V.G. - No Fake In My News - Page 6

Ça s’est passé près de chez moi : 1/3

Ça s’est passé près de chez moi : 1/3

 

Les festivals de street art n’en finissent pas d’égayer nos fins de semaines. Qu’ils soient petits ou plus confidentiels, l’engouement qu’ils suscitent auprès du grand public ne se dément pas. Retour sur trois événements qui ont rythmé l’été et la rentrée culturelle de bon nombre d’ente nous dans les Hauts de Seine.

 

  1. Rosa Bonheur à l’Ouest à Asnières-sur-Seine
  2. Graffic Art à Puteaux
  3. Urban Week à la Défense-Courbevoie

Street art à Asnières-sur-Seine.

Pour la première de cette trilogie, j’ai choisi l’été du street art qui s’est invité à Rosa Bonheur à l’Ouest. Cet événement se déroule au Port Bas d’Asnières-sur-Seine ( 20 quai du docteur Dervaux ) depuis le 14 juin 2017. Il s’inscrit dans la dynamique d’expansion de Rosa Bonheur avec cette nouvelle guinguette installée à un endroit idéal pour toucher les habitants des trois villes que sont Asnières sur Seine, Levallois Perret et Clichy La Garenne.

Sous la direction artistique de l’artiste Pimax , de nombreux artistes sont venus réaliser des œuvres sur un mur de  » 300 mètres de long pour au total une surface de 1000m² repeinte pour l’occasion« . [1]

J’ai vous ai sélectionné quelques-unes des créations faites depuis la mi-juin jusqu’à aujourd’hui.

 

Réalisation de PIMAX et CRANIO

Réalisation de PIMAX et CRANIO - Rosa Bonheur Ouest 2017- ©No Fake In My News

 

Réalisation de SEE 

Réalisation de SEE - Rosa Bonheur Ouest 2017- ©No Fake In My News

 

Réalisation de RETRO 

Réalisation de RETRO - Rosa Bonheur Ouest 2017- ©No Fake In My News

 

Réalisation de DOUDOUSTYLE et KEVIN JOAKIM

Réalisation de DOUDOUSTYLE et KEVIN JOAKIM - Rosa Bonheur Ouest 2017- ©No Fake In My News

 

Réalisation de ALEX FACE

Réalisation de Alex Face

 

Réalisation de INTOXART

Réalisation de INTOXART - Rosa Bonheur Ouest 2017- ©No Fake In My News

 

Réalisation de PIMAX 

Réalisation de PIMAX - Rosa Bonheur Ouest 2017- ©No Fake In My News

Mais Rosa Bonheur à l’Ouest c’est aussi un ensemble de petites activités dans le bon esprit du farniente.

En fin de compte c’est un espace d’échanges dans le but de de faire vivre les quais et d’attirer les familles ou les salariés des entreprises.

Réalisation de PIMAX - Rosa Bonheur Ouest 2017- ©No Fake In My News

Un bien être à portée de main dans cette ville qui verra cet esprit confirmé par la création de pontons et l’amarrage d’une nouvelle péniche courant 2018. Du moins je l’espère…

Vilédé GNANVO

Un week end au top !

Un week end au top !

 

Le Top To Bottom festival en est à sa quatrième édition cette année. Initié en 2015 par deux artistes Tina Tictone et Taroe , cet événement gratuit de street culture s’est déroulé les 16 et 17 septembres 2017 dans un endroit branché du 18 ème  arrondissement de Paris : la Halle Pajol , sur l’esplanade Nathalie Sarraute.
 
 
L’atmosphère y était très festive et ce, malgré une météo quelque peu capricieuse qui rendait bien hommage au bistrot gourmand Les Petites Gouttes  situé juste à coté.
 
L’endroit est agrégateur de divers projets socioculturels ( bibliothèque, salle de spectacle, gymnase, Fablab etc..) . Tout esprit de partage et de zen attitude était bienvenu dans ce lieu populaire qui accueille sur sa toiture la deuxième plus grande centrale solaire photovoltaïque urbaine en France, et qui marque de fait sa forte  implication dans une démarche  éco-responsable. 
 
Au menu du week-end on pouvait noter :
  • La présence de DJ pour  mettre l’ambiance nécessaire, ainsi que des des concerts.
  • La possibilité de faire du shopping, un salon de tatouages éphémères.
  • 300 m² de terrasse décorée qui invite à la relaxation autour d’un verre, histoire aussi de profiter de l’effervescence des créations artistiques. 
  • L’énorme avantage d’assister en live à des  à des performances d’une trentaine d’artistes issus de la culture urbaine qui ont œuvré de manière bénévole pour le festival.

Petites et grandes métamorphoses …

Tous les ingrédients étaient réunis pour passer de bons moments. Pour ma part, c’est vers les réalisations de street-art que mon intérêt va se porter, par la présentation de quelques réalisations et les évolutions qu’elles ont connues au cours des 2 journées, avec le résultat final photographié le lundi.

Réalisation de l’artiste NASTY

Réalisation de l’artiste HARIBOW   

Réalisation de l’artiste ZEKYONE 

Réalisation de l’artiste SHONE MIZUNO  

Réalisation de l’artiste PIETER CEIZER   

Réalisation de l’artiste SKILL  

Réalisation de l’artist OUST

Réalisation de l’artiste BERNS  

Lendemain de fête

Lundi en fin de matinée, tout est vide, il pleut, gueule de bois .

Et quand vint le moment du nettoyage, ou sont les hoooommmmmmmmes? 🙂

Vilédé GNANVO

Entre deux averses, Street-Art Park à Cergy

Entre deux averses, Street-Art Park à Cergy

 

Le samedi 8 septembre, c’est du côté de Cergy Pontoise que j’ai mené ma petite escapade urbano-culturelle pour découvrir « la galerie street-art à ciel ouvert » qui y a vu le jour la veille.

L’événement nommé Street-Art Park est organisé conjointement par la Manufacture 111, centre culturel pluridisciplinaire dédié aux créations urbaines et l’agglomération de Cergy Pontoise . Il a lieu dans une ville de la proche banlieue parisienne, dans un lieu atypique (un parking) où l’on trouve également garé Le bus rouge en guise de restaurant food truck.

Si l’emplacement réservé à cette exposition extérieure n’est pas très grand (260 m de palissades), il n’en demeure pas moins qu’il réunit des œuvres de 24 artistes de renom ou émergents, qui pratiquent des techniques différentes, et qui ont contribué à la mise en place de l’événement avec entre autres pour dénominateur commun la thématique : la ville de demain. Chacun y est donc allé de sa propre vision.

Quant à la scénographie générale articulée autour d’une déambulation muséale, elle permet de suivre l’évolution de l’art urbain et les diverses formes par lesquelles il s’exprime à travers les années.

L’objectif affiché de l’agglomération n’est pas que culturel. Il s’inscrit tout autant dans une démarche de transformation urbaine : « Cette transformation urbaine sans précédent, avec la gare totalement restructurée, le Centre commercial Les 3 fontaines modernisé ou l’îlot du Théâtre rénové, proposera les conditions d’une vie urbaine animée, apaisée et partagée » assure le président de l’agglomération, Dominique Lefebvre.

Quand j’arrive, il n’y a presque personne. Normal, l’événement n’en est qu’à ses débuts et la météo du jour est peu propice à des activités à l’extérieur. Il pleut. Peu importe, je suis téméraire. C’est ainsi qu’entre deux averses je me suis laissée aller à la découverte de ces créations réalisées expressément pour l’occasion.

Entre 2 averses, oeuvre de Rafael Federicci refleté

Il n’a pas été facile de renoncer à une représentation exhaustive. J’ai alors sélectionné dix d’entre elles que je vous présente ci-dessous, indépendamment de la logique du parcours muséal, mais avec le souci:

  • de représenter de manière équilibrée les différentes catégories d’expression artistique.
  • de laisser suffisamment de matières pour les personnes qui souhaitent aller voir sur place.

Calligaffiti – Calligraphie réalisée par Cyril SIMON alias 2flui . Les lettres calligraphies et le choix des couleurs représentent la thématique de la ville bouillonnante, ville de demain.

2Flui -Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Graffiti réalisé par Arnaud Kool. Mélange de regards sceptiques sur notre époque. Une pointe d’espoir se dessine via la couleur, la musique et la végétation discrète au centre.

Arnaud Kool -Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Graffiti réalisé par Bebar allias bebarbarie. Clin d’œil de l’artiste à l’Espagne avec l’insertion de l’architecture typique des Horreos de la région des Asturies.

Bebar -Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Collage fait par Joachim Romain. Un hommage est ici rendu par l’artiste au Havre et à l’architecte Auguste Perret.

Joachim Romain - Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Dessin peint d’Arnaud Katset. Il questionne sur la place de l’humain et la temporalité dans la ville de demain dans ce monde soumis à une évolution technologie à grande vitesse.

Arnaud Katset - Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Peinture abstraite et géométrique réalisée par Sébastien Féraut aka Niark1. Déambulation urbaine de personnages aux allures bestiales.

Niark 1 - Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Pochoir réalisé par STeW. Avec le moineau tout vert, il signe la nécessaire orientation de la ville de demain à travers le retour à la nature.

STeW - Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Graffiti – tags et lettrage de PapaMesk. Ce travail montre le mouvement et l’effervescence des grandes métropoles urbaines.

Papa Mesk - Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Graffiti design de Serty31. L’œuvre évoque l’ouverture des cultures sur une ville nouvelle, moderne et futuriste, fragile comme le cristal mais protégée par ses robots renforts autosuffisants car producteurs de ressources énergétiques.

Serty31 - Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Peinture abstraite de Théo Lopez. La ville sans cesse confrontée au dilemme de sa stabilité harmonieuse à conserver et les flux et improvisation qui la bousculent.

Theo Lopez- Street Art Park 2017 - ©No Fake In My News

 

Au-delà de cette sélection, vous découvrirez en allant sur place les réalisations de plusieurs autres artistes.
L’événement, bien qu’ayant lieu à l’extérieur est très bien réalisé avec un travail pédagogique sur les auteurs, les techniques et un étiquetage minutieux replaçant les œuvres dans le contexte. L’amateur qui viendra les contempler ne sera donc pas livré à sa seule interprétation, ni désœuvré face à l’absence de références.

Vilédé GNANVO

Pour en savoir plus sur les actions et futures animations prévues les week-ends prochains autour de cet événement : http://www.manufacture111.com/manufacture-111-paris et http://www.13commeune.fr/actualite/street-art-park-une-galerie-street-art-ciel-ouvert

Lieu et dates : du 7 septembre au 30 novembre 2017 ; Entrée libre
Parking Verger Rue de la Gare 95 000 Cergy

Bang … Bang ! Le street art ne m’a pas achevée.

Bang … Bang ! Le street art ne m’a pas achevée.

L’image des armes est à la fois emblématique et controversée. D’aucuns diront d’elles qu’il s’agit de simples outils au service de ceux qui les manipulent. D’autres y voient des objets destructeurs portant en eux tout le mal. Quoi qu’il en soit, l’arme a depuis longtemps été un « outil d’artiste ».

Bien loin de l’idée que je me faisais quand j’ai pensé à cette thématique, la question de sa présence dans les œuvres de street art n’occupe pas une place prépondérante dans le débat public.

En 2014, en Grande Bretagne, un projet culturel (Le plan Good Graffiti du Conseil de district du West Dorset) a fait l’objet d’une controverse par le simple fait que l’affiche représentait un pistolet. Symboliser la société occidentale via le prisme cinématographique du cow-boy au revolver n’a pas été accepté par tous. [1]

Bien entendu, il peut être légitime de se demander en quoi le pistolet reste simplement une matière qui inspire le créateur d’art et quel est le niveau de violence provoqué par l’impact visuel des œuvres qui représentent les armes.

Sans doute que cela dépend du contexte social. Ce que je constate est que l’usage des armes est omniprésent sur nos écrans télé, sur le net ou dans les jeux vidéo. Alors que ces médias ont été très souvent remis en cause pour incitation à la violence après des événements tragiques, on ne peut pas en dire autant de l’art urbain.

Les créations en street art participent souvent d’une démarche de confrontation, de défi à la société. En Europe, Il semble que cet art soit bien plus orienté vers l’esthétique que vers le pur militantisme. Cela ne veut pas dire qu’il renonce ou n’assume pas un engagement citoyen [2]. Mais la méthode de revendication ou contestation ne passe pas nécessairement par la mise en avant de menaces ou des armes.

Le street art armé que j’ai croisé n’en rajoute pas en termes de violence. Loin de là. Il en atténue l’effet par le recours à de multiples références culturelles ancrées dans l’imaginaire. Les illustrations de pistolet chez certains artistes renvoient vers l’amour des premiers westerns avec des cowboys pour héros, des icônes de pop art ou de la musique, ou encore des personnages cultes de science-fiction. L’arme semble être comme beaucoup d’autres objets, le lien entre l’auteur et ses souvenirs ou idoles. À la multitude des styles de création s’ajoute inévitablement le désir de diffuser des messages, de rendre hommage aux héros de BD, films policiers ou romans noirs.

Bien sûr, l’impact de l’affichage brut d’une arme à feu peut être déstabilisant. Qu’elle soit représentée dans sa réalité ou de manière abstraite, sa perception ne laisse pas indifférent. Et à travers ces images pleines de sens, nous sommes invités à voir la société dans laquelle nous vivons.

 

  • Elles nous conscientisent à travers des détournements humoristiques de l’objet tout en gardant un sens profond lorsque ce dernier joue son vrai rôle d’arme.
  • Elles happent notre conscience en nous interpellant sur ce qui se passe.
  • Elles nous accompagnent dans nos souvenirs quand elles font référence aux mêmes idoles que nous.
  • Elles nous rassurent lorsqu’elles s’affirment en vecteur de messages pacificateurs.
  • Elles nous invitent à mener une réflexion profonde sur notre environnement sans jamais nous forcer la main.
  • En fin de compte, elles ne nous dirigent que rarement vers la violence basique ou gratuite, et si elles nous secouent c’est souvent pour nous protéger.

Mon parti pris d’observatrice.

Ceci dit, on ne peut pas faire totalement abstraction du statut de l’arme dans notre société. C’est un objet qui permet de faire mourir ou de laisser vivre. En tant qu’instance de pouvoir, son rôle est énorme car il est là pour être craint, il dissuade. Si sa représentation imagée est à la portée de tous, sa détention est légalement réservée à quelques-uns, et son usage est socialement approuvé en fonction des contextes dans lesquels on se trouve.

Pour autant, mon propos ne sera pas de m’attarder sur des aspects sociologiques ou de chercher à savoir si le message qu’a voulu envoyer l’auteur en représentant une arme est moralement valide ou pas.

Je m’éloigne donc volontairement de toute considération politique ou éthique pour me recentrer sur ce que j’ai aimé voir lors de mes promenades urbaines ou de découvertes d’expositions consacrées à l’art urbain.

Je prends le risque de me tromper voire de passer à côté de messages importants aux yeux des artistes cités, pour vous livrer mon interprétation personnelle, forcément subjective.

Et pour ce faire, j’ai voulu égoïstement réécrire les histoires des sept œuvres ci-dessous.

Les 7 œuvres de 6 artistes restées dans mon viseur.

« Attirés par la lumière ». Ce pochoir faisait partie des nombreuses œuvres de JEF AEROSOL présentes à l’exposition « STREET GENERATION (S) 40 ans dart urbain » à la Condition Publique à Roubaix.

"Attirés par la lumière" par Jef Aerosol - STREET GENERATION (S) 40 ans d'art urbain 2017 - ©No Fake In My News

JEF AEROSOL est un artiste multicasquettes né en 1957. Il œuvre dans la musique et dans un street art qui se fond de plus en plus dans l’art contemporain. Référence incontournable et spécialiste dans l’art du pochoir, il fait partie de la première génération des artistes urbains des années quatre-vingt. « Mes créations sont, en grande partie, directement issues de cette iconographie pop-rock-folk accumulée dans les années effervescentes de ma jeunesse ! » écrit -il sur son site [3] – [4].

Sa création ici résume selon moi à elle seule toutes les interprétations décrites plus haut. Quand le cowboy (à la Clint Eastwood) tire avec une arme d’où sortent des papillons attirés par la lumière, notre œil suit la trajectoire de la dure réalité sociale dépeinte par les œuvres encadrées au centre (lutte, pauvreté, désarroi social). Les papillons libérés par l’arme se dirigent vers la source d’espoir qu’est la lumière, vers l’optimisme.

« Stoba Feet ». Peinture aérosol, encre sur toile. Œuvre créée par l’artiste BASTO. La photo est prise à l’exposition « L’homme et la machine » à la Galerie JPHT à Paris.

"Stoba Feet " par BASTO - ©No Fake In My News

BASTO est un artiste français largement inspiré par le Pop Art, Andy Warhol, et la saga Star Wars. Né en 1973 à Marseille, il vit et travaille aujourd’hui entre Genève et Paris. Il utilise l’aérosol, son outil de prédilection auquel il associe également la digigraphie, l’acrylique, les feutres peinture et les pochoirs. [5] – [6]

Ici, outre l’emprunt à Star Wars, ce qui est frappant est la manière dont cette image se juxtapose avec notre réalité sociale militarisée depuis les événements survenus ces dernières années. Je crois voir un des hommes du dispositif « Sentinelle » qui sillonnent la Défense et son esplanade à longueur de journée et cette image me rassure : elle m’évoque la protection. Bien entendu, celui qui le veut peut aussi y voir « la déshumanisation des soldats via leur représentation en hommes robots ».

« David Bowie » de l’artiste Yarps. La photo a été prise le long du canal de l’Ourcq à Aubervilliers en Seine Saint Denis. L’œuvre a été réalisée dans le cadre du Festiwall, évènement autour du street art.

"David Bowie" par YARPS - ©No Fake In My News

C’est un hommage à David Bowie icône absolue de la chanson pop. En l’armant d’un pistolet, l’auteur fait un clin d’œil à deux univers qui lui sont chers : la musique et le cinéma cow-boy. L’homme caché de la maison bleue semble attentif au moindre danger, mais son regard reste serein. Il est déjà loin…

« P38 ». Cette sculpture murale représentant un pistolet sur plexiglas fait partie d’une série de réalisations faites sur des supports technologiques (cartes mères, disques durs…). C’est une fois de plus une création de l’artiste Yarps . La photo a été prise à l’exposition « L’homme et la machine » à la Galerie JPHT.

"P38" par YARPS - ©No Fake In My News

Le pistolet en tant qu’œuvre d’art est montré tel un bijou dans son écrin. Bienvenue dans l’air de Bill Gates où l’homme et la machine fusionnent de plus en plus leurs destins. Le modèle intemporel de l’arme et le futur technologique se mélangent. Les touches de clavier de l’ordinateur quant à eux font écho à notre quotidien.

YARPS (aussi appelé par le palindrome de Spray Yarps) est un pochoiriste portraitiste, discret, libre, détaché du star-system et féru de musique. Né à Paris dans les années soixante, il a commencé dès 1985 dans les squats et le milieu underground parisien. Les armes constituent un de ses outils d’expression artistique. Il y associe régulièrement un humour décalé, un ton peu politiquement correct et de nombreux jeux de mots. Outre la présence de vinyles dans ses œuvres, on retrouve des personnages cultes de cinéma qui tiennent en joue le spectateur avec de gros calibres. Il explore volontiers des univers et matières différentes, pourvu que s’exprime son art. À la question posée sur rue-stick.com « Quelle est la citation, ou la formule, qui synthétiserait le mieux ton travail ? Il répond Motha’Fuckin’SprayCan’Art ou « Guns & Stencils » » [7] – [8] – [9]

« What are you looking at ? » Œuvre de l’artiste mondialement connu BANKSY. Cette photo a été prise en octobre 2016 lors de l’ouverture du musée du street art Art42 à Paris.

"what are you looking at" ar BANKSY - ART 42 2016 - ©No Fake In My News

BANKSY serait né vers 1970 à Bristol (UK). Il est jusque-là resté anonyme conformément à l’esprit du Graffiti ce qui suscite d’autant l’engouement public qu’il éveille. Résolument antimilitariste, anticapitaliste ou antisystème, il se sert de son art comme moyen de communication pour dénoncer les travers de notre société. Détesté par les autorités, on l’a surnommé terroriste de l’art (art terrorist) en Grande-Bretagne pour sa capacité à se faufiler et intervenir en douce dans les musées et centres d’attractions publics, tout en gardant l’anonymat. [10] – [11]

Mélange d’ironie, de dénonciation et de premier degré, cette caméra de surveillance-revolver vient nous signifier que nous sommes tous dans l’œil du cyclone de la sécurité. Je vous surveille de partout, mais n’essayez pas d’en savoir plus sous peine de sanctions graves. Le message est clair et sans ambiguïté : who watches the watchmen ? L’arme est pointée vers la vraie menace qu’est la vidéo surveillance qui entrave bien plus notre liberté. Le prix à payer pour vivre en sécurité ? Vaste sujet.

« Don’t talk to me » (graffiti représentant la femme armée) a été réalisé par Cloé Coiffard mais l’ensemble du graffiti est le fait d’un groupe d’artistes graffeurs ( dont Vusuel et Dink … ) sur un mur du nouvel espace éphémère dédié à la culture urbaine, l’Aerosol . La photo de l’oeuvre achevée vient de la page Instagram de DINK.

"Don't talk to me" par Cloé Coiffard - ©No Fake In My News

Vusuel : Painter Qaligrapher a fait ses débuts dans le graffiti en 1988. Sous un autre pseudo il a trouvé ses marques et travaillé de nombreux styles, du simple lettrage au lettrage plus compliqué. Il fait évoluer son style vers de nouvelles dimensions dont la calligraphie. [12]

Dink est un artiste dans le pur style de ceux qui appartiennent au graffiti. Sa spécialité est le lettrage vintage. Il a commencé à taguer en 89 avec les CREW CP5 TPK DKC PDG, dans un univers sous forte influence Hip-Hop. [13]

Cloé Coiffard (celle à qui on doit la partie de la femme armée), née en 1994 en Normandie commence son parcours artistique en touchant au dessin, à la peinture et au modelage de l’argile. Après une première année d’étude à l’ECV Bordeaux, elle comprend que les codes de ces études ne lui correspondent pas et explore désormais d’autres moyens de libérer son art… D’où la réalisation ci-dessus, l’une de ses premières en graffiti [14].

Ici, Il y a une injonction à garder ses distances, une invitation à écouter plus qu’à entrer dans une discussion. « N’écoute pas les adultes, la vie est belle » , peut-on lire sur une toile représentant la même image sur sa page Facebook [15]. Notre attention est attirée par ce qu’il se passe autour, le danger qui rode. On ne peut pas passer devant ce mur sans se dire que celle qui est menacée semble être la personne armée, sa détresse est visible dans le regard.

« Hand of God ». Il s’agit d’une œuvre signée de l’artiste ADESIR que j’ai prise en photo en septembre 2016 sur le bord d’une route à Porto Novo au Bénin. Je n’ai malheureusement pas pu recueillir des informations sur sa biographie, mais c’est aussi une manière pour moi de rendre visible une oeuvre béninoise qui illustre la thématique.

"Hand of god" par Adesir - Bénin- ©No Fake In My News

Ici, on est en face d’un hommage rendu à un artiste célèbre (Tupac Shakur), l’une des figures de la Gangsta Rap et de la guerre qui opposa pendant des années les ennemis de la Côte Est et Côte Ouest aux Etats-Unis. Le pendentif en arme est affiché en référence à un environnement dangereux. Il n’est pas l’objet principal de la création mais reste suffisamment important pour définir qui était le personnage.

Bang … Bang, street art didn’t shoot me down…

Dans cette machine de guerre du street art où se mêlent toutes les formes de revendications, je me suis attelée à mettre en avant quelques photos « shootées » au fil de mes découvertes.

Ce ne sera pas trahir les intentions des artistes que de dire qu’il revient à chacun de recevoir les visuels montrant les armes et de les interpréter à sa guise comme outil de contestation, revendication, révolte, contre révolution, dénonciation, protection ou simplement un objet d’art… Une œuvre artistique.

Manterruption : cette manie d’enlever les mots de la bouche !

Manterruption : cette manie d’enlever les mots de la bouche !

 

Interrompre une femme qui prend la parole, se réapproprier ses propos ou même aller jusqu’à essayer de lui expliquer ce qu’elle pense… Des voix s’élèvent contre une pratique présente depuis longtemps, insidieuse et beaucoup trop minorée.

Les raisons de la colère.

Ces phénomènes se nomment Manterruption ( Hommeterruption ) ou Mansplaining ( Mecsplication ). Ils ont explosé médiatiquement une fois encore outre-manche .

Le plus répandu des termes, « Manterruption » est un néologisme anglais, mélange de Man et Interruption. Apparu ces dernières années mais surtout révélé pendant les élections présidentielles qui ont porté Trump au pouvoir, il désigne la manie qu’ont certains hommes de couper la parole aux femmes en toutes circonstances. Déjà en 2015, Judith Williams conseillère en diversité et ancienne responsable de la formation chez Google a commencé à alerter sur ce phénomène quand elle a interpellé le président exécutif Eric Schmidt sur sa tendance à interrompre à plusieurs reprises une femme avec qui il était censé échanger lors d’une table ronde sur la diversité dans l’industrie tech. Comportement à peine étonnant quand on sait que dans les sociétés Techno, les hommes interrompent deux fois plus la parole que ne le font les femmes.

Pour Judith Williams, si certaines voix ont plus d’échos que d’autres en entreprise, cela réduit d’autant les chances de faire émerger des idées potentiellement novatrices, car ce sont toujours les mêmes catégories qui se font entendre. Une étude de l’Université Brigham Young et de Princeton a révélé que, lors des réunions de conseil d’administration, les hommes dominent à 75 % l’ensemble de la conversation, ce qui fait qu’in fine, c’est à eux que reviennent principalement les prises de décision.

Mais loin d’être confinée à la seule sphère professionnelle, cette tendance touche tous les domaines. Elle pénalise la femme sur le déroulement de sa carrière mais aussi largement sur un plan personnel à savoir la confiance en soi.

Tant et si bien que le Macquarie Dictionary s’interrogeait le 7 juillet dernier sur l’opportunité d’intégrer ou non ce nouveau mot dans le dictionnaire tant il prend de l’importance.

« La soif de dominer s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme »

Combattre le « mâle » à la racine via une appli.

Le compte Instagram de Woman Interrupted App

Cette attitude machiste dans le monde du travail est bel et bien réelle même si elle n’est pas forcément clairement identifiée. Est-ce une volonté d’asseoir définitivement une domination mâle ou juste une mauvaise habitude prise ? Qu’est ce qui fait qu’au travail, une femme ne puisse pas faire une phrase sans être interrompue par un homme ?

C’est un peu pour répondre à ces questions mais surtout pour contrer cette habitude que l’application Woman Interrupted a vu récemment le jour. Lancée par l’agence de publicité BETC Sao Paulo le 7 mars dernier, la veille de la Journée internationale de la femme, la promesse de l’appli c’est qu’il sera possible de recueillir en temps réel le nombre de fois où la voix d’un homme coupe la parole à une femme.

  • Moyen ?

« Pour mener à bien la campagne, l’agence a fait appel à une soixantaine d’artistes venus du monde entier (Inde, Pakistan, France, Italie, UK, USA…) à l’instar de l’artiste Monica Presti ou de l’illustrateur Jorge Tabajara afin qu’ils réalisent des affiches en vue de mettre les projecteurs sur la “Manterruption”. À travers des styles différents de visuels, les créateurs ont fait don de leurs œuvres en illustrant des situations où les femmes se font confisquer la parole. Les affiches dénoncent ce qui les réduit de fait au silence (main sur la bouche, bouches cousues, croix…) avec pour finalité la défense d’une cause commune à différentes femmes. Chaque pays matérialise sa vision du phénomène. Une vidéo existe aussi pour accompagner le lancement de l’appli.

  • Pour qui ?

« Bien qu’elle puisse être utilisée n’importe quand, BETC a créé Woman Interrupted en se concentrant sur la place des femmes sur leur lieu de travail » [1]. Sans doute parce que les évolutions ont plus d’échos dans la société quand elles passent par les sujets sur l’égalité des sexes dans le milieu professionnel. Et c’est un bon début. L’application a pour cœur de cible bien évidemment les femmes à qui on coupe la parole, mais aussi les hommes pour qu’ils prennent conscience du nombre de fois où ils interrompent une conversation.

  • Comment ça marche ?

Chaque utilisateur enregistre sa voix afin que le système puisse la mémoriser et la reconnaître. Puis les conversations sont analysées en arrière-plan de l’appareil via le micro. Pour autant, face aux inquiétudes qui peuvent s’exprimer, l’agence l’assure :  » Aucune conversation n’est enregistrée ou stockée ; tout passe par une automatisation dans l’analyse des données vocales traitées« .

  • Limites ?

Certains y voient le genre de d’initiatives qui peuvent paraître radicales et extrémistes et qui font que de nombreuses femmes refusent de se rallier à la cause féministe. Justement parce qu’elles sont perçues comme futiles car une fois de plus, l’objectif est de promouvoir des « droits égaux » par le biais de « voix égales ».

« Peu importent nos divergences, être femme doit nous rassembler. »

La méthode douce, toujours…

Ilustration de @studiopamelitas

De manière plus pragmatique, il s’agit pour les employeurs de se saisir de cette problématique, d’admettre sa réalité afin d’aider à la corriger.

La dirigeante de la société Nextions, Arin Reeves qui intervient sur les problématiques de l’intégration en entreprise exhorte ses clients repenser la façon dont les réunions sont menées. Une de ses suggestions est: plutôt que de lancer une question et d’attendre que quelqu’un s’exprime, la personne qui dirige la réunion pourrait faire le tour de la table et passer un objet à celui qui prend la parole. Tant que ce dernier a l’objet, il garde aussi la parole que personne n’est autorisé à couper. Cette règle quoique gênante au début, pourrait rapidement inscrire une nouvelle norme et favoriser l’équilibre des interventions de chacun. Le meneur des débat est ainsi garant d’un temps d’intervention égal et équitable pour tous.

Une autre méthode pourrait consister à épingler sur un tableau blanc ou sur la table de conférence une note bien visible qui invite tous les participants à éviter toute forme d’interruptions.

Dans la même logique, Judith Williams a recommandé des méthodes semblables, par exemple en prenant des mesures et en proposant une charte «zéro interruption» au début de chaque réunion.

On le voit bien, beaucoup de choses sont à faire dans le domaine. Et si pour certain il n’y a pas d’urgence en la matière, il faut quand même impulser une dynamique car le changement surviendra lorsque beaucoup de femmes auront su gagner le leadership dans des initiatives d’impact mondial.

La liberté d’expression c’est bien. Celle de l’expression jusqu’au bout est encore mieux.

Vilédé GNANVO

#LFFTF : quand la tech rencontre la mode…

#LFFTF : quand la tech rencontre la mode…

 

Du 29 juin au 2 juillet à la Gaîté Lyrique se tenait la deuxième édition du Look Foward Fashion Tech Festival dédié à l’univers technologique et innovant des « wearables » [1]. Donner un aperçu du virage pris par la Fashion Tech, c’était l’enjeu de ce festival riche par ce qui constituait l’exposition mais aussi par les conférences qui sont venues ponctuer son déroulement. Beaucoup de tech, pas mal d’évocations de l’expérience client dans les prises de parole diverses, un peu de mode… : c’est ce à quoi j’ai assisté entre émerveillement et questionnement pendant le week-end.

Mode et technologies.

Parmi les intervenants, nombreux s’accordent sur le fait que l’horizon pour les créateurs ou marques est de plus en plus vaste en termes d’innovation. La digitalisation qui touche tous les secteurs n’a pas raté cette industrie. Plusieurs technologies conserveront un impact fort pour les années à venir : les impressions 3D, la RFID, la reconnaissance faciale, la réalité virtuelle ou augmentée, l’intelligence artificielle.

Du côté des consommateurs, de nouveaux usages se font sentir. Les tendances et les attentes sont à l’hyperpersonnalisation de l’offre. Les marques cherchent à devancer la potentielle demande du client. Selon l’experte Sissi Johnson « Pour le business du wearable et en général, l’IA et l’humanisation de la technologie seront les clés de demain. On ne peut mesurer ni l’émotion ni les sentiments mais tout engagement commence par la conversation ». Le contact humain reste donc une vraie valeur ajoutée et le plus gros challenge réside dans le lien. Ainsi, les retailers imaginent des structures capables de recueillir les informations nécessaires pour fluidifier la passerelle entre l’objet et le consommateur afin de créer du vrai sur mesure.

Au-delà de la distribution, toutes ces technologies arrivent dans le monde de la mode pour révolutionner les matières, les fibres. Même si elles interviennent déjà dans d’autres périmètres de l’industrie, elles restent un champ d’exploitation inestimable pour les vêtements tout en interrogeant un large spectre de sujets qui font débat.

À travers l’exposition qui était présentée, j’ai pu noter que le festival se voulait le reflet des préoccupations de la société dont cette industrie s’est appropriée : l’environnement, la gestion données, l’appropriation du corps et de l’espace, la place de l’individu dans un monde qui se virtualise sans limite et à grande vitesse, la dématérialisation. Quelques-unes des créations ont particulièrement retenu mon attention.

Voici donc quelques exemples de projets.

Veste anti-surveillance créee par le collectif KOVR - ©No Fake In My News

1- Le manteau Anti-Surveillance..
Crée par les artistes Marcha Schagen et Léon Baauw qui composent à eux deux le collectif KOVR , l’objectif est d’alerter sur les difficultés à contrôler nos propres données personnelles. Le manteau se positionne en rempart de nos données. Il est composé de « tissus métallifères qui font bouclier contre les ondes et les radiations et rendent indétectables les puces des objets que nous portons sur nous ».

Nous inciter à nous approprier nos propres informations et les protéger en prenant contrôle, c’est aussi la démarche visée dans la création de l’écharpe ISHU développée par Saif Siddiqui ISHU pour permettre d’échapper aux Paparazzis ( innovation non représentée ici, mais évoquée lors des débats).

 

 

2- La robe de Galina Mihaleva.
Avec cette robe connectée, l’artiste Galina Mihaleva via son projet Tranquillitie veut sensibiliser sur la pollution et ce qui nous entoure. Les capteurs et LEDs permettent au porteur de visualiser l’état de pollution sonore d’une ville grâce à la connexion au casque de VR (réalité virtuelle). On retrouve ici à travers ce projet, la mise en avant d’une des problématiques majeurs à savoir le respect de l’environnement et les adaptations nécessaires pour changer la donne.

De manière plus globale, d’autres marques ont travaillé sur des vêtements intelligents qui réagissent en fonction de la qualité de l’air ou de l’environnement. C’est le cas par exemple des masques à filtres de la marque Respro pour les pratiquants de deux roues.

 

 

La robe de Galina Mihaleva - Projet tranquillitie - ©No Fake In My News
KG project par l'artiste Kailu Guan - ©No Fake In My News

 

3- Le KG Project.
L’artiste Kailu Guan met en avant la relation possible entre l’expression de la mode et celle de la réalité augmentée. Il utilise la technique de la sérigraphie. Grâce au smartphone et à l’expérience interactive proposée, les motifs du vêtement se prolongent au-delà des contours du corps pour devenir des surfaces interfaces.

La dématérialisation s’invite au cœur du débat. Dans un monde où tout se digitalise, inventer un mode de communication et un langage adapté devient un enjeu majeur, laissant libre court à l’imagination de chacun.

 

 

4- Le manteau Sacré Cœur.
Ici, la création est de l’artiste Stijn Ossevoort . Les vêtements augmentés sont la continuation de notre corps. Ce manteau connecté à son porteur recueille les données. Grâce à un capteur électrocardiogramme et un microprocesseur, le cœur artificiel reconnaît et reproduit la fréquence cardiaque de son porteur prolongeant ainsi l’action du corps sur l’objet. Saisir l’émotion rentre en jeu.

Manteau Sacré Coeur par l’artiste Stijn Ossevoort - ©No Fake In My News

 

Bien au-delà de ces 4 exemples, il existe d’autres innovations représentées ici ou ailleurs. Elles oscillent autour du fait que notre peau devient notre nouvelle interface avec des objets connectés à notre quotidien : on peut citer le cas des tatouages intelligents comme le Duo Skin développé récemment par Microsoft. D’autres recherches essaient de réduire toute émotion de l’individu en anticipant les moments de stress, d’angoisse ou de peur.

Malgré tout l’émerveillement suscité par les progrès technologiques et innovation, plusieurs interrogations sont là auxquelles il n’est pas toujours facile de répondre.

Questionnements. 

– Même s’il existe de nombreux projets dans lesquels la technologie se met au service de l’usage ou d’une bonne cause, leur utilité à long terme n’est pas toujours prévisible. Il arrive souvent qu’on se retrouve avec des projets et lancements de produits qui ne voient jamais le jour. Si on prend l’exemple des montres intelligentes ou plus récemment celui de la Google Glass, on constate que malgré la promotion faite autour de ces objets cela n’a pas marché car les marques n’ont pas suivi la technologie. Il est donc nécessaire pour tous les observateurs (notamment le relais médiatique) de prendre un peu de recul et de dissocier ce qui est annoncé à coups de communication juste pour faire du buzz, de ce qui va réellement révolutionner les pratiques et connaîtra un bel avenir.

– Qui aura la maîtrise des données (qui constituent un vivier d’informations sur le consommateur) produites par tous ces connectés ? Pour le moment, il est à noter que ce sont surtout des collectifs indépendants qui lancent la majorité des projets. Mais Les GAFAM [2] sont de plus en plus présents sur ces créneaux et sont des sources de financement non négligeables. D’où le questionnement sur l’usage qui pourra se faire de la collecte des informations qu’une petite partie des acteurs économiques détiendra.

– À un moment donné, les questions éthiques risquent de faire leur apparition. Selon Gaël Clouzard du magazine INfluencia , on est arrivé à un point où la société pousse des créateurs à imaginer des vêtements qui nous protègent contre la fuite de nos données, ou la protection de notre image. Ce sont là des indicateurs intéressants des failles et des dérives que les évolutions technologiques engendrent. Pour voir la même problématique sous un regard moins alarmiste d’autres arguent que réfléchir sur ses techniques servent aussi à nous sensibiliser sur ce qui est important avant qu’il ne soit trop tard. (Matthieu Vetter, CEO de SILEX ID).

-Comme on le sait, à la base, on utilise la technologie pour répondre à des problématiques. Mais quand on attend de la machine qu’elle répare la faille humaine, les effets pervers du transhumanisme et donc de l’eugénisme ne sont jamais bien loin. Le commencement de la machine dans la fin de l’homme ?

Ce que je pense.

Cette industrie est en pleine évolution. À titre d’exemple par l’ANDAM a créé cette année le prix de l’innovation pour favoriser l’adaptation de la création et des marques aux évolutions technologiques.
Bien évidemment pour la fashionista que je suis, j’ai vécu les deux jours passés à ce festival avec autant d’inquiétudes que d’enthousiasme.

D’un côté, je suis consciente que seule une très faible proportion d’entre nous se sentira concernée par des problématiques comme l’écharpe anti paparazzi (n’est pas star qui veut). Et en pleine IOTISATION [3] de la société, le tout sera de savoir quelle part du gâteau les GAFAM, ogres dévorant les secteurs l’industrie, vont s’engloutir. N’y a-t-il pas un risque que l’individu soit relégué un peu plus dans l’anonymat et reste dénué de tout pouvoir de décisions sur lui-même ?

De l’autre, j’y ai vu une course vers quelque chose de plus en plus impalpable mais qui reste exaltant. Il est clair que des vêtements innovants détectant les maux de la planète et de ses chers habitants ne peuvent que provoquer ma satisfaction. Cela m’a donné envie d’être déjà dans 20 ans pour savoir quels prototypes ont vu le jour, quels objets se sont pérennisés et surtout quelles innovations ont fait avancer les causes importantes dans leurs usages de tous les jours.

Ceci étant dit, à titre personnel, si je pouvais disposer d’une combinaison que je revêtirai tous les jours pendant 5 minutes et qui me garantira pour les 50 prochaines années l’état physique et mental dans lequel je suis aujourd’hui, je ne le bouderai pas. Je pourrai ainsi mourir tranquillement après 90 ans avec la certitude d’avoir bien vieilli…

Avis aux investisseurs et autres créateurs !

Vilédé GNANVO

Sources

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Technologie_portable
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/GAFAM
[3] Origine : Francisation de IoT (prononcer « AÏ – O- TI ) C’est l’ abréviation anglaise de Internet of Thing qui veut dire Internet des Objets
L’élégance antipollution. Par Arnaud Pagès
L’ANDAM prend le virage de la « fashion tech ». Par Caroline Rousseau. Le Monde du 4 juillet 2017 P19
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