V.G. - No Fake In My News - Page 7

Tenue correcte exigée

Tenue correcte exigée

 

Cette année encore la Défense Jazz Festival a rempli sa mission et contenté de nombreuses personnes en proie à des moments festifs dans ce quartier d’affaires. Pour ses 40 ans, l’événement s’est déroulé sur le parvis du 19 au 25 juin 2017 dans une ambiance chaude pour ne pas dire caniculaire.

Qu’à cela ne tienne ! Il y avait quand même du monde.

Le mardi 20 juin vers midi, je me suis installée pour découvrir de nouvelles sonorités. Il fait beau et pas encore trop chaud. C’est l’heure de déjeuner et on commence à voir des gens sortir des bureaux pour profiter de la musique.

Je suis frappée par une chose. Cette sensation, je l’ai éprouvée pour la première fois alors que cela fait pourtant huit ans que je travaille non loin de là. Le week-end passé dans les rues de Paris, au parc ou ailleurs, même s’il faisait un temps similaire, rien ne m’avait interpellé. Mais là, l’objet de mon désarroi tournait autour de la manière dont les gens étaient habillés, les femmes en particulier.

Où est passé le « Dress Code » qui fait rêver ?

Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser ce qu’est La Défense pour ceux qui ne la connaissent pas.
Ce n’est pas exagéré de dire que c’est l’équivalent de la City à Londres ou de Wall Street à New York. C’est le plus grand quartier d’affaires de Paris. Dans ce lieu est concentrée une grande partie des jeunes cadres dynamiques de ce pays. Beaucoup de sièges sociaux des entreprises du CAC 40 arborent leurs logos en haut des fameuses tours qui font sa réputation.

Aussi, en termes de « dress code » on s’attend à un niveau à la hauteur de l’élégance française : des silhouettes aux allures de « business (wo) men » comme on voit sur les plaquettes de présentation des entreprises.

Pourtant, ce n’est pas tout à fait ce que j’ai constaté. J’ai vu:

  • Des jupes très très courtes et des minirobes.
  • Des vêtements très moulants ou transparents.
  • Des décolletés plongeants.
  • Des femmes avec des talons hauts avec lesquels elles ont manifestement du mal à se déplacer.
  • Des hommes avec pantalons qui tiennent à peine sur leurs mollets et qu’ils sont obligés de remonter sans cesse avec parfois le spectacle de la raie inesthétique qui s’expose aux regards.

Cela m’a beaucoup questionné, moi qui me voyais inconditionnellement en faveur de toute liberté de s’habiller, sans a priori ni sur la nudité, ni sur le corps largement couvert.

Néanmoins, ces vêtements dans ce contexte précis me sont apparus inadaptés à un environnement professionnel. J’ai ressenti comme une marque de désinvolture vis-à-vis de l’employeur et des collègues. Comme s’il n’y avait plus aucune conscience des matières, des styles, des morphologies et des codes établis.

J’ai soudainement pris conscience qu’en 15 ans, les choses se sont inversées et qu’auparavant, il y avait une nette distinction entre la garde-robe professionnelle et celle réservée à la vie de tous les jours ou aux loisirs. Sans doute est-ce aussi mon regard qui a changé, car finalement il n’y a rien de dramatique si les codes sont désormais moins stricts. Non, rien si ce n’est la disparition de l’idéal que j’aurais aimé conserver de ce lieu. C’est dire si c’est peu de chose…

Mais au fait, que dit la loi à ce sujet ?

Business men & women

L’Article L1121-1 du Code du travail précise : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché »

En gros légalement, chacun peut s’habiller comme il veut dans la limite de la décence, mais à condition de respecter les obligations liées aux protections nécessaires à la sécurité ou à l’hygiène dans certains métiers. Des règles écrites ou inscrites dans les conventions collectives peuvent donner lieu à des contraintes selon la nature du travail (contact avec le client par exemple).

De ce fait, le code vestimentaire en entreprise est souvent tacite. On se conforme à ce que les autres font, à ses propres limites ou pudeurs. Il est vrai aussi que sans un repère clair, la jauge de la décence peut être compliquée à trouver. Car un environnement trop restrictif peut vite s’avérer insupportable.

C’est d’ailleurs pour insuffler un peu plus de lâcher prise qu’a été institué le « Friday wear » mettant à l’honneur le look décontracté les vendredis.

Plus récemment en période de canicule, un groupe de conducteurs de bus s’est approprié le port de jupes, faisant ainsi un pied de nez à l’interdiction de mettre des shorts pour le travail. Ils ont ainsi trouvé une façon habile de respecter le règlement tout en essayant de s’assurer un peu de confort inimaginable dans des pantalons trop couvrants.

Et si on va encore plus loin, on peut citer l’exemple du « Naked friday » proposé à des salariés d’une start-up britannique dans le cadre de sa politique d’impulsion du bonheur. Se débarrasser de toute pudeur afin de recentrer l’essentiel sur l’humain. Le concept « Travailler nu au sein de l’entreprise » est prôné par le psychologue David Taylor pour qui « la nudité renforçait la cohésion d’équipe, désinhibait les collaborateurs et participait à la pacification des relations au sein de l’entreprise ».

L’habit ne fait décidément pas le moine.

On n’en est pas là encore à la Défense. Et Je finis donc par admettre que tout, y compris mon regard évolue inévitablement à mesure que le temps passe. Je regrette que les vêtements ne reflètent plus l’image que j’ai toujours eue de la Défense ! Celle des jeunes cadres qui vont diriger ce monde !

A en juger la posture de certains député qui ont refusé récemment de mettre la cravate à l’Assemblée, j’ignore tout ira dans le bon sens ou pas. Mais une chose est sûre, puisque l’habit ne fait pas le moine, il ne détermine donc en rien la compétence.

Et ça au moins, c’est très rassurant.

Vilédé GNANVO

Toxique Doxing

Toxique Doxing

J’ai toujours pensé que je serai victime de doxing par des petits merdeux, mais c’était sans compter sur l’efficacité 100 fois supérieure des journalistes

C’est par cette phrase que l’informaticien qui a réussi à stopper la cyberattaque géante du mois dernier (WannaCry) a fait savoir son écœurement après que des journalistes britanniques aient déniché suffisamment d’informations en ligne pour identifier et révéler qui il était, alors qu’il ne voulait pas sortir de l’anonymat.

En très peu de temps, il a assisté à l’étalage de toute sa vie dans les tabloïds, à la mise en pâture des informations sur ses amis et sa famille. Peu importe que le seul sujet qui vaille soit la manière dont il a pu freiner une énorme cyberattaque dévastatrice grâce à son expertise.

Bienvenue dans les travers d’une pratique née au Etats Unis et qui devrait prendre encore plus d’ampleur dans les années à venir, y compris en France : le Doxing.

Qu’est-ce que le Doxxing ?

Le Doxing (ou Doxxing ) consiste à identifier et publier des informations privées ou difficiles à obtenir sur un individu, avec l’intention de lui nuire.

Ce terme a fait son apparition dans l’Oxford English Dictionary en 2014. À l’origine, le mot DOX était utilisé par les informaticiens comme une abréviation de « docs » (pour « documents »). Le terme Doxing découle de l’argot «dopping dox», lié selon l’écrivaine Wired Mat Honan à une « une tactique de revanche des pirates dans les années 1990 » . En 2000, sa signification s’est élargie à la révélation de l’identité d’un internaute, pour finalement en 2008 prendre la définition répandue actuellement à savoir une méthode de harcèlement par la publication d’informations privées en ligne sur un individu.

Quel public est visé ?

Aucun utilisateur du net n’est à l’abri du doxing. Qu’on soit particulier anonyme, people, personnalités publiques ou dirigeants d’entreprise, toute profusion d’informations sur le net peut à tout moment mener quelqu’un à lever le voile sur votre identité en révélant des noms complets, des adresses professionnelles ou privées, des numéros de téléphone, des photos, des noms d’utilisateur … tout ce qu’on pensait avoir mis dans une « case privée ».

Dans quel contexte et comment ça se développe ?

L’un des avantages que nous croyons avoir sur internet est de pouvoir agir en tout anonymat en postant des commentaires, en alimentant du contenu ou en faisant de la veille sur des thématiques qui nous intéressent. Le doxing nous met clairement en face de ce leurre. Pour quiconque s’y connaissant un peu en informatique, il peut être assez facile de tracer un individu en ligne et de révéler son identité. Il suffit d’avoir le temps, l’accès à internet et être capable de croiser et analyser plusieurs informations. Car finalement sur le net, nous laissons constamment de précieux indices sur nous qu’on peut retrouver via:

  • Une recherche de localisation du nom de domaine d’un site ou blog.
  • Les informations laissées par les utilisateurs qui alimentent régulièrement les réseaux sociaux sur leurs hobbies, parcours, déplacement, achat…
  • Le fait d’avoir le même pseudonyme sur plusieurs plateformes différentes.
  • Toutes les données officielles qui peuvent être collectées et qui sont disponibles par recherche simple dans Google (ex : diplômes, courses genre marathon, pétitions en ligne..).
  • Des collectes d’info sur les annuaires inversés en ligne . Il existe de nombreux services en ligne qui fournissent l’accès aux informations personnelles d’une personne donnée en fonction de son téléphone, son nom et son adresse électronique.

3 exemples de Doxing.

Parmi ceux qui ont eu un écho médiatique ces dernières années, on peut citer :

1 – En décembre 2015, la conseillère de la ville de Minneapolis, Alondra Cano qui a utilisé son compte Twitter pour publier des numéros de téléphones portables privés et des mails de critiques qui ont écrit sur son implication dans un rassemblement Black Lives Matter . [1]

2 – En 2016, l’annonceur Fox Business Lou Dobbs qui a révélé l’adresse et le numéro de téléphone de Jessica Leeds, une des femmes ayant accusé Donald Trump d’avances sexuelles inappropriées. [2]

3 – En 2015, le site de rencontres adultérines Ashley Madison qui a connu un scandale. Un groupe de pirates informatiques « The Impact Team » a publié des données sensibles (pour dénoncer les failles de sécurité dues notamment à la conservation des données des clients) sur les utilisateurs, ce qui causa pour des millions de personnes un vrai embarras et une atteinte à leur réputation personnelle et professionnelle.

Qui a recours au doxing ?

A travers ces exemples on se rend aussi compte que derrière cette pratique, il n’y a pas seulement la motivation de nuire. On rencontre aussi des justiciers. C’est le cas de ceux qui divulguent l’identité des racistes ou des « trollers » afin de les pousser à arrêter leurs activités nocives en ligne.

Cela part d’une démarche très louable de « robin des bois moraux », mais la frontière avec la loi quand on commence à s’attaquer aux adresses IP de personnes tierces est très faible. Et ce n’est pas parce qu’on veut faire du bien qu’on a le droit d’enfreindre a loi. Il vaut mieux passer par les outils légaux qui sont à disposition pour combattre ce phénomène.

Quel recours et comment lutter contre?

En France, il existe un site mis en place par le Ministère de l’Intérieur pour signaler toute dérive dont on serait victime sur internet.

Mais pour se prémunir au maximum du doxing, mieux vaut commencer soi-même par faire attention à ce qu’on poste sur la toile ou ce que d’autres mettent sur nous. Idéalement, il faut laisser le moins de traces possible sur son parcours et se doter des meilleures protections anti firewall. Parallèlement, quelques mesures basiques peuvent permettre de limiter les risques.

1- S’assurer que les photos personnelles envoyées sur des albums numériques comme « Picasa » soient bien paramétrées et réservées à un usage privé.

2- Il en est de même pour tous les profils qu’on cherchera à créer sur les réseaux sociaux. On peut en maximiser les paramètres de confidentialité et restreindre leur exploitation à une sphère privée non détectable par les moteurs de recherche.

3- Il vaut mieux utiliser des adresses de messagerie différentes selon les comptes qu’on possède et des identifiants distincts selon le type d’activité à laquelle l’on souscrit (ex : jeu, la participation au forum, les comptes bancaires, etc.).

Ces quelques mesures sont à la portée de tous et peuvent être prises afin de se protéger, même si comme on le sait, il pourra toujours y avoir quelqu’un capable de les anéantir.

Perspectives d’avenir.

Et ce ne sont pas les développements des nouvelles technologies comme la reconnaissance faciale, l’identification via les tatouages (qui par ailleurs fournissent bien plus d’infos sur les caractéristiques d’un individu) , l’essor des objets connectés ou encore la biométrie qui vont réduire les recours du doxing. Un site comme FindFace permet à quiconque de prendre pratiquement n’importe quelle photo d’une personne et de l’associer à ses profils sur le réseau social russe, VKontake. Cette appli est un exemple des techniques servies sur un plateau en or pouvant favoriser la pratique du doxing.

Si avec des algorithmes on arrive à reconnaître des visages avec une fiabilité proche des 100%, (en croisant les données) on devine la menace pour bien des secteurs d’activité comme les nombreux sites de rencontre ou érotiques, des gens travaillant pour la sécurité ….et qui n’ont absolument aucune envie d’être identifiés.

Mais on peut aussi rester positif en se disant que la technologie émergente sera mise au service de la défense de nos droits et aidera à réduire les velléités de doxing « négatif ». Car le doxing peut aussi permettre d’aider la justice à traquer des actions illégales qui se déroulent sur le web, à révéler des choses dans le cadre des différents dispositifs de sécurité.

Manager du bonheur au secours du boulot compresseur

Manager du bonheur au secours du boulot compresseur

 

La qualité de vie au travail fait partie des grands défis auxquels les entreprises sont confrontées.

Face au niveau élevé du chômage en France, tout salarié est déjà content d’avoir un travail. Ceci étant, la jeune génération qui rentre sur le marché est beaucoup plus exigeante sur l’environnement professionnel dans lequel elle sera amenée à exercer. Car les nouvelles organisations des espaces de travail sont porteuses de ce qui contribue à la perception de l’oppression réelle ou ressentie par les salariés.

S’il est vrai que les questions liées à la pénibilité du travail sont un peu plus abordées, il y a toujours une forte attente de certains de ne pas faire de la productivité l’alpha et l’oméga de toute activité. En effet, le travail remplit également un rôle social dans l’entreprise, celui de permettre la réunion de personnes d’univers différents œuvrant pour la réussite d’un projet commun.

D’où la prise en compte du facteur de bien-être au travail avec l’apparition d’une nouvelle fonction qui émerge dans le paysage professionnel : Chief Happiness Officer ( Responsable ou Manager du Bonheur ) désigné tout au long de cet article par C.H.O.

Travailler c’est trop dur…

Infobésité et hyperconnexion.

Pour 30% des personnes, le travail est un moyen d’épanouissement personnel. Pourtant, la transformation digitale qui s’opère dans les services bouscule régulièrement cette aspiration. Bien que le droit à la déconnexion soit entré en vigueur depuis janvier 2017, nombreuses sont les entreprises à ne l’avoir pas encore mise en place.

Le numérique vide certaines tâches de leur intérêt et ce faisant, participe à sa manière à une forme de déshumanisation de l’activité. L’hyperconnexion finit par consumer l’individu [1]. Les frontières entre le privé et le professionnel se réduisent de plus en plus. Abreuvé du flux d’informations et de mails professionnels, le salarié a l’impression de passer à côté des choses essentielles. Il subit une infobésité constante source de perte de temps et de fatigue psychologique.

Dans ce sens, même si la transformation numérique allège certaines tâches fastidieuses, elle n’en demeure pas moins génératrice de stress supplémentaire.

Nouveaux aménagements de l’espace

A cela il faut ajouter les nouvelles organisations de l’espace physique. On connaissait l’open space qui s’est largement déployé à la fin des années 90. Selon le baromètre OpinionWay réalisé pour le cabinet CD&B , le travail en open space ne fait pas l’unanimité. Alors qu’il concerne 33% des salariés, près de 50% des sondés estiment qu’il a un effet stressant et favorise la déconcentration. Les nuisances sonores et l’absence d’intimité peuvent mettre à rude épreuve tout espoir de bonne ambiance [2] .

Dorénavant, il faudra compter avec le flex office (modalité particulière d’aménagement de l’espace où les postes de travail ne sont pas attitrés [3] )ou le desk sharing ( partage d’un même bureau ou ordinateur ), modèles auxquels les entreprises ont recours avec leur lot de conséquences sur les conditions de travail et la constitution d’un socle propice au développement des facteurs de risques de burn-out.

Le mal-être.

Car ces espaces engendrent une déstructuration à laquelle le management peut involontairement contribuer. Pour peu qu’il y ait une mauvaise organisation du travail, un manque d’autonomie, l’intensification de la charge de travail ou des relations conflictuelles avec la hiérarchie (ce sont là quelques-uns des 6 facteurs de risques de burn-out tirés du rapport Gollac5 ), le discrédit du salarié envers son manager et plus généralement sa hiérarchie s’accroît et on ne s’étonnera pas d’apprendre que 50 à 60% des arrêts maladie sont dus au stress, fatigues ou autres dépressions.

Aussi, le bien-être au travail n’est plus un luxe mais une réelle préoccupation sur laquelle l’ensemble des acteurs se penchent à juste titre. Puisqu’on passe le tiers de sa journée au travail, autant amoindrir tout ce qui peut avoir une influence négative sur ce temps consacré, d’où le recours à un nouveau type de profil évoqué plus haut, le C.H.O.

Le recours au C.H.O.

Oeuvre du street - artist JORIS le long du canal de l'Ourcq - ©No Fake In My News

Oeuvre du street – artist JORIS le long du canal de l’Ourcq

C’est quoi un C.H.O?

A l’origine, l’idée de saupoudrer le bonheur au travail vient de Chade Meng Tan , le cent septième salarié engagé par Google. Convaincu que le bonheur est un état d’esprit, il met en place des cours dont le but est d’aider les « Googlers » à se recentrer positivement sur eux mêmes pour chercher les ressources internes afin de mieux gérer le stress et s’envelopper dans un cocon de positivité [4]. Le concept a si bien marché que c’est devenu un métier à part entière traduisible en français par Responsable ou Manager du bonheur.

Quelques caractéristiques et missions du C.H.O

Si on ne trouve pas encore de fiche de métier propre à cette fonction dans les références institutionnelles (APEC, ANPE etc…), plusieurs offres d’emplois incluent ses taches spécifiques. Il faut dire que la fonction était perçue encore il y a peu comme une lubie passagère de quelques-uns car elle concerne des caractéristiques qui peuvent déjà se retrouver dans d’autres métiers en place (Ressources Humaines ou Communication), ou s’appliquer par la simple volonté d’un manager bienveillant envers son équipe.

Pour son profil, le C.H.O. doit indéniablement être doté des qualités de bon communicant, créatif, disponible. En termes de personnalité, on attend de lui qu’il soit d’un naturel enthousiaste et énergique, empathique, convivial, altruiste. Tout ce qui peut favoriser le bonheur et la création des temps de convivialité en entreprise rentre dans son périmètre d’action. Dans l’article « Qu’est-ce qu’un Chief Happiness Officer? » l’auteur Christine Monfort égrène ses missions principales :

  1. organiser des événements dans l’entreprise ou en extérieur, pour garantir la cohésion et le bien-être des salariés ;
  2. réguler la tension liée aux évolutions de la charge de travail ;
  3. prêter une attention particulière aux situations individuelles ;
  4. assurer une communication interne claire et transparente pour que les salariés puissent s’exprimer sur leur fonction ou sur les relations au sein de l’entreprise ;
  5. accompagner les évolutions de l’entreprise qui peuvent s’avérer anxiogènes : nouvelle stratégie, rachat de l’entreprise, déménagement… ;
  6. trouver des solutions aux problèmes qui finissent toujours par arriver dans toute organisation impliquant l’humain.

Ses défis et solutions.

Etude IFOP

Infographie tirée du Baromère Paris Workplace 2016

Afin de parvenir à ses fins, il lui faudra se saisir de tous les outils adaptés à chaque situation voire à chaque individualité pour remettre le lien social au cœur des équipes. Un salarié qui se sent bien dans son environnement professionnel est bien plus performant. Il ne comptera pas forcément ses heures, ne sera pas absent et restera loyal.

A la charge du C.H.O. également d’impulser une bonne prise en compte de l’aménagement de l’espace de travail en installant par exemple des « bulles zen » ou des salles de silence.

Il peut recourir au Team Building même si la finalité ultime reste la performance et la productivité. L’organisation de défis, événements sportifs ou des rallyes interactifs… sont autant d’outils disponibles pour essayer de fédérer autour d’un même objectif, des personnes qui veulent se sentir appartenir joyeusement à la communauté de leur employeur.

Les dirigeants le savent, l’employé est désormais vecteur de l’image de son entreprise.  » La marque employeur peut …. Attirer les talents, certes, mais aussi les fidéliser, les retenir, les aider à s’épanouir et à grandir  » . Avec le développement des réseaux sociaux et la pratique rependue des évaluations ou notations, l’entreprise à son tour est scrutée sous tous les angles et pas uniquement celui de fournisseuse d’emploi. L’expérience salariée devient alors un indicateur auquel une attention particulière est prêtée.

Tout rose l’avenir ?

Anamorphose sur un mur réalisée par ZaG + Sia - ©No Fake In My News

Anamorphose sur un mur par ZaG + Sia

Avec ce terme de C.H.O. auquel on fait référence désormais, il y a la volonté réelle de mettre le bien-être dans les principes de management et en faire un levier de performance.

Si cela parait tout à fait séduisant, il faudra néanmoins attendre pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un simple concept voué à se vaporiser ou d’un coup marketing passager.

Pour que ça marche, il faut que la volonté de l’entreprise soit de recentrer sur l’humain avec pour objectif une vraie adéquation entre les changements qui bouleversent le monde des salariés et les ajustements nécessaires pour les doter d’outils conformes à leur bien-être.

La mission transversale du C.H.O. s’articulera alors entre une communication efficace et une politique de ressources humaines appropriée pour injecter une ambiance de vraie bonne humeur pérenne.

Elle sera de prendre des mesures concrètes qui agiront sur les 5 facteurs impactant le plus ce bien-être au travail et cités plus haut dans l’infographie : l’équilibre vie pro / vie privée, la qualité des bureaux, l’ambiance entre collègues, le temps de trajet, le sentiment de sécurité dans le quartier .

Le CHO devra proposer des choses qui incitent suffisamment les employés à s’investir et pousser les décisionnaires à créer une dynamique vertueuse grâce aux processus d‘amélioration de la qualité de vie.

S’il y parvient, il deviendra indispensable et s’imposera dans toutes les fonctions transversales. Dans le cas contraire ce sera un outil pansement pour que les managers aient la conscience tranquille.

Mise en bouche de quelques tendances en gastronomie.

Mise en bouche de quelques tendances en gastronomie.

 

Les mutations autour du Food sont de plus en plus présentes et on observe des phénomènes étranges qui font leur apparition sur les réseaux sociaux ou sites internet. Si l’envie de manger mieux et sain est au cœur des préoccupations du grand nombre, c’est parce que la sensibilisation autour des effets de la nourriture sur notre bien-être a bien fonctionné. La promotion des cinq fruits et légumes à consommer quotidiennement ou du lait parfait pour la santé des années 2000 laissent place au manger sain. Et dans ce domaine, la France est perçue comme un bon exemple tant dans sa consommation que dans sa production de produits bio.

Les nutritionnistes et autres diététiciens courent les plateaux télé. Les émissions culinaires envahissent nos écrans avec succès. Un réseau social américain nommé Tasty, consacré à la cuisine et dédié à la diffusion de vidéos culinaires essaie de s’implanter en France [1]. Plusieurs applications nous proposent de bien décortiquer les composants de nos assiettes afin d’ingurgiter en paix.

Les livres de cuisines se déclinent à foison autour de thématiques diverses. Du manger pour ne pas vieillir, manger pour ne pas avoir le cancer, manger pour pratiquer le sport ou manger pour maigrir…. les éditeurs ont trouvé le bon filon pour nous pousser à nous préoccuper de la recette la mieux adaptée à notre estomac.

L’argument Santé est donc largement mis en avant pour nous faire prendre conscience que tout ce qu’on fait passe par le prisme de ce qu’on mange.

Food et science.

Mais manger bien rime avec manger cher. Et puisque l’agriculture telle qu’elle est produite aujourd’hui ne suffira pas à satisfaire les milliards que nous serons demain sur terre, la science aussi se penche sérieusement sur la question de comment réduire la faim dans le monde. C’est avec beaucoup d’intérêt que nous avons assisté au décryptage du menu du réveillon concocté par le Chef Thierry Marx pour Thomas Pesquet dans son récent périple dans l’espace.

Un peu plus proche que l’espace, au Pérou, le Centre International de la Pomme de terre (CIP) a conduit un projet ayant pour but de cultiver des pommes de terre dans des conditions similaires à celles de Mars. Et cela a porté ces fruits. Les résultats préliminaires sont suffisamment positifs pour en déduire qu’une telle initiative sur Mars ne serait plus du seul domaine de la science-fiction.

Toujours dans le domaine scientifique existe une nouvelle tendance nommée la Gastrophysique : Ce néologisme créé par un psychologue nommé Charles Spence décrit tout ce qui va contribuer à la valorisation d’un aliment, qui va le rendre attirant et décupler un genre de sensorialité jusque-là inexploité. « La gastrophysique finalement cherche à montrer scientifiquement ce que nous dictent l’intuition et l’instinct. »

Valoriser la gastronomie, loin d’être un phénomène nouveau est devenu l’affaire de tous. L’art de bien recevoir fait partie des caractéristiques importantes des français et les plaisirs de la table restent ancrés dans leurs pratiques festives. Selon une étude récente de l’IFOP , 94% des français aiment découvrir de nouvelles expériences culinaires, 75% accordent de l’importance à l’esthétique et 70% l’associent à un moment de partage et fédérateur.

Joyfood.

C’est dans ce contexte que le chef Thierry Marx et Badoit ont lancé le concept de la Joyfood : l’objectif est de promouvoir la notion de partage et bonheur autour des aliments qu’on consomme. Il y a l’envie de créer toujours du lien social et de ramener à la portée de tous la grande gastronomie. (Chez Badoit nous pensons que la nourriture peut être une véritable source de joie. Que si l’on s’attache à mettre du bon, du beau et un peu de surprise dans son assiette et dans le cadre qui nous entoure, on offre à soi et à ceux qu’on aime, un petit supplément d’âme et de joie) . Cela n’est pas sans rappeler l’idée du réseau social Tasty qui se veut un lieu où la gastronomie est associée à un mouvement de Loisirs créatifs.

Ainsi on voit déferler toute cette mouvance chez des personnes qui veulent faire de la bonne et aussi belle « bouffe ». Ceci dit, la notion de partage du « moment de repas » peut parfois prendre une tournure un peu plus extravagante sur des plateformes digitales à travers le MukBang (meokbang en coréen), phénomène qui vient de la Corée du Sud.

Mukbang.

Oeuvre "la divine comédie" par l'artiste JBC - LE GRAND 8 DE L'ART URBAIN 2017- ©No Fake In My News

Ce terme vient de la contraction de Muk (en coréen meokneun qui veut dire manger) et Bang (en coréen bangsong qui veut dire diffusion) [2] . Il s’agit de la diffusion en ligne de personnes entrain de manger de grandes quantités de nourriture tout en interagissant avec un public via des espaces de discussions. Le phénomène est devenu complètement sociétal. Il y a des spécialisations dans la dégustation : manger épicé, manger vite et de manière bruyante, répondre à des challenges posés par des fans esseulés etc… Ces performeurs de la nourriture peuvent être rémunérés sous forme d’une monnaie virtuelle convertible ensuite en dollars, en acceptant des dons ou en s’associant à des réseaux publicitaires (C’est par exemple le cas de Park Seo-Yeon qui gagne grâce à cela environ 9 000 $ par mois).

Mais le plus drôle, ce sont les nombreux internautes qui assistent à ces scènes: une tendance voyeuriste qui traduit d’une part une obsession littérale pour les aliments, de l’autre part, l’expression d’un fléau qui affecte la société sud-coréenne : la solitude si dévorante qu’elle pousse à être accompagné virtuellement pendant les moments du repas.

Le « social eating ».

C’est pour répondre à ce besoin de visionnage que le site de streaming en ligne Twitch s’est mis à la page avec le lancement d’un espace dédié appelé « social eating », même principe que le Mukbang Coréen, la transaction financière en moins.

A la question « Qu’est-ce que le social-eating » ? On peut lire sur le site de Twitch : c’est l’art de partager un repas avec votre communauté… L’esprit de l’alimentation sociale est donc moins concentré sur l’acte de manger et plus sur un sentiment de camaraderie et d’inclusive. Son but principal est de profiter de la nourriture dans un cadre social, tout comme aller dans un restaurant avec des amis, en offrant des divertissements interactifs autour des repas pour tous ceux qui regardent.

Mais pour l’instant en France, « la sauce » social eating ne prend que légèrement en terme d’audiences. Le phénomène MukBang ne fait pas encore trop d’adeptes et espérons qu’il ne prospère pas plus. Ce serait peu appétissant d’assister en direct à la dégustation bruyante d’une tête de veau ou d’un bœuf bourguignon, aussi goutteux qu’il soit. Car n’oublions pas que la gastronomie française fait partie des meilleures au monde et qu’elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

D’aileurs, avec une variété de saveurs et une richesse dans les produits de terroir faisant saliver d’autres pays, l’art culinaire français sera à l’honneur du 18 au 21 mai au Grand Palais à Paris pour la troisième édition du festival « Taste of Paris ».

Affiche du festival des chefs "Taste of paris"

Cet événement explore tous les contours de la gastronomie : dégustation, ateliers de cuisine, rencontre avec des chefs, un marché étendu sur 1000 m2 qui mettra en valeur des produits les meilleurs. Nul doute, l’honneur des mets sera sauf.

A table chefs !

Vilédé GNANVO

Sources :

[1] « Les bonnes recettes de Tasty » ; Alexandre Piquard; Le monde – Economie et Entreprise du p8.
« Kiss Kiss Mukbang » ; Axel Cadieux; Society du 19/08/2016 p22
[2] https://en.wikipedia.org/wiki/Mukbang
http://www.slate.fr/story/120475/social-eating-se-filmer-en-train-de-manger

L’Afrique au Waximum

L’Afrique au Waximum

Le 18 mars 2017 dernier, le magazine hebdomadaire Télérama titrait « L’avenir de l’art est en Afrique » avec tout un dossier très intéressant consacré à ladite thématique. Nul besoin d’attendre l’avenir pour constater que le printemps africain s’illustre déjà à travers trois angles qui ont trouvé des échos dans l’actualité.

 

  1. Tendance.
  2. Technologies et business.
  3. Culture.
Déco séjour wax - par l'artiste Hassan Hajjaj - ©No Fake In My News

Tendance : Cela fait de nombreuses années que le chic de l’Afrique se rappelle à nous dès le printemps par des petites touches de tissus wax ou motifs africains qu’on retrouve dans les collections d’été. Des émissions de télévision axées sur le relooking ont mis en exergue des boutiques spécialisées dans l’ « ethnique » jusque-là restées confidentielles et fréquentées par amoureux des couleurs de ce continent.

Dorénavant, le wax se décline un peu partout. Les modèles des créateurs Wax Going On ou encore Maison Château Rouge côtoient sans complexe les marques Jymmy Choo ou Paul & Joe dans les sélections de look des magazines féminins qui dictent les tendances à suivre. Outre la sphère vestimentaire, le wax c’est la déco et le style. Le design des meubles s’en inspire. Le site d’e-commerce Wax ‘n Deco ne s’y est pas trompé et propose toute une gamme de linges de maison, linges de tables ou accessoires divers. Pas de doute, l’Afrique c’est chic, l’Afrique c’est « IN ». Et cette tendance gagne tout le secteur économique.

 

Technologie et business : De nombreux acteurs économiques misent sur le terrain novateur de l’Afrique pour propulser leurs activités ou les consolider. D’après des experts comme Gilles Babinet co-fondateur d’Africa 4 tech, l’Afrique est le lieu où il est incontournable d’investir en matière d’innovation. 

Station Vampire de Rigobert Nii - ©No Fake In My News

Selon l’édition 2016 des perspectives économiques, elle « confirme sa deuxième place dans l’économie mondiale pour la rapidité de sa croissance, derrière les pays d’Asie émergents, et plusieurs pays africains se placent en haut du classement « 

Ce continent pourrait représenter une source d’investissement non négligeable car il comptera 25% de la population mondiale à échéance de 2050. Dans un contexte où les enjeux de transformation numérique constituent un sujet de réflexion prégnant ( ubérisation de l’économie oblige ), ils représentent en Afrique une belle manne que le monde de la Tech ne peut ignorer. Cela se mesure à l’attrait pour la mise en place événements sectorisés comme Africa Tech Now prévu en janvier 2018 ou encore Afrobytes qui aura lieu les 8 et 9 juin 2017 .

Et les résultats de ce nouveau regard orienté vers ce continent sont palpables. Qui aurait imaginé que le lancement de Pokemon Go se ferait dans 31 pays africains en octobre dernier ? Peu de gens car on ignore souvent que l’Afrique peut être pionnière dans certains usages liés aux télécoms [ alors même qu’il manque encore de l’eau potable ou de l’électricité dans beaucoup de régions ] . L’essor du digital et particulièrement du m-paiement constituent une niche économique. « Le classement économique du mobile money présentée par l’experte anglaise Alix Murphy fin 2014 montrait d’ailleurs en n°1 ….l’Afrique subsaharienne et en queue de peloton … l’Europe ».

Ce n’est pas pour rien qu’il y a eu le récent positionnement de l’opérateur Orange, très impliqué dans le développement du numérique en Afrique via notamment son système d’appli mobile Orange Money [1] . En investissant ainsi, l’opérateur trouve un terrain d’expansion probable sur le continent.

Le 21 avril 2017, la société Funsoft ( société de jeux vidéo basée au Maroc et dont les créateurs s’inspirent du patrimoine culturel africain ) a lancé le premier gaming mobile africain appelé Rangi pour le casque de réalité virtuelle Gear VR. Bien sûr pour le moment, l’industrie du jeu mobile est uniquement concentrée en Afrique du Sud et au Nigeria, mais le mouvement est lancé.

La classe moyenne émergente est très demandeuse de ses nouvelles appli facilitatrices des démarches au quotidien, pragmatiques et adaptées aux usages. La jeunesse constitue une promesse d’émergence pour des acteurs économiques assoiffés de nouveaux territoires de business. FinTech, Agritech et Villes intelligentes sont donc des axes d’innovation bien en ligne de mire. Les annonceurs commencent à s’intéresser à ce continent pour promouvoir leurs marques. Récemment, la grande enseigne suédoise Ikea a annoncé sa collaboration avec la plateforme en ligne dédiée à la créativité africaine Design Indaba pour créer la première ligne d’Ikea entièrement africaine.

Dans ces conditions, l’Afrique ne représente plus uniquement des pauvres enfants mourant de faim ou des réfugiés essayant par tous les moyens de rejoindre l’Europe au risque de leurs vies dans des traversées dangereuses. Par contre, elle concentre les paradoxes du continent le plus riche en termes de ressources naturelles, le plus dynamique par sa population jeune mais aussi le plus désœuvré pour son « développement » économique.

Tous ces antagonismes sont révélateurs des frétillements autour de ce continent et se retrouvent au cœur des événements culturels qui se déroulent en ce moment à Paris.

 

A Hero’s Journey de Lavar Munroe - ©No Fake In My News

Culture : Partout, l’art issu de la création africaine est très exposé ce printemps à Paris. Ce secteur fait émerger des artistes contemporains africains dont la visibilité est plus grande que dans le passé. Ils attirent de plus en plus de collectionneurs des quatre coins de la planète. Plusieurs d’entre eux étaient représentés à Art Fair Paris 2017 et qui se tient chaque année au Grand Palais. Je n’y étais pas. 

Par contre, je peux témoigner de la richesse de ce que j’ai vu dans deux expositions à la Villette à Paris et à la Fondation Louis Vuitton. Une scène artistique africaine forte, éclectique et très émouvante.

L’exposition Art / Afrique , le Nouvel atelier de la Fondation Vuitton s’articule autour de trois univers :

  • « Les initiés : un choix d’œuvres de la collection privée de Jean Pigozzi ». Le collectionneur nous offre ici un magnifique choix d’œuvres de sa collection d’art contemporain. Je trouve juste un peu dommage que de son propre aveu [2], il ne s’intéresse pas spécialement au continent des artistes dont il collectionne les œuvres. Mais cela n’enlève rien à la richesse de son catalogue.
  • « Etre là. Afrique du sud, une scène contemporaine » présentant des artistes issus de 3 générations : avant pendant et après l’apartheid, témoins des bouleversements qui secouent encore leur société .
  • Une sélection d’œuvres de la Collection de la Fondation Vuitton, reflets des nombreux enjeux de ce continent.

Le résultat final est bluffant car on passe de la sublimation de la récupération par le célèbre artiste béninois Romuald Hamouzé maître dans le « Recycl’Art» [3], à l’ambiance très colorée et enjouée de l’artiste MOKE.

Kin Oye Oye de Moke - ©No Fake In My News

Et le point d’orgue se situe probablement dans le récit qu’on peut avoir en filigrane d’une histoire de l’Afrique du Sud dont les séquelles de l’apartheid restent omniprésentes avec des blessures non pansées. Les contradictions de cette société sont toujours là, les états d’âmes de chacun nous arrachent des larmes . Ci dessous, une oeuvre de l’artiste Jane Alexander.

Infantry with beast de Jane Alexander - ©No Fake In My News

Le festival 100% Afriques à la Villette met en avant un ensemble événements culturels (art, musique, design) ainsi que l’exposition Afriques Capitales qui va jusqu’au 28 mai 2017. La création y est présentée sous forme d’une grande métropole qu’on est invité à découvrir. On y retrouve une nouvelle fois une oeuvre de l’artiste sud-africain William Kentridge à travers une vidéo.

More sweetly play the dance de William Kentridge - ©No Fake In My News

Le franco-béninois Emo de Medeiros nous invite à interagir par son installation « Points de résistances ».

"Points de résistance" de Emo de Medeiros - ©No Fake In My News

Pascale Marthine Tayou matérialise l’architecture par la suspension des maisons en hauteur et Alexis Peskine nous éblouit avec son magnifique tableau ci dessous.

Tableau d'Alexis Peskine - ©No Fake In My News

On ressort de là riche d’une grande variété d’univers. Mais il serait incomplet de finir cette parenthèse culturelle sans mentionner deux autres expositions actuellement en cours.

L’Afrique des routes au Musée du Quai Branly jusqu’au 12 novembre

Trésors de l’islam en Afrique, de Tombouctou à Zanzibar à l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 30 juillet 2017.

Espérons que ces ouvertures économiques et le focus culturel ne se renferment pas aussitôt les évènements achevés et que dans dix ans, l’Afrique tienne sa promesse d’être le lieu de la matérialisation de tout ce qui est perçu aujourd’hui comme novateur.

Escalators - drapeaux pays africains - ©No Fake In My News

Vilédé GNANVO

Sources:

[1] En afrique, Orange ne fait pas que des télécoms ; Delphine Cunny et Pierre Manière ; : Tribune du 28/04/2017 ; p19
[2] Interview de Jean Pigozzi ; Valerie Duponchelle ; Le figaro du 28/04/2017 P34
[3] Le « Recycl’Art » consiste à produire des œuvres neuves avec des objets anciens, récupérés.

Urban Art Fair : 4 petits jours et puis s’en va?

Urban Art Fair : 4 petits jours et puis s’en va?

 

L’Urban Art Fair, ( la première foire internationale dédiée à l’art urbain ) était certainement attendue de pied ferme par les amateurs d’art compte tenu du succès de la première édition en 2016 qui a attiré près de 20 000 visiteurs [1].

Pour sa deuxième édition parisienne au Carreau du temple, elle a accueilli une trentaine d’exposants représentants un peu plus de 200 artistes, avec pour nouveauté cette année un spécial hors les murs – Cannot Be Bo(a)rdered – dédié au skate art. L’aspect cosmopolite est à nouveau présent avec plusieurs galeries internationales.

Tout au long de ces 4 journées, simples amateurs ou passionnés d’art ont eu l’occasion de rentrer dans des univers différents : expositions, rencontre avec des artistes ou galeristes, projections de films sans oublier des performances et bien sûr la vente de tableaux. Chacun cherche quelque chose de particulier dans la pluralité qui caractérise cet art.

Dès mon arrivée, j’aperçois sur les murs à l’extérieur juste en face du lieu de la manifestation, les œuvres « rosées » de l’artiste Ardiff et du collectif Le Mouvement.

Flamand rose de l'artiste Ardif - Urban Art Fair 2017 - ©No Fake In My News

 

Il fait beau, il n’y a pas encore de longue file d’attente, je sens que je vais passer un bon moment…

Me voici donc au Carreau du Temple ce jeudi 20 avril 2017 arpentant pour la première fois les allées de cette édition. Y sont présentes de nombreuses galeries renommées, spécialisées dans l’art contemporain urbain. C’est le cas de la galerie du jour agnes b. pionnière dans le repérage de nouveaux talents [2]. Mais on remarque aussi d’autres galeries qui se sont positionnées plus récemment sur ce secteur, comme Art in The Game ou encore Artistik rezo du collectionneur et passionné d’art Nicolas Laugero Lasserre qui a ouvert en octobre 2016 le premier musée du street art en France dans les murs de l’école 42.

L’art urbain ici exposé permet de découvrir tout un panel d’artistes différents. Pas étonnant que l’événement se déroule dans ce lieu culturel, ancien marché couvert entièrement restauré, aujourd’hui dédié aux modes de vies et usages urbains. D’ailleurs, si le terme « art urbain » a supplanté son homonyme « street art » plus péjorativement connoté « mouvement de protestation », c’est qu’il agrège de nos jours beaucoup d’artistes longtemps réticents à entrer dans des cercles plus académiques comme les musées, galeries ou les maisons de vente.

Mais c’est aussi le fait du professionnalisme qui a touché le secteur. Nul doute que la notoriété de l’art urbain atteint chaque année un niveau que de nombreux autres domaines lui envieraient. Désormais son but c’est de voir comment être un levier de développement économique palpable. Et pour y parvenir, tous les acteurs du secteur se donnent les moyens pour qu’il ait la visibilité nécessaire.

Pour les artistes, les réseaux sociaux deviennent des outils efficaces pour assurer leur « personnal branding » et ça marche. Certains voient leur cote exploser. Les salles de vente de réalisent des records en enchères. La branche dédiée à l’art urbain de la maison Artcurial affiche de très bons résultats comme le montrent les chiffres de l’infographie ci-dessous.

 

Chiffres Artcurial

 

La prochaine vente Urban Art d’Artcurial qui aura lieu dans demain à Paris proposera dans ses lots, des toiles de l’artiste JonOne avec des estimations pouvant dépasser les 10 000 euros [3].

Cette foire vue d’un côté plus mercantile peut donc être un très bon indicateur des valeurs ou nouveaux talents à suivre. Elle contribue sans doute à conforter Paris comme un lieu de référence incontournable du marché du street-art dont les marges de progression économiques sont non négligeables. De la même manière, cela renforce certaines galeries d’art urbain du 13 ème qui ne ménagent pas leur effort pour concrétiser dans cet arrondissement ( avec l’aide du maire ) le projet du musée à ciel ouvert, véritable argument touristique. Au delà du gain financier, c’est aussi révélateur de la volonté de démocratiser cet art encore tout jeune.

De nombreux artistes qui ornent les immenses murs du 13 ème ou du Val de Marne étaient représentés par les galeries d’art au Carreau du Temple. ( l’incontournable C215 ; Shepard Farey, Seth Globepainter, Janas & Js pour ne citer qu’eux ). J’en connaissais déjà certains mais je découvre aussi des noms et des œuvres totalement éloignés de ma sphère habituelle. Plein de choses me plaisent bien évidemment et j’ai tout le plaisir de me renseigner sur les techniques des artistes dont je me contente souvent de n’admirer que le résultat final. Ci dessous, trois œuvres (des artistes Jana & JsRIMECranio) parmi tant d’autres qui sont restées dans mon esprit une fois les 3 heures passés à l’intérieur.

 

 

L’événement se déroule également autour de différents concepts. Du côté du sous-sol sont présentées d’autres expositions dont une installation du collectif Le mouvement. Chacun peut avoir sa seconde de gloire en apposant un mot sur le mur collaboratif. Le contrat de participation prôné par ce collectif dont le concept fondateur est la rencontre improbable de personnalités issues d’univers différents est rempli.

Tableau collaboratif de Le Mouvement - Urban Art Fair 2017 - ©No Fake In My News

 

La première journée s’achève. Il y a déjà un peu plus de monde. Je sors de là ravie des heures passées.

Le lendemain vendredi 21 avril, place à [Cannot be bo(a)rdered], une exposition hors les murs présentée pour l’urban art fair à l’Espace Commines, à quelques rues du Carreau du temple. Elle est visible jusqu’au 7 mai 2017.

Organisateurs - Urban Art Fair 2017 - ©No Fake In My News

Cette année, l’Asie ( Singapour, Indonésie, Malaysie ) par le partenariat noué entre l’Urban Art Fair avec le Arts house Ltd est à l’honneur via un focus sur le skate art. Le skateboard ne se limite plus à la pratique sportive de rampes dans les parcs dédiés. Il investit l’art urbain qui s’en approprie laissant ainsi place à une imagination créative de la part de jeunes qui s’inspirent de leur quotidien. Cette nouvelle forme artistique de narration s’inscrit dans la volonté « d’inviter les visiteurs à dépasser les frontières établies pour comprendre l’univers de cette culture » importante pour la jeunesse contemporaine. Ici, ce sont une trentaines d’artistes qui sont venus illustrer la transmission de la culture urbaine de ce endroit du globe par le biais de cet art.

Ci-dessous, 3 installations ( des artistes Popok Tri Wahyudi , Asfi K, Azrin Mohammad ) parmi celles qui m’ont le plus marquées

La foire a continué jusqu’au dimanche 22 avril. Je regrette de n’avoir pu y aller les 2 derniers jours , surtout pour les performances live et les projection de films dédiés. Je suis ravie de voir à l’affiche le documentaire Sky is the limit de Jérome Thomas tout fraîchement auréolé du Prix du public au Festival Spray! Organisé par La manufacture111 et auquel j’avais assisté le 8 avril dernier.

L’art urbain étant par essence sans cesse renouvelé, il n’y a pas le temps d’avoir des regrets. Rendez-vous l’an prochain.

Vilédé GNANVO

Autres sources

[2] « Puisque l’art urbain a la cote »: Beaux arts magazine du 01/04/2017 . p144. [3] « L’art urbain prend du galon ». Bernard Geniès; Challenges du 20/04/2017. p 76

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