Focus street-art

Céz Art : fenêtre ouverte sur des animaux pop

Céz Art : fenêtre ouverte sur des animaux pop

C’est lors d’un passage récent à Reims que j’ai eu l’occasion de voir une partie des réalisations de Céz Art, un artiste rémois de 28 ans. Son travail est un mélange de pop art, d’art urbain, et de graphisme. Il décrit ses peintures comme une fenêtre ouverte sur un monde onirique souvent non humanisé où la vie prolifère [1].

Avec ses collages dans les rues, il se sert de matière biodégradable pour réaliser des créations figuratives, colorées et  principalement axées sur le thème de la nature et des animaux.

J’ai pu découvrir les œuvres qu’il a produites au parking Buirette à Reims, en collaboration un autre artiste du nom de Jean Luc Breda , dans le cadre du projet Color Fusion. Pour cela, ils ont eu l’appui de Champagne Parc Auto qui leur a laissé carte libre pour leurs réalisations.

À l’entrée du parking, une fresque murale nous accueille. Elle est le résultat de l’univers des deux artistes, avec le style figuratif de l’un et l’univers plus abstrait de l’autre.

Les œuvres ont été reproduites et ensuite collées. En tout, elles sont 22 à être disséminées un peu partout, et sur chaque palier des cinq niveaux du parking. Elles sont disposées dans des endroits stratégiques de sorte à être visibles par le plus grand nombre d’usagers ( sas d’ascenseur, entrées, sorties…) . Avec leurs couleurs vives, elles ont pour but de réduire le côté anxiogène que peuvent provoquer les parkings, généralement froids et bétonnés. Les automobilistes peuvent ainsi échapper à la sinistrose habituelle de ces lieux souterrains.

Parallèlement, au Pavillon CG où Il expose de manière permanente, Céz Art est aussi à l’honneur à l’Office du Tourisme de Reims où il nous propose via « Animal Feather » quelques-unes de ses toiles les plus récentes. À travers les animaux, il axe sur le nécessaire retour à la nature en dénonçant une société tellement modernisée et aseptisée qu’elle en devient dénuée de toute humanisation [2] .

Toiles de Céz Art - ©No Fake In My News
Angry monkey-Panda is the new king -Homeless
Flamingo Acrylique et aérosol sur toile par Céz Art - ©No Fake In My News
Fusion #1 - acrylique et aerosol sur bois - par Céz Art- ©No Fake In My News
Happy monkey – acrylique et spray sur toile 2

Pour ces collages urbains, il utilise des matières biodégradables, avec un mélange de papier, eau et fécule de pommes de terre. Cela est en parfaite adéquation avec un artiste soucieux de mettre à l’honneur les problématiques proches de la nature, source de vie de part sa diversité. Ses créations peuvent aussi se retrouver sur d’autres espaces comme ci dessous, avec la réalisation de la fresque Léo à l’Hôtel Akena.

Projet Color Fusion 6- ©No Fake In My News

Je suis totalement conquise par son univers d’animaux poétiques, colorés, parés d’ailes et de plumes.

 

Vilédé GNANVO

 

Pour en savoir plus:

Exposition permanente 2016-2017
​PAVILLON CG ​7 rue Noël – Reims
Horaire : 9 heures-15 heures / 18 h 30-23 heures sauf mercredi et mardi soir

​Exposition « Animal Feather » à l’Office du Tourisme du Grand Reims  (Parvis de la cathédrale 6 rue Rockefeller)
Du 24 novembre 2017 au 1er janvier 2018  Entrée libre ; Ouvert tous les jours

Sources :

[1]    http://cez-art.wixsite.com/cez-art/c-z-art
[2]    www.facebook.com/events/252996848560989
À Reims, l’art entre au parking

L’expo KEO au Ferry

L’expo KEO au Ferry

 

Depuis le 18 novembre, Le Ferry accueille dans ses locaux l’exposition de plusieurs œuvres de l’artiste KEO, peintre plasticien, spécialiste du post-graffiti. Dans ce lieu de lieu de fabrique culturelle à Palaiseau, l’artiste nous offre une rétrospective et des nouveautés sur son travail qui révèlent la créativité et la diversité de ses modes d’expression.

Biographie de KEO

Personnage représentant KEO

Originaire de la banlieue sud de Paris, il découvre le graffiti à l’âge de 17 ans. Il fait la connaissance et intègre deux « crew » (STK ==> Soul Terrifik Kidz et DST) pour peindre à la bombe, souvent dans l’urgence et de nuit. Son parcours en graffiti s’achève vers le milieu des années quatre-vingt-dix, période où il commence à travailler en agence de communication pour quelques années. [1]

En 2006 il décide de se consacrer pleinement à sa création personnelle. Sa matière première devient la récupération d’objets provenant de l’environnement urbain : plaques de métal, des objets, des plans, des photos. Il a conscience d’emprunter à l’art moderne, contemporain, ainsi qu’à l’art brut. Également né à l’ère des médias de masse, il se nourrit d’images télévisuelles, éditoriales, publicitaires et numériques, de bandes dessinées. [2]

L’exposition commence dans une première salle.

On découvre une série de ses créations sur du matériel de récupération qui proviennent des encombrants de métal, du bois ou divers matériaux. On voit son travail de transformation d’objets usuels en œuvres d’art, loin de l’académisme formaté. Il crée des œuvres abstraites, les supports s’y prêtent parfaitement. Il illustre avec justesse l’environnement dans lequel l’humain vit, et qui est voué à se transformer. On est de fait questionné sur ce qui nous entoure et leur usage.

 

Puis il y a une deuxième salle dans laquelle on suit l’évolution de sa création.

Ici, il revient à la peinture via le portrait, ce qui lui permet de renouer avec son amour du dessin et du graff. Dans toute cette série, les regards apposés sur le métal sont vifs, souvent captivants. Cette galerie de portraits semble nous inviter au dialogue pour mieux cerner la fragilité des choses. Il y interroge de manière métaphorique les étapes que la vie nous réserve avec les mystères inscrits sur les visages. La froideur implacable du métal est atténuée par la finesse des traits des personnages et la précision du travail à l’aérosol. On est beaucoup plus dans l’expressif avec un mélange savoureux d’art contemporain et art brut.

En continuant dans la salle, le visiteur admire des œuvres crées avec des techniques différentes. Il y a des petits et grands formats, des dessins réalisés au stylo à bille sur vieux papiers, des œuvres où s’entremêlent graff, peintre et où l’aérosol est souvent convié. Il a un univers très éclectique. Mais la variété des genres n’occulte en rien la cohésion entre les différents éléments exposés. Bien au contraire, elle nous fournit des billes sur le parcours singulier de l‘artiste, sur son identité.

Ambiance générale

Après le tour des lieux, j’ai une discussion avec l’artiste que j’ai la chance de rencontrer sur place. Elle révèle toute la simplicité de quelqu’un qui semble conserver ce goût pour l’Autre. Je suis frappée par sa pudeur et le souci du partage qui semble être le sien. J’aime les œuvres qu’il expose. Le temps d’une expo, je rencontre une personne dénuée d’artifice, loin de toute volonté d’être hissé au-dessus des autres et qui a pris le temps de revenir sur son parcours.

Une parenthèse d’échanges à laquelle j’ai pris plaisir à participer, sans jamais quitter des yeux les œuvres exposées.

Vilédé GNANVO

Plus d’informations

Sur l’artiste KEO:
Site internet: www.keoner.com
Facebook : https://www.facebook.com/keo.peintre

Sur l’exposition :  du 18 novembre au 23 décembre 2017
Le Ferry ; 10 avenue de Stalingrad, Palaiseau
Horaires d’ouverture : Mercredi de 14 heures à 19 heures / Vendredi de 17 heures à 19 heures / Samedi de 14 heures à 19 heures

Du street art sur le Boulevard des Capucines

Du street art sur le Boulevard des Capucines

 

C’est au 25 Boulevard des Capucines, non loin de la place Vendôme mondialement reconnue pour héberger les plus grands joailliers de la planète qu’a débuté le week-end dernier l’événement à but artistique et caritatif Les Capucines du street art.

Autour de ce projet, il y a l’organisateur : La société 1848, acteur de l’immobilier impliqué dans l’art et la mise en place d’événements artistiques. C’est elle qui a procédé au choix des artistes, de la logistique et des partenaires que sont Projets Plus Actions et Boesner .

Et puis AXA IM – Real Assets , le sponsor de l’exposition qui a fait aménager et mis à disposition des artistes un espace de 720 m² dans un immeuble en attente de restauration, afin que ceux-ci y expriment librement leur art. [1]

La société Axa IM – Real Assets, connue pour ses activités d’investissement et gestion d’actifs, accompagne déjà depuis plusieurs années des projets artistiques liés à la promotion de jeunes pianistes, via Les Capucines de l’art. Mais c’est la première fois qu’elle met en avant une exposition de street art pour permettre à des street artistes d’y réaliser des installations. Et en choisissant un tel lieu, il y a comme l’écrit sa Directrice de la Communication Jocelyne Tamssom , la volonté d’offrir « une visibilité exceptionnelle aux artistes, instaurant ainsi une harmonie entre l’immeuble et la ville au service de l’Art ». [2]

Il y a aussi l’implication d’une trentaine d’artistes qui ont laissé libre cours à leur imagination et investi les lieux. Des façades extérieures de l’immeuble aux divers recoins, différentes formes d’art urbain (graffiti, lettrage, installations, aérosol, peinture…) ont trouvé des espaces à recouvrir. Le tout a été réalisé sous la direction artistique de Cannibal Letters, K-litystreet et Wuze qui ont su réunir d’autres artistes reconnus et actifs sur la scène urbaine aujourd’hui. C’est l’occasion pour eux de mettre en lumière dans un tel lieu, un style de création qui a parfois été snobé par le une partie du monde de l’art.

Il y a enfin l’investissement de l’association  Projets Plus Actions .

Un espace lui a aussi été réservé par Axa IM qui lui a permis d’installer une galerie d’art éphémère, composée d’œuvres plus ou moins récentes, réalisées et mises en vente par les artistes impliqués. Le but ici est de concilier art et action caritative. L’association espère par ce biais collecter les fonds issus de la vente afin de procéder au financement d’initiatives comme la construction d’une ferme école au Bénin, le soutien à des cantines scolaires ou encore la plantation de 10 000 arbres à Madagascar. [3]

Je rencontre Véronique, une bénévole de l’association qui est ce samedi-là en charge la gestion de la galerie. Elle est dynamique et très enjouée. Elle me donne envie d’en savoir plus sur cette association, moi qui étais venue là surtout pour voir des œuvres. J’ai l’occasion aussi d’échanger avec Jean Marc Civière, l’un des cofondateurs de Projets Plus Actions. Il me parle un peu de l’origine de l’association et des projets menés à travers le monde, notamment au Bénin , pays qui a inspiré la réalisation de la structure en 2006.

Véronique , bénévole à l'association Projets Plus Actions

Projets Plus Actions (PPA) est une Organisation de Solidarité Internationale créée en 2006 et dont la vocation est d’intervenir en appui technique et financier auprès d’initiatives et d’acteurs locaux. Parmi ses nombreuses réalisations on peut en citer 2 qui ont vu le jour au Bénin en 2016 :

  • Pour la Protection de la forêt de la Lama au Bénin : Fourniture de 4 270 repas pour un centre de recueil d’enfants maltraités
  • Pour la Protection du parc de la Pendjari : Acquisition de 3 hectares de terrain en vue de la conservation des espaces naturels / Création d’une activité de maraîchage / Création d’une activité d’agroforesterie
  • En cours de réalisation et en partenariat avec l’association locale Ecodec, il y a la construction d’une ferme école au Bénin, dans la région de Tanguiéta. [4]

En fin de compte, si dans l’ensemble Les capucines du street art agrègent des œuvres de niveaux différents, on retrouve bien l‘esprit d’un parcours à découvrir, similaire au concept d’autres événements passés ( Rehab2 ; le Lab 14). D’ailleurs, on y recroise aussi plusieurs noms d’artistes qui étaient intervenus sur les murs et avaient présenté leur travail.

Ici, l’espace est plus confiné, plus froid aussi. Néanmoins, il est agréable de voir ce genre d’événement dans ce quartier plutôt réputé pour des manifestations culturelles plus élitistes. Qui plus est, ça fait du bien de constater que l’intérêt porté à l’art urbain est grandissant et que des institutions comme AXA IM – Real Assets y apportent désormais leur contribution en termes de logistique et de mise à disposition d’espaces qui servent le projet des artistes.

Enfin, la portée caritative qui s’est ajoutée au projet ne fait que renforcer ma motivation pour inciter le maximum de gens à aller sur place pour découvrir cet événement. Foncez, il reste 5 jours !

Vilédé GNANVO

Liste des artistes ayant participé au projet

Cannibal Letters ; K-litystreet ; Wuze , Banga, Caligr Oner ; Christophe Violland ; Cosby ; Cost TPK ; Cromz ; Dante ; Dem Dillon ; Djalouz ; Doudou Style ; Furious Five ; Kal Dea ; Hakic ; Kay One ; Mg La Bomba ; Morne ; Oker ; OnePesca ; Piman ; Pimax ; San One ; Sainte-Faust ; Sheik ; Softtwix ; Solak ; Sonac ; Manu Ibrahim ;Tempo NOK

Pour plus d’informations :

« Les Capucines du Street Art » sont ouverts du 17 au 26 novembre 2017.
25 / 29 boulevard des Capucines 75002 PARIS
Entrée libre et gratuite . Horaires d’ouverture : De 18 heures à 22 heures du lundi au vendredi. / De 10 heures à 20 heures le samedi et dimanche.

Expo « Between walls » de SETH : l’antre de deux mondes

Expo « Between walls » de SETH : l’antre de deux mondes

 

Il y a des expos dans lesquelles on se sent tellement bien qu’on a envie d’y rester. On veut se fondre dans les toiles, on souhaiterait être le résultat de la création l’artiste.

À chaque fois que je vois une œuvre de Seth, que ce soit une fresque murale ou une installation en galerie, j’ai cette sensation-là. Je jalouse ses personnages. Mais je sais que loin de l’esthétique qui ressort de sa technique de peinture, leurs histoires ne sont pas forcément enviables. Car derrière ces innocences juvéniles, ce sont souvent des lieux chaotiques qui servent de décor à l’exploration de l’artiste.

SETH

Né à Paris en 1972, l’artiste Julien Malland commence à peindre dans les années quatre-vingt-dix des personnages sur les murs du XXe arrondissement sous le nom de Seth .

À partir de 2003, il parcourt le monde dans l’intention d’échanger avec d’autres artistes urbains. Il veut susciter un dialogue entre les différentes cultures et s’ouvrir à de nouvelles pratiques de création dans l’espace public. C’est l’un des street artistes français les plus voyageurs, il concilie les deux passions, c’est Seth Globe-painter .

Entre technique d’expression moderne et représentation traditionnelle, il transforme des façades ordinaires avec des fresques géantes qui accrochent le regard.

Il reproduit souvent des enfants du monde entier, imaginés dans des espaces hors de toute pesanteur ou très délimités, et dont les visages sont aspirés dans des cercles aux couleurs de l‘arc-en-ciel.

Bambin en short : Fresque par SETH à Paris - ©No Fake In My News

Avec l’exposition « Between walls » qu’il nous présente à la Galerie Itinérance, on est invité dans un monde qu’on se plaît à imaginer. Dès l’entrée de la galerie, on sent qu’on rentrera dans un environnement propice à la réflexion, voire à une réelle introspection.

Enter the vortex par SETH - acrylique et aérosol -Expo « Between walls » 2017 - ©No Fake In My News

À l’intérieur, il y a près d’une trentaine d’œuvres (installations, peintures et sculptures) et on retrouve l’univers de l’artiste : de la poésie, des enfants et aussi des livres comme outils d’accès à la connaissance. On ressent le souci de susciter la créativité des enfants par l’éveil à l’art. L’éducation, la culture et le savoir élèvent les esprits et pourraient leur permettre de sortir des zones socialement vulnérables dans lesquelles ils sont. Ils traverseront symboliquement ainsi les murs pour aller voir de l’autre côté.

L’artiste est socialement engagé et impliqué dans des causes : ça se ressent. Il s’investit partout où la promotion de l’éducation peut provoquer la curiosité et élargir la vision du monde des enfants. Car on le sait, un esprit créatif peut se révéler un contre-pouvoir à la violence. Par l’imagination il peut trouver une sorte d’échappatoire et ouvrir son esprit sur un autre ailleurs. [1]

L’artiste pousse également à la réflexion sur des sujets universels : la solitude, l’enfermement, le désœuvrement de certaines populations nées au mauvais endroit, au mauvais moment. On devine bien à l’attitude et aux postures physiques des enfants que leurs vies ont été soumises à rudes épreuves.

Bien qu’il nous laisse libre de mettre le visage qu’on veut sur ces personnages, le voyage qu’il nous propose ici pourrait tout aussi bien être le nôtre. Une aventure humaine dans laquelle on se reconnaîtrait avec l’espoir qui semble toujours au bout. Chez lui, le plafond de verre n’a pas de raison d’être. Même en zones difficiles, il y a une lueur potentielle.

En plus des 25 toiles préparées exclusivement pour cet événement, il y a une série de sculptures, résultat d’un an de travail pour l’artiste. Elles retranscrivent en volume l’univers qu’il déploie depuis quelques années et nous permettent de plonger dans un imaginaire poétique. [2]

Dans son univers, j’ai pour ma part plongé sans aucune difficulté. J’avais déjà eu la chance de rentrer dans sa tête à au MAC Lyon en septembre 2016 à l‘occasion de l’expo Wall Drawings, Icônes urbaines . Dans l’installation qu’il avait faite, on retrouvait des autoportraits sans portraits via l’affichage de 1000 dessins d’enfants du monde entier. J’y avais vu des témoignages de gens que l’artiste enrichi des rencontres de ses voyages nous transmettait par son art.

Moi dans "IN my head" au MAC Lyon en 2016 - ©No Fake In My News

Ici, à Lyon ou dans toute son œuvre, le choix des enfants fait appel à la part d’innocence qu’il y a en chacun de nous et invite à réfléchir sur quelque chose d’universel que tout le monde peut saisir. Objectif atteint !

Vilédé GNANVO .

Informations pratiques :

Pour en savoir plus sur l’artiste : Seth

L’exposition « BETWEEN WALLS » est en cours jusqu’au 9 décembre 2017 à la Galerie Itinerrance
24bis Boulevard du Général Jean Simon 75013 Paris; 
Ouvert du mardi au samedi de 12 heures à 19 heures

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