoup de témoignages de gens chez qui les phrases ont un certain écho, à qui elles donnent de l’énergie. Avec eux, il ne partage pas que des mots. Ses messages positifs  redonnent du sourire à certains , font vibrer d’autres,  insufflent une once d’amour, de douceur, de bonheur. L’objectif semble atteint. 
Mais chez lui, poster des mots dans la rue n’est peut être qu’une une forme transitoire d’expression de son état d’âme. David ne se définit pas comme street artiste. Quand je lui pose la question, il me répond « artiste peintre ». Il me répète à plusieurs reprises qu’il est prêt à tout pour exercer son art. Même si le prix à payer est de dormir dans la rue. Car pour le moment, il n’ent vit pas encore. Ses anciennes toiles sont stockées chez un professionnel. Il se replonge aussi dans la création de nouveaux tableaux grand formats qu’il espère exposer en galerie, en prenant soin de ne pas toutes les « divulgacher » sur les réseaux sociaux. Il est plein d’autres projets.
 

Les cartes de l’amour

Les cartes de l'amour par David Matias 2 - Genève - Aout 2020 ©No Fake In My News
L’un d’entre eux tourne autour de « cartes de l’amour ». On revient sur le sens des mots, l’essence des actes. Il a pu en imprimer un certain nombre grâce à la générosité de personnes qu’il a rencontrées et avec qui le feeling est bien passé.
Il ne veut pas en faire commerce, fuit un marketing qui l’enfermerait dans des obligations là où son objectif au contraire est d’assurer la transmissibilité de la bienveillance par le simple passage de carte d’une main à une autre.
Un geste facile à faire, mais surtout, pas d’ordre à donner. Une sorte de contrat moral qu’on passerait avec soi-même au moment où l’on reçoit la carte de l’amour, avec tout ce que cela comporte comme responsabilité. Juste quelque chose de positif et gratuit à impulser car pour lui,  tout ce qui compte est dans la place qu’on accorde à l’autre.

A terme, il aimerait voir ses cartes traduites dans des langues différentes et circuler partout . Il a envie d’explorer Paris. Il souhaiterait aussi recouvrir les grandes Capitales de ses mots.

Nul doute que les murs des villes du monde se réjouiront d’accueillir les phrases d’un artiste aussi touchant que mystique dans son approche des choses.

 

Vilédé GNANVO

11 mai 2020 : Tout repose sur le strict art…de mettre le masque

11 mai 2020 : Tout repose sur le strict art…de mettre le masque

La pandémie de Covid-19 a provoqué la mise en quarantaine brutale de millions de personnes. Elle est venue bousculer un domaine artistique déjà soumis à une certaine fragilité économique. Mais face à l’urgence des événements, les artistes ont dû improviser pour essayer de continuer leur activité. Il ont relayé les messages sanitaires et beaucoup se sont investis dans des projets solidaires pour venir en aide à ceux qui sont en première ligne.
Dans cet article, je mets en avant quelques projets avec les témoignages de 5 protagonistes du secteur, qui ont mis les mains dans le cambouis virtuel depuis le 16 mars.

 

La « pandéconomie »  

Les mesures de confinement dues à la pandémie ont frappé un secteur culturel en souffrance depuis longtemps, et qui fait vivre 1,3 million de personnes. Il est mis face à sa peur de ne pouvoir se relever facilement car malgré l’appétit des Français pour ce domaine, le poids économique direct de la culture a cessé de progresser depuis 2013 [1] .  En deux mois, les suppressions ou report d’événements se sont enchainés. Le printemps est la période propice aux foires ou salons d’art, qui se sont vus annuler les uns après les autres. Les galeries d’art sont fermées . Le manque de visibilité sur les dates d’ouverture n’est pas là pour rassurer. Les organisateurs sont confrontés à des dépenses déjà engagées. Pour beaucoup d’acteurs, structures ou artistes individuels, les charges fixes nécessaires à la production demeurent, que ne couvrira pas la suspension des activités pour une durée non déterminée. Ils y perdent donc une part non négligeable de sources de revenus.

La création artistique dans sa globalité est durement touchée. Pour l’heure, le vaste plan de sauvetage culturel évoqué il y a quelques jours n’a pas précisément détaillé quelles structures pourront ouvrir demain ni  les conditions sanitaires précises dans lesquelles cela se fera.

Et si on se penche plus particulièrement sur le street art, on constate qu’il paie un lourd tribut face au confinement. Nombreux de ses acteurs ont une pratique itinérante, et ont vu une grande part de leurs périmètres et supports d’expression (la rue, les murs…) devenir impraticables. Déjà que cette branche artistique doit jouer des coudes pour être reconnue à sa juste valeur dans une industrie culturelle aux enjeux variables… Sur son site le 24 avril dernier, le galeriste Joël Knafo mettait le doigt sur les difficultés à venir : A la sortie du confinement et dans les mois qui suivront, il y aura beaucoup de casses dans le street art, peut être plus que pour les autres disciplines de l’art contemporain.

La même inquiétude trouve échos chez d’autres artistes que j’ai eus à questionner. La peur du lendemain et les incertitudes sont bien réelles. Ainsi en témoigne l’artiste peintre  Annabelle Amory via deux post publiés récemment, l’un sur Instagram le 24 avril, l’autre sur Facebook le 05 mai .

Car contrairement aux idées qu’on peut se faire , beaucoup d’artistes  dont les street artistes vivent sous le seuil de pauvreté . La dernière étude de la Fédération de L’Art Urbain  montre que les ¾ des revenus de ceux interrogés sont issus de leur pratique artistique, et seulement 40 % d’entre eux se déclarent satisfait de leur situation économique

À la question quelles ont été les conséquences du confinement sur elle, l’artiste Carole b. m’explique en quoi la survenue des restrictions pendant cette période est compliquée. Même si elle réalise de petites œuvres, cela lui prend beaucoup de temps. « Les artistes ne sont pas tous riches. Il y en a pas mal qui vivent sous le seuil de pauvreté ». Elle s’est retrouvée comme beaucoup limitée dans ses possibilités d’acheter du matériel ou d’avancer correctement dans sa production de pochoirs car : 
– les points de vente étaient fermés
– les rentrées d’argent étaient de toute façon quasi nulles
– les mouvements de son lieu de confinement à celui de production irréalisables.
 
Allant dans le même sens qu’ Annabelle Amory qui met le doigt sur la précarité des artistes, le fait qu’il faille « payer pour être visible dans les foires ou salons » , les frais d’inscriptions qu’il faut avancer, Yarps , pochoiriste et locataire de la Galerie One Toutou avec le photographe Pierre Terrasson  aux Puces de Saint-Ouen, revient longuement sur sa situation . « Pour le travail d’artiste, ça va être vite réglé. Depuis la fermeture des Puces, c’est zéro recette. On va devoir continuer à payer les loyers. Ce n’était déjà pas joyeux avant, mais là, à l’ouverture, je ne pense pas que les ventes vont exploser, je doute que les gens viennent en nombre pour acheter ».
 
Dans ce contexte particulier, comment traverser cette urgence sans annihiler le désir de créer? Avec leurs appréhensions, ils ont cherché d’autres sources d’inspirations pour essayer de rester dans leur passion. Faire survivre à tout prix la pratique de leur art, conscients de ne peut-être pas continuer à pouvoir en vivre.
Et c’est une fois de plus grâce aux réseaux sociaux que beaucoup ont pu continuer à agir.

Mobilisation tous a(rt)zimuts

Plusieurs street artistes ont décidé d’apporter leur soutien à ceux qui sont restés en première ligne, le personnel soignant en premier. Cela a souvent pris forme via des projets solidaires, avec la mise à disposition de nouvelles œuvres créées dans la foulée et diffusées de manière numérique.

A titre d’exemple, Carole b. revient sur ses engagements et égrène les raisons qui la poussent à se positionner sur un projet. Au début du confinement, elle a choisi de lancer en ligne un petit jeu concours pour faire gagner des personnes avec de petits moyens. A la clé, des cartes postales à écrire et un badge pour les personnes isolées encore plus fragilisées dans le contexte actuel et auxquelles on ne pense pas toujours. Car les associations ne peuvent pas apporter leur aide correctement comme elles le voudraient. Et les mettre en avant par une action concrète apparaît comme une priorité. C’est également ce qui l’a poussée à soutenir les aides-soignants réunionnais. Selon elle, les Dom Tom sont en général oubliés par la métropole, les structures ne sont pas toujours en place dans les territoires. Pour cela, elle s’est engagée à reverser une partie des ventes des affiches « Wonder Women » à la PTA 974 (Plateforme d’Appui Territoriale La Réunion), organisme chargé de soutenir les soignants de la Réunion.

J’ai voulu aussi sensibiliser à cette cause sur la disparité au niveau médical dans des départements qui sont loin et n’ont pas les mêmes facilités pour faire les soins, alors j’ai participé à un projet pour mettre en évidence un des départements les moins dotés médicalement parlant … En ce qui concerne le projet Re-naissances, c’est que là aussi il y a une partie des sommes qui est reversée à l’artiste. Parce que le solidaire c’est bien, mais il ne faut pas non plus se mettre soi-même en difficulté. Il est important de trouver le juste équilibre entre trouver de quoi subsister tout en apportant un maximum d’argent à une cause. Mais quoi qu’il en soit, dans tous les cas, il y a la satisfaction de voir que concrètement, les projets apportent des sous qui permettent aux structures d’acheter du matériel ou d’agir.

Carole b.

Artiste

Pour ma part, j’ai choisi de mettre le projecteur sur 5 initiatives lancées en ligne, qui sont venues concrètement en appui au besoin de sortir la tête de l’eau pour certains, et aux désirs d’évasions pour d’autres. J’ai pu à cette occasion recueillir la parole de quelques protagonistes au cœur de ces nouvelles organisations, en tant qu’initiateur de projets ou artistes créateurs engagés de longue date dans des causes solidaires.

ConFUNement : la simplicité et l’accessibilité à tous

ConFUNement par ami-imaginaire

J’ai un coup de cœur particulier pour ce projet car son objectif initial est simple: répondre de manière pragmatique à un besoin identifié sur le terrain, et couvrir des problématiques de la vie quotidienne d’un grand nombre de parents durant le confinement. Pour ce faire, la street artiste Ami imaginaire ( initiatrice de ConFUNement et par ailleurs engagée dans d’autres projets solidaires ) a invité et réussi à fédérer d’autres artistes pour qu’ils mettent en ligne des dessins à colorier , téléchargeables gratuitement. À ce jour, plus d’une cinquantaine de « super street artistes confinés » ont répondu présent et de nombreux foyers ont posté leurs réalisations .
Quoi de mieux pour en savoir plus sur son approche du projet que de lui donner la parole ?

1- Qu’est ce qui a déclenché le projet conFUNement ?
Ça a été un élan spontané de ma part dès le début du confinement, j’ai pensé à mes amis qui ont des enfants en bas âge qu’il allait falloir occuper, et j’ai également pensé à toutes les personnes qui comme moi se sont retrouvées dans un état d’anxiété extrême à cette période. Le coloriage c’est relaxant, ça permet de se concentrer sur quelque chose de fixe mais sans intellectualiser quoi que ce soit, c’est méditatif. Ça fait du bien de choisir des couleurs, de les associer, c’est calmant… Moi c’est ma thérapie depuis toujours ! J’en avais besoin à ce moment-là et je me suis dit que je ne devais pas être la seule …alors c’est quelque chose que j’ai eu envie de partager. Ça a été ma manière aussi de me rendre un peu « utile » dans ce contexte où on se sent complètement impuissant, et de continuer plus ou moins consciemment le travail que je fais dans la rue : du contenu gratuit et accessible à tous, qui (j’espère) redonne un peu de joie et de légèreté dans cette sombre période. Après, j’avoue que sur le coup ce n’est vraiment pas un truc que j’ai intellectualisé : j’ai eu envie/besoin de le faire, alors je l’ai fait, c’est tout.

2 – Tu penses au vu de son succès qu’il va se pérenniser ou qu’il restera une parenthèse virtuelle que tu essaieras de refermer une fois la pandémie passée ?
Quand Urban Signature m’a proposé d’héberger les coloriages et que nous avons proposé à tous les copains du street art de participer, je ne m’attendais pas à une telle réponse. C’est génial ! Il y a aujourd’hui plusieurs dizaines de coloriages, de plein de super artistes, pour tous les goûts ! Pour le moment je ne sais pas ce qui va advenir de tout ça après le confinement, nous n’y avons pas réfléchi (une fois de plus : ça a été un mouvement spontané, sans calcul particulier de ma part, je n’ai pas d’objectif caché). Il est évident que je ne pourrai pas continuer à cette cadence après le confinement, car mine de rien cela prend pas mal de temps (j’ai déjà du mal à tenir le rythme au bout de quelques semaines). Mais j’ai vraiment adoré partager ce type de contenu car ça a engendré un vrai échange humain – ô la joie de recevoir les photos de tous ces coloriages, des enfants et des grands ! Tous ces échanges, tous ces petits mots, ça fait vraiment chaud au cœur et ça m’a grandement aidée aussi ! – Donc je pense continuer à le faire ponctuellement de temps en temps. J’ai pas mal d’idées, pas seulement de coloriages d’ailleurs, je viens de finir un petit jeu ! J’aurai, je pense, également envie de regrouper tous mes coloriages ensemble, peut-être sous la forme d’un album souvenir, je ne sais pas encore. Pour le moment c’est pas très important, tout ce qui compte, c’est que ça vienne du cœur et que ça fasse un peu de bien.
Ami imaginaire

Street artiste et initiatrice de ConFUNement

RE-NAISSANCES : l’agilité dans la réalisation et le déploiement

Affiche expo virtuelle Re-naissance par Art Murs et Secourps Populaire

Après l’expo Naissances en février 2019, l’Association Art’Murs s’inscrit à nouveau dans un projet solidaire, via une exposition virtuelle. Le souci, est de continuer à soutenir les artistes, pour qui cette période peut s’avérer compliquée, sans revenus, sans exposition, sans commande de mur, etc… La démarche est désintéressée. Les artistes perçoivent 50 % du prix de vente de leur œuvre, et les autres 50 % reviennent au Secours Populaire pour les soutenir dans leurs actions. Les œuvres sont présentées au fur et à mesure de leurs créations sur les comptes Instagram et Facebook de l’association qu’on peut également contacter par mail ( assoartmurs@gmail.com ) pour acquérir celles qui sont encore disponibles. Au moment du bouclage de l’article, le bilan est :
– 65 artistes ont participé, parfois pour 1 ou 2 œuvres
– 48 oeuvres ont été vendues
– 12520 euros ont été récoltés dont 7487 euros reversés  au Secours Populaire
– Il reste une petite vintaine de productions d’oeuvres à venir d’ici au 15 mai

Voici ce que dit la Présidente de l’association à propos de cette expérience. 

Quel dynamisme ça a créé d’organiser en virtuel un tel projet ?
Par rapport aux artistes ? En fait, on a sollicité ceux avec qui on a déjà travaillé ou avec qui on avait des projets futurs. Ils étaient enthousiastes pour la grande majorité car eux aussi avaient envie de faire quelque chose qui a du sens. Ils ont été beaucoup sollicités pour certains projets ou ils sont totalement bénévoles. Ils étaient ravis d’y participer mais avec nous, le retour qu’on a eu est que « c’est cool que vous pensiez à nous car pour nous aussi c’est la galère en ce moment ». Ils ont pris conscience que l’asso Art ‘Murs est vraiment là pour eux, même pour ceux qui ne l’avaient pas encore intégré.
Et puis il y a eu un sacré dynamique autour de… on a eu énormément de sollicitations d’artistes pour participer au projet. Certains faisaient des trucs très sympas mais hors de notre ligne directrice donc ça a été compliqué de leur dire non parfois. Je me suis bien sûr posé des questions car dire non n’est pas toujours évident non plus…

Est-ce que ça pourrait changer des choses sur ta manière d’organiser les projets à l’avenir une fois la parenthèse fermée ?

Clairement, je trouve que ce projet est assez chronophage et le format n’est pas dans l’idéal de ce que j’ai en tête pour notre asso. Le format manque du type de relation qu’on a envie de développer et qui est l’ADN d’ Art ‘Murs. Les échanges et rencontres entre les publics… Ça disparaît complètement. Ce n’est donc pas une façon de travailler que j’ai envie de développer plus que ça. Pour autant, ça pousse quand même à la réflexion et bien entendu on en discutera avec tous les membres de l’asso. Peut-être que ça donnera des idées et qu’on se dotera d’outils complémentaires tirés de cette expérience.

Quel bilan tu peux dors et déjà tirer de ce projet ?

La communauté autour de l’art urbain est hyper active sur les reseaux sociaux et surtour sur Instagram. Et moi j’ai été surprise par le succès des ventes car beaucoup d’œuvres ont été produites et vendues. Et puis j’ai été assez agréablement surprise du nombre de gens qui, sans acheter, nous ont manifesté leur soutien par des remerciements et des encouragements. Ça nous conforte dans l’idée que notre initiative était à la place qu’on voulait pour elle. C’est vachement cool ! Ça donne la pêche pour continuer car il y a un côté fastidieux autour de l’organisation virtuelle…
D’ailleurs, on devait s’arrêter le 11 mais là je vais prolonger jusqu’au vendredi 15 mai. Ce sera la dernière date où de nouvelles productions d’œuvres seront faites. Les œuvres non vendues resteront accessibles mais il n’y en aura pas de nouvelles produites.
Sabine Meyer

Présidente d' Art'Murs et initiatrice du projet Re-Naissances

Projet CONFINEMENT : la solidité d’un réseau bien implanté

Page de Confinement  Festival d’arts urbains par Saato

Ce projet a été mis en place sur une idée du pochoiriste Raf Urban et en association avec Saato . Un appel a été lancé à plus d’une centaine d’artistes français dans le but de créer des œuvres en format A4 dans un délai court, afin d’apporter un soutien immédiat aux personnels soignants de France. Les œuvres créées sont exposées en ligne . Les recettes des ventes sont intégralement reversées au fond d’urgence de l’AP-HP via la Fondation AP-HP.
Le bilan de ce projet qui s’est achevé le 10 mai au soir:
– 208 artistes ont participé
– 274 oeuvres ont été produites et toutes ont été vendues
– 280 personnes ont contribué et permis de récolter 86365 euros , auxquels il faut rajouter 1350 euros de promesses de dons (règlements par chèques)

Ce « premier festival d’Art Urbain Confiné » a réuni plusieurs artistes de street art dont  Yarps qui m’a livré en quelques phrases les raisons de sa participation.

Quand ils m’ont contacté pour ce projet, j’ai trouvé que c’était bien. Quand je peux contribuer à mon petit niveau à ce genre de choses, je le fais avec plaisir car les hôpitaux et les soignants, je les connais bien. J’y ai fait pas mal d’allers-retours suite à mes accidents … Le personnel soignant est traité n’importe comment et là, c’était l’occasion de leur rendre hommage. Ils sacrifient leur vie et je pense que ça méritait au moins un geste. Pour le projet, j’ai réalisé un nouveau pochoir en prenant comme base  une matrice que j’avais déjà, car je ne peux pas tout découper là. Puis j’ai bombé et collé un masque en miniature . C’était ma petite pierre à l’édifice. C’est l’occasion d’ailleurs de parler aussi du travail numérique réalisé par Elvis Comica , une œuvre qui représente une infirmière elle-même passionnée de street art. Il y a là-dedans une vraie cohérence, la boucle est bouclée.

YARPS

Street artiste et locataire de la Galerie One Toutou avec le photographe Pierre Terrasson

#LESAMISDESARTISTES : l’ orientation « secteur »

Image tirée du site internet du projet #lesamisdesartistes

Les amis des artistes, c’est un collectif d’artistes issus d’horizons divers qui essaie via son projet de soutenir la création artistique . L’artiste met en vente jusqu’à 3 œuvres, dont au moins une à moins de 500€, ceci en accord, lorsqu’il y a lieu, avec la galerie qui le représente. Les œuvres sont publiées sur ses réseaux sociaux avec le hashtag #lesamisdesartistes . L’acheteur verse 70 % du prix directement à l’artiste et les 30 % restants sur une cagnotte solidaire Leetchi au profit d’une association assurant leur distribution auprès d’autres artistes. Le but est d’alléger les dégâts causés aux artistes impactés par les conséquences du COVID-19 . Une première opération a déjà eu lieu. L’opération 2 a débuté le 04 mai et sera en faveur du Bureau d’Aide Sociale de la Maison des Artistes.  Les inscriptions ou participations se font sur ce lien . En deux semaines d’opération, les sommes générées s’élevaient hier  à  60 000 euros de ventes dont 18 000 euros de dons 

L’artiste Annabelle Amory me livre ici sa motivation pour participer à ce projet

Alors, pour Les Amis des Artistes… En fait, depuis longtemps, je « déstocke » souvent des toiles pour en faire don à des associations qui les revendent. En cette période de confinement, j’ai renouvelé l’opération pour le projet Saato par exemple. Malheureusement, offrir des toiles signifie aussi ne rien toucher sur la vente. Avec les Amis des Artistes, je peux faire plaisir et me faire plaisir, mais également aider les autres artistes. Si la majorité des projets caritatifs de ce confinement sont en toute logique tournés vers le secteur hospitalier, il manquait des aides dédiées spécifiquement aux artistes. La seconde cagnotte des Amis des Artistes concerne le Bureau d’aide social de la Maison des Artistes, fonds dont j’ai pu personnellement bénéficier au début de ma carrière et qui m’a énormément aidée.

Annabelle Amory

Artiste peintre

CONFIN’ART: la prime à une galerie toute jeune

Image CONFINART tirée du site de la galerie WAWI
L’action CONFIN’ART menée par la Galerie WAWI  consiste précisément à mettre en lumière les œuvres que cette période inédite de confinement a inspirés à certains artistes. Elle souhaite ainsi faire partie de la chaîne de solidarité qui s’est formée, pour aider les plus vulnérables. La moitié des bénéfices réalisés par les ventes sera versée à la Croix-Rouge du 10e arrondissement de Paris , située dans la même rue que la galerie. Elle s’inscrit dans les actions comme « La Croix-Rouge chez vous » qui permet de maintenir  le lien social, par l’écoute et la livraison de repas, des personnes les plus isolées et vulnérables.

Au bal masqué, une valse pour l’art?

Comme on a pu le constater via cette sélection de projets, les initiatives individuelles ou collectives se sont multipliées en ligne à l’instar de Solid’Art  ou Creatives In Confinement que j’aurais pu également détailler…  Mais pour aider à mieux vivre le confinement, l’imagination déployée chez les artistes  pour représenter les masques n’a pas souffert de pénurie. Certains ont mis  en ligne d’anciennes créations, dans le but de relayer les consignes sanitaires nécessaires. Tous avaient en tête, la matérialisation d’un objet venu s’imposer dans notre actualité comme l’accessoire le plus efficace à ce jour pour contrer le virus.

A lire aussi  Bas les masques

Cette effervescence autour de la création numérique aura été salvatrice pour certains, et c’est tant mieux. 
À partir de demain, notre vie quotidienne devra se réadapter à de nouvelles normes sociales, sanitaires.  D’autres formes  dans les rapports à autrui vont apparaitre.
Nous avancerons à tâtons entre confiance, peur, discipline et résilience. Nous nous lancerons dans ce futur en essayant de soulever progressivement tous les masques qui occultent notre devenir en commun.
Mais chacun d’entre nous caressera l’espoir que l’art résistera à l’épreuve et restera un des antidotes au virus.

Prêts pour le déconfinement ? La lutte continue !

Février 2020 : « arte callejero » en Uruguay

Février 2020 : « arte callejero » en Uruguay

Puisque nous sommes confinés, j’ai décidé de repartir en voyage. Je vous embarque donc avec moi à travers des photos de street-art prises lors de mon récent séjour de trois semaines en Uruguay, petit pays d’Amérique du sud où il fait très bon de vivre.

Montevideo

Montevideo, capitale la plus méridionale du continent américain est située dans le sud de l’Uruguay, en bordure du Rio de la Plata et se développe autour d’une baie qui forme un port naturel, l’un des plus importants du cône Sud. [1]

Longtemps, on pouvait y peindre partout sur les murs, le graffiti et le street art étant considérés comme des formes d’expressions des cultures populaires. 2014 marque un tournant car la loi interdit alors le graffiti vandal (Selon l’article 13 de la loi 19 120 de 2013 qui a modifié l’article 367 du Code pénal ). Le street-art se voit confiné à certaines zones, avec un calendrier organisant la rotation des murs à peindre.  

Aujourd’hui, l’art de rue sucite plus d’intérêt. Pour les artistes, il reste l’occasion de traduire en créations, les débats et les conflits qui secouent la société. Certaines institutions perçoivent mieux le potentiel touristique qu’il peut représenter, et la possibilité qu’il donne de renouer le dialogue avec des populations dans des quartiers délabrés. 

Les murs de Montevideo regorge donc de graffitis, de pochoirs, de fresques politiques ou artistiques et des dessins de toute sortes. J’en ai sélectionné quelques uns pour vous. 

Mur réalisé par Fitz et Theic Licuado - Montevideo- Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

« La résistance » . Mur peint par le Collectif Licuado lors du Festival de Arte Urbano Wang en mars 2018. Édith, Adriana et María Luz représentent trois des centaines de femmes qui étaient prisonnières politiques il y a quelques années sous la dictature. La fresque symbolise le soutien mutuel qu’elles se portaient à travers un réseau d’entraide qui existe encore pour mener les recherches jusqu’aujourd’hui.  L’œuvre se trouve au croisement des rues Cabildo et Miguelete .

Mur réalisé par Nino Cobre - Montevideo - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Mur peint en mars 2018 par Andrés Petroselli mieux connu sous le nom de  Cobre. Il représente l’écrivain populaire Eduardo Galeano, manière pour l’artiste de rendre hommage au peuple uruguayen. L’oeuvre se trouve au croisement des rues Sarandi et Colón

Mur réalisé par Leandro Bustamante Reina - Montevideo - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

« Les baigneurs de Rambla Sur »  . Fresque murale réalisée en novembre 2019 par Leandro José Bustamante Reina sur les murs extérieurs de la coopérative Coovisur. L’oeuvre est visible sur la Rambla Grande-Bretagne, entre les rues Maldonado et Andes.

Mur réalisé par Pardos , Ganga Positive - Montevideo - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Mur réalisé en avril 2019 par Mokek et  Pardos . L’œuvre se trouve au croisement des rues Barrios Amorín y Colonia

Mur réalisé par JUAN - Montevideo - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Mur peint par l’artiste JUAN lors du Festival de Arte Urbano Wang en mars 2018. L’œuvre se trouve à Pasaje de la via

Mur réalisé par FOLK , Wendchinita, MIN8 - Montevideo - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Une partie d’un mur peint en janvier 2017 pour rendre hommage à une Coopérative de femmes qui se sont battues en construisant de leurs propres mains un logement décent pour leurs familles. Ici, l’œuvre des artistes  Folk , Wendchinita et Min8

Mur réalisé par le collectif Licuado - Montevideo- Uruguay 2020 - -©nofakeinmynews.com

« Sororité  » .  Mur réalisé par le Collectif Licuado. La fresque met en évidence « Les femmes unies par un tissu invisible de fraternité » (Marcela Legarde) . C’est un appel pour un monde égalitaire. L’œuvre se trouve au croisement des rues Cerrito et Perez Castellano

Mur réalisé par CondE COF et eXRandÖmyKo - Montevideo- Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Mur réalisé collectivement par CondE  , COF et eX RandÖmyKo . L’œuvre se trouve au croisement des rues Cerrito et Solis

Mur réalisé par Pardos, El Santo, LEA, Andres Letop, Ivan Salazar - 1- Montevideo - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com
Mur réalisé par Pardos, El Santo, LEA, Andres Letop, Ivan Salazar - 2-Montevideo - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Mur collectif réalisé en février 2019 par Pardos , El Santo , LEA , Andres Letop , Ivan Salazar . L’œuvre se trouve au croisement des rues Cerrito et ciudadela

Dolores, Villa Soriano, Durazno , Colonia del Sacramento

En dehors de Montévideo, j’ai pu découvrir de belles pièces dans des villes comme Cabo Polonio, Colonia del sacramento, Durazno, Dolorès ou encore Villa Soriano…

Dans la plupart de ces endroits, même si les murs sont moins recouverts de street-art, le désir des artistes de montrer leur travail dans les lieux publics reste intact. Ils contribuent ainsi à égayer le quotidien des habitants en injectant de la couleur au paysage .

Des événements comme le festival El Arte a las Calles à Colonia del sacramentao se mettent en place et tout porte à croire qu’ils vont se pérenniser. Des collaborations enrichissent les créations lors des résidences d’artistes qui existent.

Certaines œuvres anciennes sont très ancrées dans le paysage. Elles résistent au temps qui passe en faisant un formidable pied de nez à ce qui caractérise aussi l’art de rue: son côté éphémère.
 
Mur réalisé par le collectif Licuado - Villa Soriano- Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

« Al ritmo del rio » . Peinture murale réalisée en 2013 par le Collectf Licuado lors du séjour à la résidence Vatelón. L’œuvre se trouve au croisement des rues Cabildo et 19 de Abril à Villa Soriano.

Mur réalisé par Soy Luxor - Dolorès - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Mur réalisé en 2016 par Soy Luxor en guise de soutien aux habitants de Dolorès après une tornade qui a fait énormément de dégâts en avril 2016. L’œuvre se trouve au croisement des rues Asencio & Carlos María Solari à Dolorès

Mur réalisé par HOPE - Villa Soriano - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Mur réalisé par HOPE en septembre 2019 lors de la résidence d’artistes à Valeton . L’œuvre se trouve au croisement des rues Lavalleja et Piedras à Villa Soriano.

Mur réalisé par Hudson Henrique - Cabo Polonio - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

« Synergia« . Mur réalisé en août 2019 par Hudson Henrique à Cabo polonio 

Détail mur réalisé par RAF et AS1 KNCR crew - Colonia del sacramento - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

Détail du mur « La trilogia andina » réalisé en septembre 2018 par Rafael Boa Morte et AS1 KNCR CREW dans le cadre du festival « El Arte a las Calles » à Colonia del sacramento . L’œuvre se trouve au croisement des rues Rivadavia et Vicente P. García à Colonia del Sacramento

Mur réalisé par Nicolas Rodriguez - Durazno - Uruguay 2020 - ©nofakeinmynews.com

« Le petit prince » . Mur réalisé par Nicolas Rodriguez en février 2020 . L’œuvre se trouve Plaza Itala Mondragon à Durazno

Pour finir…

Les photos que je vous ai proposées ici ont été prises principalement lors de moments d’oisiveté, dans des rues principales ou latérales. J’ai souvent découvert les murs par hasard, ce qui explique la présence de réalisations anciennes et récentes. Les artistes énumérés ne sont qu’un échantillon de ceux qui créent actuellement dans tout le pays.

Le street art étant en perpétuelle évolution, nul doute que sur place vous trouverez d’autres très belles choses partout où vous regarderez autour de vous.  Et pour les personnes qui ne veulent pas se fier au hasard des découvertes mais organiser leur voyage autour d’événements précis,  sachez qu’il existe StreetArtUY, une carte interactive qui vous permettra de géolocaliser des oeuvres  dans certaines villes que vous visiterez . 

Vilédé GNANVO

A.O.B : L’expo qui concilie esthétique et éthique

A.O.B : L’expo qui concilie esthétique et éthique

Depuis le 25 septembre 2019 se tient à la Maison du don de la Pitié-Salpétrière l’exposition « A.O.B – l’Art Œuvre pour la Biodiversité ».
 
À l’origine de cet événement, l’implication de 3 acteurs : L’Établissement Français du Sang ,  l’association Noé  et l’association Art’Murs . Les 2 premiers sont mus par le même engagement pour la Vie : – la collecte de dons de sang, de plaquettes ou de plasma pour l’un, les actions de préservation et de restauration de la biodiversité pour l’autre [1] . Quant au troisième, c’est une association créée en 2018, regroupant des passionnés de street art [2], qui a réussi à fédérer autour de ce projet sept artistes acquis aux causes d’une alliance écologie – art [3] .
 
Chacun des trois acteurs a par son investissement le désir d’éclairer un peu plus l’autre et d’ouvrir une passerelle entre la créativité et la sensibilisation aux thèmes de la vie.

Un engagement fort

En rentrant à l‘EFS, tout primo donneur a l’occasion de voir s’atténuer l’appréhension qui peut le saisir, car il est d’emblée accueilli dans un décor de créativité. Une manière aussi d’interpeller les donneurs réguliers par la proposition d’un espace dans lequel le regard change.

Avec une esthétique scénarisée par le choix des organisateurs, les murs sont habillés par une diversité d’œuvres réalisées dans  des techniques différentes. Les contraintes, la nécessité et l’urgence du besoin de dons (pour vivre ou guérir) sont tempérées par un cadre propice à l’exploration artistique qui permet de véhiculer une approche sereine de la pratique.

La puissance du message global de l’exposition s’appuie également sur la présence de l’association NOE qui s’emploie depuis longtemps à mettre le projecteur sur la beauté de la nature qui nous entoure.
Ici, le visiteur donneur ou le personnel de l’ EFS sont invités à se pencher sur les aspects liés à la biodiversité. Ils voient l’occasion de creuser des liens plus profonds entre les hommes et son environnement par le biais du travail artistique, le secteur de la création se refusant à être déconnecté des dommages causés à notre nature.

De fait, en intégrant l’art dans cet espace voué à la vie, chacune des thématiques qui s’y trouvent semble s’accorder de manière fluide. L’ art et la biodiversité s’épanouissent en tandem. Les toiles exposées offrent une opportunité rare de se saisir du beau pour s’approprier des causes qu’on pourrait croire éculées.

Dans cette dynamique et parce que le street art peut être utilisé pour encourager le dialogue public sur ces thèmes, l’association ART’MURS a choisi pour son troisième grand évènement de proposer un groupe d’artistes connus pour leurs convictions écologiques. Elle affirme ainsi son engagement en faveur du bien commun qu’est notre planète, en offrant une exploration artistique enrichie et en poussant à un examen des répercussions de la dégradation de l’environnement sur les êtres vivants.

Artistes divers, techniques variées

Tous ont conçu des oeuvres qui d’une manière ou d’une autre appuient sur les fragilités de notre écosystème, les ravages que subit la nature ou la menace qui pèse sur les animaux . 

Avec la serie Graffaune de Daco, les pochoirs Don’t make us history de Polarbear ou les dessins croqués par Philouwer ( soit dit en passant, Philouwer est un donneur  régulier du centre de la Pitié Salpêtrière qu’il fréquente depuis des années) les pratiques qui menacent les espèces en voie de disparition sont pointées du doigt pour susciter notre intérêt. 

D’autres comme Moyoshi proposent la série Décharge sauvage pour sensibiliser sur les effets néfastes du consumérisme sur l’écosystème. Teuthis montre son engagement en faveur de la conservation des récifs coralliens avec ses œuvres, La murène commune et l’anémone fontaine. Nadège Dauvergne dénonce via Exodus  l’appauvrissement du milieu naturel en animaux sauvages, tout comme Ami imaginaire avec ses collages d’animaux aux motifs colorés réintroduits sur les murs des paysages urbains.

L’intégralité des œuvres présentées sont proposées à la vente  sur  French Art Collection  . Une partie des ventes sera reversée au bénéfice de l’association Noé pour soutenir ses actions en faveur de la biodiversité. [3]

En fin de compte,  A.O.B se différencie de bien d’autres expositions par son articulation autour de 3 structures engagées. Cette initiative inspirante est une manière poétique et amusante de faire passer un message : l’urgence de s’intéresser, préserver et contribuer par l’acte à ce qui constitue l’essence de la vie, tant chez l’homme que dans la nature.

Et pour réunir tous ces artistes autour de cette cause, il a fallu la mobilisation des membres de la  jeune association ART’Murs , fondée par une femme passionnée et déterminée qui s’appelle Sabine Mayer .

Vilédé GNANVO

Infos pratiques :
Exposition « A.O.B – l’Art Œuvre pour la Biodiversité »
Il est encore temps d’y aller car l’expo a cours jusqu’au 2 novembre 2019  à la Maison du don de la Pitié Salpêtrière – 12 rue Bruant, 75013 Paris.
Lundi de 9h à 14h  / Mardi, mercredi et vendredi de 9h  à 16h  / Jeudi de 12h à 19h  / Samedi de 9h à 17h

Elle a aussi vocation à être prolongée jusqu’au 14 décembre au centre de Crozatier.
Et n’hésitez pas à donner votre sang, cause aussi importante.

Sources :
[1] Dossier de présentation de l’association ART’MURS
[2] Je suis membre de l’association
[3] Dossier de présentation de l’association ART’MURS
[4] Site de l’association ART’MURS 
 

Pin It on Pinterest